Catégorie : À l’écoute des autres

  • La précarité étudiante aggravée par la crise sanitaire

    La précarité étudiante aggravée par la crise sanitaire

    Les vidéos de files d’attente interminables d’étudiants devant les banques alimentaires depuis le début de la crise sanitaire ont marqué les esprits. Difficile, aujourd’hui, d’ignorer l’ampleur de la misère étudiante. « Avant la crise, la précarité était déjà forte. Désormais, elle explose, on le constate au quotidien », dénonce Mélanie Luce, présidente de l’Unef, l’Union nationale des étudiants de France. Et les distributions alimentaires que le syndicat a mises en place ne désemplissent pas. « Au fur et à mesure, de plus en plus d’étudiants y ont recours, et nous n’avons pas assez pour tous ceux qui ont fait la queue », détaille Mélanie Luce.

    43% des étudiants

    sautent des repas pour des raisons financières*.

    L’emploi étudiant, une nécessité financière pour beaucoup de jeunes

    Si la précarité n’a pas attendu les mesures gouvernementales liées à la Covid-19, ces dernières ont accentué la fragilité de nombreux étudiants, et notamment en les privant d’emploi – une béquille financière nécessaire pour près de la moitié d’entre eux, au vu de l’insuffisance des bourses.

    Ainsi, hors période Covid, 46 % des étudiants occupent une activité rémunérée durant l’année universitaire – ce pourcentage grimpe en été1. Une situation peu satisfaisante, quand on sait que travailler en parallèle de ses études est la première cause d’échec à l’université. « Les activités salariées hors cursus ont un impact négatif sur la validation (des diplômes) et favorisent l’abandon des études », confirme l’économiste Kady Marie-Danielle Sorho-Body2.

    « Non seulement les emplois étudiants révèlent les inégalités de parcours existant au sein de l’enseignement supérieur, mais, en outre, ils peuvent les accentuer », analyse également la sociologue Vanessa Pinto dans son ouvrage À l’école du salariat. Les étudiants et leurs « petits boulots »3.

    Mais à défaut d’être la solution idéale, l’emploi étudiant est jugé « nécessaire » par la quasi-totalité de ceux qui l’exercent. Il faut dire qu’aujourd’hui, seul un quart des étudiants bénéficie de bourses sur critères sociaux – à des niveaux souvent trop faibles pour en vivre (de 1 032 euros à 5 679 euros annuels).

    « Ce système d’aide est insuffisant, il oblige les étudiants à s’appuyer sur deux piliers pour financer leurs études : le salariat et la solidarité familiale », dénonce Mélanie Luce. Or, la dégradation du marché du travail touche particulièrement l’emploi informel et les contrats précaires, intérimaires ou autres, auxquels ont recours les étudiants. Ainsi, durant le confinement, plus d’un tiers des étudiants qui exerçaient une activité ont été contraints de l’arrêter, perdant ainsi en moyenne 274 € par mois4. Une baisse considérable pour des budgets ultraserrés.      

    Les étudiants précaires en grand besoin d’aide(s)

    Elise Nuret, vice-présidente en charge de l’Agoraé, une association qui compte une vingtaine d’épiceries solidaires gérées par des étudiants pour des étudiants, avait ainsi vu doubler le nombre de bénéficiaires entre septembre 2019 et septembre 2020. Et avec l’inflation la tendance n’a fait qu’augmenter. La jeune femme, elle-même étudiante, observe un changement de profils parmi les nouveaux venus : désormais, de plus en plus d’étudiants ayant perdu leur emploi n’ont d’autre choix que de se tourner vers la solidarité pour tenter de boucler les fins de mois. « Le problème était déjà présent avant 2020, mais il a été décuplé », souligne Elise Nuret.

    Lire aussi : Comment fonctionnent les AGORAé, ces épiceries étudiantes solidaires ?

    Ces modifications du travail étudiant ont des conséquences à long terme, bien au-delà de la seule période de confinement : parmi les étudiants ayant arrêté de travailler, 37 % n’ont pas repris d’activité rémunérée après le déconfinement4. Et nombreux sont ceux qui n’ont pas trouvé le fameux « job d’été » qui permet de tenir sur l’année universitaire. 

    Les études et la construction de l’avenir mises en péril par la précarité

    Une misère étudiante qui met à mal l’idéal de démocratisation des études supérieures et qui participe de la reproduction des inégalités sociales. L’Unef appelle à un plan d’urgence doté d’un milliard et demi d’euros pour permettre augmenter le montant des bourses et des APL (Aides pour le logement), mais aussi pour élargir massivement le nombre de bénéficiaires de ces bourses – entre autres en les ouvrant aux étudiants étrangers, qui en sont aujourd’hui exclus. Et au-delà, le syndicat propose la création d’une allocation d’autonomie, une aide universelle pour créer un filet de sécurité étudiant.

    « Aujourd’hui tout le monde peut perdre son emploi. Mais en tant qu’étudiant, nous n’avons droit ni au chômage ni au RSA »

    Mélanie Luce, présidente de l’Unef, l’Union nationale des étudiants de France

    Le constat est partagé mais les solutions émises peinent à trouver l’unanimité. Alors, faute de projet politique apportant une solution pérenne, le milieu associatif se mobilise. Les épiceries solidaires Agoraé, les associations Linkee ou Cop’21 organisent des distributions de panier repas, de plats préparés ou de produits d’hygiène. Idem pour les acteurs emblématiques de l’aide alimentaire, le Secours Populaire et les Restos du cœur, qui s’adaptent à leurs nouveaux bénéficiaires en ouvrant des centres dédiés aux étudiants. Des colis alimentaires pour des jeunes privés d’université, d’emplois et de perspective : difficile de trouver image plus marquante d’une jeunesse sacrifiée. « Les initiatives sont nombreuses dans le milieu associatif, mais notre action ne suffit pas. Les distributions de panier de sont pas une solution pérenne. Nous avons besoin de relais institutionnels », appelle Elise Nuret.

    La Macif se mobilise contre la précarité étudiante

    La Macif a décidé de mobiliser son dispositif Macif Solidarité Coups Durs pour permettre aux étudiants d’avoir un espace de soutien et d’écoute active, afin d’évaluer leur niveau de détresse et les orienter, en fonction, vers les aides ou structures de proximité existantes.

    *Linkee 2022
    (1) Observatoire national de la vie étudiante, enquête CDV 2016.
    (2) Sorho-Body Kady Marie-Danielle, « Le travail salarié a-t-il un impact sur la réussite en première année de licence ? », Formation emploi, 142 | 2018, 211-230.
    (3) Paris, PUF, 2014.
    (4) Observatoire national de la vie étudiante, enquête CDV 2020.
  • Enfants : le petit-déjeuner parfait pour la rentrée !

    Enfants : le petit-déjeuner parfait pour la rentrée !

    Le petit-déjeuner est un repas essentiel pour bien commencer la journée et être attentif en classe. Il permet également à votre enfant d’acquérir, dès le plus jeune âge, de bonnes habitudes alimentaires. Voici les clés pour bien démarrer la journée, à table et en famille.


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    Le petit-déjeuner, le plein de vitalité !

    Votre enfant fait la moue devant son petit-déjeuner ? Pourtant ce premier repas de la journée est très important. Il représente 20 à 25 % (1) des apports énergétiques journaliers. Autant dire qu’il ne compte pas pour du beurre ! Il permet de rompre le jeûne de la nuit, de s’hydrater et de faire le plein de calcium et de vitamines ! « Le matin, l’enfant a besoin de calories pour courir pendant la récré, être attentif en classe et éviter l’hypoglycémie », explique le Dr Emmanuelle Rondeleux, pédiatre.


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    Le petit-déjeuner, la fin des petites faims

    Faire l’impasse sur le petit-déj’, c’est aussi risquer la fringale ou le grignotage trop sucré. « Beaucoup d’enfants n’aiment pas la cantine et mangent peu le midi. S’ils doivent attendre le goûter pour manger, ça fait long ! Et les collations vers 10-11 h ne sont pas toujours équilibrées », ajoute la pédiatre.

    Le matin, c’est souvent la course pour aller à l’école et vos enfants ne veulent pas prendre le temps de manger ? « Si on peut, c’est bien de prendre les repas en famille. C’est plus convivial et motivant. On donne l’exemple. On peut aussi préparer le petit-déjeuner la veille et lever les enfants plus tôt. Ça leur laisse le temps de se préparer et d’avoir un peu plus d’appétit », suggère le Dr Rondeleux.


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    Variez les plaisirs !

    Pour un petit-déjeuner équilibré, quatre grands types d’aliments sont conseillés. « Il faut un produit laitier (lait, yaourt…), un céréalier (du pain ou des céréales peu sucrées), un fruit entier ou pressé et une boisson chaude ou froide », rappelle la pédiatre. Vous pouvez varier les plaisirs en changeant chaque matin les aliments proposés. Le mieux est de proposer plusieurs alternatives équilibrées à votre enfant et le laisser choisir ce qui lui fait envie. De cette façon, il mangera sainement sans rechigner. Votre enfant souffre d’allergies alimentaires ? Consultez votre pédiatre pour qu’il vous propose des menus adaptés.

    Vaisselle colorée ou à l’effigie de leurs personnages préférés, fruits découpés de façon ludique ou encore éléments disposés de façon à créer un visage dans l’assiette… N’hésitez pas à faire jouer votre créativité (et celle de votre enfant) pour lui donner envie de manger le matin !

    Chiffre clé

    30 % des enfants ne prennent pas de petit-déjeuner tous les matins. (1)


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    Quel petit-déjeuner pour bien commencer la journée ?

    Enfants : le petit-déjeuner parfait pour la rentrée !

     

    Merci au Dr Emmanuelle Rondeleux, pédiatre et fondatrice de monpediatre.net, pour ses conseils.

    L’Essentiel de l’article

    • Le petit-déjeuner assure 20 à 25 % des apports journaliers recommandés. (1)
    • Il permet un équilibre alimentaire et évite les grignotages.
    • Un réveil plus tôt permet d’avoir faim et de prendre le temps de manger, si possible en famille.

    (1) Crédoc, « Le petit-déjeuner, un repas essentiel de plus en plus délaissé et simplifié », 2015

  • Quand les jeunes réinventent la masculinité

    Quand les jeunes réinventent la masculinité

    Avec ses 3 millions d’entrées en France et ses 710 millions de dollars de recettes mondiales, « Mourir peut attendre », le dernier James Bond sorti en 2021, consolide sa place de référence de la pop culture. Et aussi celle d’une masculinité puissante, portée par un Daniel Craig intouchable, fort et viril. Pourtant, ces imaginaires sont aussi en train d’évoluer car une nouvelle génération d’hommes entend bien proposer un nouveau récit pour les hommes.

    Avec ses 490.000 abonnés sur YouTube, Ben Névert montre que la jeunesse est capable de réinventer la masculinité. Dans ses tables rondes « Entre mecs », le format phare de sa chaîne, il donne la parole à des invités masculins. Ils parlent ouvertement de leurs ruptures amoureuses ou de leur style vestimentaire et remettent en question des stéréotypes comme « les hommes ne pleurent pas » en expliquant leur cheminement. Un discours qui se répercute d’ailleurs sur Instagram et TikTok, où de jeunes créateurs de contenus comme @Tubandes encouragent les hommes à exprimer leurs émotions, libérer leur rapport à leur corps ou encore oser s’habiller comme ils le souhaitent.

    Lire aussi : Le body shaming chez les ados et ses impacts sur leur santé mentale

     

    Vers une néo-masculinité positive, épanouie et enracinée dans Metoo ?

    Cette évolution des mœurs chez les jeunes hommes puise ses racines dans les avancées féministes de ces dernières années, particulièrement représentées pour cette génération par le mouvement #MeToo. Sur Instagram, de nombreux comptes militants ont vulgarisé massivement les discours féministes dès 2018 et ont structuré des communautés sur ces questions, en y incluant les hommes. Biberonnés à #MeToo, les garçons de la GenZ se sont sentis représentés dans les causes féministes. Et ils ont surtout compris que le féminisme n’était en aucun cas une guerre contre la gente masculine.

    C’est ce qu’a montré le journaliste Jérémy Patinier dans son Petit Guide du féminisme pour les hommes. Publié en 2018, l’ouvrage montre comment les hommes peuvent bénéficier du féminisme. « Quand, dans une famille, un père accomplit spontanément 50 % des tâches domestiques et organise les week-ends à la campagne ou les allers-retours au foot, sa femme est plus détendue et le couple va mieux. De plus, ce père impliqué améliore le lien avec ses enfants. Il peut les éduquer sans ces stéréotypes qui dévalorisent le féminin. Cela fait des individus plus structurés et plus forts, contrairement à ce que l’on croit, car on ne leur impose pas des modèles inatteignables », a-t-il commenté pour le journal Le Temps. Jérémy Patinier parle « d’individus plus structurés et plus forts » car ils ont appris, bien plus tôt que leurs pères, ce qu’étaient la charge mentale et les injonctions virilistes. Ils ont eu l’espace pour développer une identité plus apaisée, parfois jusqu’à interroger les modèles prônés par leurs propres parents.

    Lire aussi : Une jeunesse décomplexée sur sa santé mentale

     

    Une rupture héritière d’une histoire

    Ce renouveau des masculinités est d’ailleurs étudié sur les bancs de l’université, relève le maître de conférence en sociologie Arthur Vuattoux : « De nombreuses thèses ont été soutenues ces dernières années comme celle de Josselin Tricou sur l’Église et les masculinités, celle de Florian Vörös sur le rapport des hommes au porno ou celle de Mélanie Gourarier sur la drague et masculinité ».

    Dans tous les domaines, les hommes sont en train de questionner leur rapport au monde qui les entoure. Mais cette libération de la parole est-elle vraiment nouvelle ?

    Pour mieux comprendre les ressorts de ce phénomène, retournons au milieu des années 1980. C’est à ce moment que les premiers travaux universitaires sur la masculinité voient le jour, grâce à l’anthropologue Raewyn Connell. Dans son ouvrage Masculinities paru en 1995, elle définit la « masculinité hégémonique » comme « la configuration des pratiques de genre visant à assurer la perpétuation du patriarcat et la domination des hommes sur les femmes ». D’autres universitaires comme Robert Brannon préféreront parler des clichés de l’homme « maîtrisant ses émotions, subvenant aux besoins de sa famille et pratiquant des activités violentes et audacieuses ». Des définitions différentes, mais qui amorcent déjà (et pour la première fois) une définition scientifique de la place du genre masculin dans la société. En dehors des laboratoires de recherche, des changements s’opèrent aussi dans la société et les familles.

    Dès les années 1970, le mouvement féministe permet déjà aux hommes de questionner leurs désirs et leur place dans le foyer, à l’image des icônes de l’époque comme David Bowie et Freddy Mercury qui jouent avec les frontières du genre dans leur esthétique. Les hommes cassent de plus en plus les codes de la masculinité en s’appropriant le make up et la mode, jusqu’alors « autorisés » uniquement aux femmes.

     

    Quand les jeunes réinventent la masculinité

     

    Bien que les hommes questionnent leur masculinité depuis des décennies, le phénomène a pris une dimension nouvelle grâce aux réseaux sociaux. En ligne, on s’approprie de nouveaux termes comme celui de « masculinité toxique », d’abord popularisé par la blogueuse américaine Amanda Marcotte, qui la définit comme « un modèle spécifique de la virilité, orienté vers la domination et le contrôle ». Elle poursuit : « c’est une virilité qui perçoit les femmes et personnes LGBT comme inférieures, conçoit le sexe comme un acte non pas d’affection mais de domination, et valorise la violence comme seule façon de s’imposer dans le monde ». Bien que cette expression ne soit pas employée en sciences sociales, Arthur Vuattoux admet que « ce qui se dit sur les réseaux sociaux corrobore une grande partie des recherches ».

    Le rôle des réseaux sociaux

    C’est dans ce contexte de libération de la parole que Dina a créé le compte “Les garçons parlent”. Sur son compte Instagram, il invite les hommes à déconstruire tous les stéréotypes de l’homme viril, et les appelle à se confier sur leurs problèmes. Le créateur de contenus était d’ailleurs le premier concerné : « En master 1, j’ai fait une dépression en Erasmus. J’aurais pu en parler mais c’était délicat car je ne savais pas vraiment ce que je ressentais et je n’arrivais pas à l’exprimer, comme beaucoup d’hommes ». À son retour en France, en 2018, il ouvre petit à petit son compte aux témoignages : « J’ai d’abord publié quelques stories et les hommes sont venus spontanément pour la même chose. » Parmi les sujets les plus abordés, il y a les agressions sexuelles et la santé mentale. On y trouve par exemple celui d’un jeune de 17 ans qui complexe sur la taille de son sexe, ou des récits plus graves comme celui d’Ismaïl, victime d’un viol. Le compte met aussi en avant des problématiques du quotidien comme la galanterie ou le témoignage d’un lycéen pratiquant la Zumba. Ces prises de parole sont ensuite publiées anonymement : « Ils me disent que c’est une libération, c’est un peu comme un carnet intime public », explique Dina.

    Cette libération de la parole est aussi ressentie dans la vraie vie. Depuis la création de son spectacle « Sensiblement viril », l’humoriste Alex Ramirès sensibilise son public aux problématiques liées à la masculinité. Selon lui, son spectacle, dont la dernière aura lieu à l’automne, a beaucoup évolué depuis son lancement en 2017. « Ce que je pouvais considérer comme un thème précurseur en 2017, voire un peu dérangeant, est devenu quelque chose de plus accepté », commente-t-il. Et d’ajouter : « J’ai un regard très admiratif sur les nouvelles générations, je suis hyper fier d’elles alors que je ne les connais pas. Les réseaux sociaux, malgré tous leurs travers, nous permettent de nous sentir moins seuls. Je crois beaucoup en la représentation et quand je vois des jeunes de 15 ans casser les codes du genre ou de la masculinité, je trouve que c’est très important ».

     

    Lire aussi : Quelles sont les références culturelles de la génération Z* ?

     

    Cette rupture générationnelle n’est d’ailleurs pas l’apanage des jeunes hommes bourgeois, rappelle Arthur Vuattoux. « Dans les classes supérieures on a l’impression que les masculinités évoluent beaucoup plus, mais en réalité les changements sont tout aussi profonds dans les milieux ruraux ou les classes populaires. Simplement ces populations prennent moins la parole dans l’espace public. Les classes supérieures n’ont pas le monopole du progressisme », explique-t-il.

    Un travail encore en cours

    En revanche, le sociologue nous invite à nuancer les discours répandus sur Internet : « Quand on parle du web il faut faire attention à regarder dans quels espaces sociaux on voit apparaître ces prises de parole. On a l’impression qu’un compte Instagram, c’est représentatif de ce qui se dit dans la jeunesse alors que les espaces numériques sont très clivés ». En dehors de la (toute petite) bulle d’Internet, les hommes évoluent donc à leur rythme. Derrière la face visible d’une GenZ ultra connectée se cachent de nombreuses nuances, qu’il s’agit d’écouter.

    Alors comment ces nouvelles masculinités vont-elles s’agencer dans les 5 ou 10 prochaines années ? Il est encore difficile de se projeter, mais les masculinités de demain s’inventent sûrement aujourd’hui, à l’ombre des luttes féministes, dans l’angle mort d’un virilisme aux abois, recroquevillé dans sa superbe d’antan. Comment garantir aux jeunes hommes en quête d’identité de ne pas se faire écraser par des mouvements antagonistes comme la communauté MGTOW, abréviation de Men Going Their Own Way, qui se revendique de la lutte contre l’effacement des hommes de la société et plus précisément de leur virilité ?

    La réponse se trouve peut-être dans l’écoute et l’accompagnement de ces néo-masculinités, pour qu’elles aient une chance d’avoir un impact proche de celui de #MeToo. Alors que ce mouvement n’a même pas encore fêté ses dix ans d’existence, il est naturel que les hommes prennent le temps de casser les codes de leurs identités. Et les générations futures iront peut-être plus loin, grâce à la force de frappe d’Internet ?

  • Maison des femmes : pour une prise en charge des victimes de violence

    Maison des femmes : pour une prise en charge des victimes de violence

    Derrière le service de maternité de l’hôpital Bichat – Claude-Bernard, se trouve un petit bâtiment en pierre dédié à l’accompagnement des femmes victimes de violence. Rattaché au département universitaire de gynécologie périnatale, cet espace a ouvert officiellement le 22 novembre 2021 dans le 18e arrondissement de Paris, parallèlement à celles des hôpitaux de la Pitié-Salpêtrière et de l’Hôtel-Dieu. « Depuis un an, nous avons accueilli 266 patientes que l’on a reçues au minimum une fois », partage Amélie Glading, sage-femme de formation et coordinatrice du lieu.

    Plusieurs professionnelles travaillent ensemble dans ces mêmes locaux : une sage-femme, une infirmière et une psychologque y sont à temps plein, une travailleuse sociale, une aide-soignante et une psychiatre à mi-temps, et une juriste du Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles (DIDFF) intervient une fois par semaine.

    L’objectif : créer une première accroche, évaluer les besoins des patientes au niveau médical, social, psychologique et juridique et faire le pont entre les différentes structures sociales et médicales : « Si une femme se présente aux urgences ou en consultation de maternité et déclare des violences conjugales, elle peut être adressée directement à nous », abonde Amélie Glading.

    Lire aussi : Violences intrafamiliales : quels signaux repérer pour venir en aide aux victimes ?

     

    Un suivi personnalisé

    Lorsqu’une femme arrive dans la structure, le maître-mot du personnel de la maison des femmes, c’est l’adaptation : « Nous fonctionnons différemment avec chaque personne car nous rencontrons tout type de situation, relève Amélie Glading. Nous voyons des femmes qui vivent sous le toit de leur agresseur, d’autres qui sont séparées depuis plusieurs années et qui subissent des violences lors des décisions de justice, ou bien encore des femmes qui prennent conscience de leurs traumatismes et veulent porter plainte. » La plupart des patientes consultent pour des violences conjugales et sont suivies sur une période qui peut varier de quatre mois à un an. Concernant le type de violence, le spectre est large, allant des violences économiques et administratives aux violences physiques, psychologiques ou encore sexuelles.

    « À chaque fois qu’il y a des violences physiques, il y a des violences psychologiques. »

    Amélie Glading, sage-femme de formation et coordinatrice de la maison des femmes

    « Les violences psychologiques sont difficiles à mettre en évidence, car ces femmes ont parfois du mal à se rendre compte des violences qu’elles subissent. » C’est aussi pour cette raison que le suivi est pris en charge par différentes professionnelles, avec toutefois un ordre de priorité : « c’est l’infirmière ou l’aide-soignante qui réalisent le premier entretien, explique Céline Conan aide-soignante récemment spécialisée sur l’accompagnement des femmes victimes de violence. Nous suivons, lors de ce premier échange, une trame où nous rassemblons les coordonnées et la situation de la patiente. C’est assez différent de notre rôle de base, et cela peut être frustrant de ne pas trouver de solutions tout de suite. »

    Lire aussi : Violences conjugales : comment repérer et aider les femmes victimes ?

     

    Quand l’urgence social prime

    Parfois, certaines situations demandent une prise en charge d’urgence. « Nous rencontrons des femmes qui n’ont pas accès à la sécurité sociale, aux aides de la caf et qui ont besoin d’être relogé rapidement… Elles sont totalement perdues lorsqu’elles arrivent », soutient Nadège Désert, éducatrice spécialisée de formation, employée par l’association Halte aide aux femmes battues et Libres terres des femmes, et par la maison des femmes pour laquelle elle réalise des permanences sociales deux à trois fois par semaine.

    Les besoins sociaux peuvent aller du remboursement de dettes, à la réinsertion professionnelle jusqu’à l’hébergement d’urgence. Nadège Désert joue alors un rôle de coordination entre les différents services sociaux : « Nous avons par exemple construit des liens très étroits avec le Samu Social. Dans les cas de demande d’hébergement d’urgence, nous trouvons une solution généralement le jour même ou le lendemain. » Certaines personnes bénéficient également d’un hébergement à long terme, mais les conditions sont souvent précaires. « Pour les aider à retrouver une situation stable, nous avons mis en place un partenariat avec la Caf de Paris afin de réduire les délais de traitement de leur dossier », souligne Nadège Désert.

    Lire aussi : Mères célibataires : quelles aides pour les mamans solos ?

     

    Pour le personnel, cet accompagnement social est crucial : « Si les questions des conditions matérielles ne sont pas réglées, nous ne pouvons pas travailler dans de bonnes conditions », rappelle la psychologue de l’établissement, Hélène Ferrary. L’accompagnement psychologique vient donc après la mise en place d’un environnement stable pour la victime. Le suivi peut être à la fois individuel et groupal. « Écouter le récit des autres peut créer des résonances avec son propre vécu, aider à se sentir moins seule… Et cela se ressent ensuite dans les entretiens individuels. »

    La maison des femmes a aussi développé d’autres démarches de soin autour de l’estime de soi, comme l’atelier « Réparer l’intime », déjà en place depuis plusieurs années à la maison des femmes de Saint-Denis, ou encore des séances de yoga, de sophrologie ou encore un atelier de karaté proposé par l’association Fight for dignity.

    Un environnement sécurisant

    Tout est pensé pour créer des conditions de suivi optimales. Depuis le 1er juillet 2021, la maison des femmes de l’hôpital Bichat organise une permanence avec des policiers de la brigade locale de protection des familles de la préfecture de Paris. « Nous nous sommes encore une fois inspirées de ce qui se faisait à Saint-Denis, qui est la première municipalité à avoir expérimenté ce type de dispositif », estime Amélie Glading. Les policiers reçoivent donc les femmes qui ont été victimes de violences conjugales directement dans les locaux de la maison des femmes, peu importe l’arrondissement ou le département concerné par leur plainte. « Nous prenons le temps d’accueillir les policiers dans de bonnes conditions pour qu’ils puissent se concentrer sur leur mission, et la qualité des plaintes qui en ressort est excellente », abonde Amélie Glading.

    « Sur les femmes qui ont fini par porter plainte, 90 % d’entre elles ne l’auraient pas fait sans ce dispositif. »

    Amélie Glading, sage-femme de formation et coordinatrice de la maison des femmes

    Cette collaboration est renforcée par le soutien de la juriste Anouck Laubé qui suit les victimes de violence tout au long de leur procédure : « C’est un travail qui s’effectue en amont avec la patiente. Il m’arrive également de faire un récapitulatif à mes collègues pour qu’elles puissent faciliter le dialogue avec les policiers lors du dépôt », résume-t-elle.

    Le bilan de l’année s’avère donc concluant, pour cette équipe qui se projette déjà dans de nombreux projets : « Nous aimerions développer de la recherche et de la formation et avoir davantage d’interactions avec les autres maisons des femmes », s’enthousiasme Amélie Glading qui prévoit de dédier un budget spécifique pour former les sages-femmes. « Notre projet, à long terme, c’est de former et de sensibiliser le personnel du plus grand nombre d’établissements de santé », conclut-elle.

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  • Le sport est-il encore un bastion sexiste ?

    Le sport est-il encore un bastion sexiste ?

    L’accès au sport pour les femmes est d’abord un combat mené depuis de nombreuses années. « Au XIXe siècle, les femmes jouaient au tennis, mais c’était plus un moyen de rencontre des jeunesses dans les milieux bourgeois qu’une véritable pratique sportive », affirme Catherine Louveau, sociologue du sport spécialisée sur les conditions d’accès des femmes aux pratiques sportives. Les femmes ont dû attendre 1950 pour obtenir une licence de la fédération sportive de cyclisme, 1970 pour le football et 1987 pour la boxe (1).

    Elles sont d’abord acceptées dans les sports jugés compatibles aux normes sociales féminines en vigueur : « Après le tennis, les disciplines ouvertes aux femmes sont la natation et les gymnastiques. Avec ces activités, elles peuvent “travailler leur féminité”, c’est-à-dire muscler leur corps. L’idée, c’est de fabriquer des belles femmes et des bonnes mères », ajoute Catherine Louveau. De même pour les compétitions sportives. Ce n’est qu’en 1928, après avoir essuyé plusieurs refus, que les femmes ont la possibilité de participer aux épreuves olympiques. « Pierre de Coubertin [l’initiateur des Jeux Olympiques modernes à partir de 1896, ndlr] était hermétique à la pratique du sport par les femmes. Pour lui, le sport visait à viriliser les hommes et à les préparer à l’affrontement. »

    En effet, dès que les activités sportives impliquent de la force, du combat et de l’affrontement physique, elles s’inscrivent, depuis l’antiquité, dans le registre du masculin. Pour Catherine Louveau, cela s’illustre toujours aujourd’hui : « J’entends encore des personnes dire que le rugby n’est pas fait pour les femmes. » De même lorsqu’il s’agit d’épreuves sportives d’endurance. En 1928, le 800 mètres d’athlétisme fait son apparition aux jeux olympiques : « À l’arrivée, les sportives sont – à juste titre – fatiguées. Certaines s’effondrent sur les pistes, grimaçantes après l’effort. C’était tellement choquant pour l’époque de voir des femmes dans ces circonstances qu’ils ont supprimé l’épreuve du 800 mètres, qui n’a été réautorisée qu’à partir des années 1960 », raconte la sociologue.

    Preuve qu’une femme, dès qu’elle s’éloigne des stéréotypes liés à son genre (ici, une femme « grimaçante » est jugée disgracieuse), est considérée comme subvervise.

    Des freins encore importants

    D’après Catherine Louveau, les femmes font l’objet d’un véritable « procès de virilisation » dès qu’elles sont jugées trop masculines. Ce n’est pas un hasard si l’haltérophilie, le taekwondo, le lancer de marteau, la lutte ou encore la boxe n’ont pu être pratiqués par les femmes qu’à partir des années 2000 lors des Jeux Olympiques. Aujourd’hui encore, malgré la loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes – qui introduit l’obligation de représentation dite « proportionnelle » au nombre de femmes pratiquantes – les inégalités homme-femme dans le sport se jouent à tous les niveaux.

    Pour Nicole Abar, ancienne joueuse de l’équipe de France de Football, connue pour son engagement en faveur de l’égalité d’accès au sport pour les filles et les garçons : « Les représentations stéréotypées freinent l’accès aux pratiques sportives. »

    Lire aussi : Foot : les filles sur le terrain !

    « Les petites filles n’osent pas demander de participer à une activité qui, a priori, est connotée masculine et certains parents ne vont pas les encourager non plus. »

    Nicole Abar, ancienne joueuse de l’équipe de France de Football

    Les structures, elles aussi, ne sont pas toujours adaptées. « Malgré les programmes fédéraux, tous les clubs ne sont pas prêts à recevoir des filles, regrette Nicole Abar. Pour accueillir une nouvelle pratique, ou une nouvelle catégorie, que ce soit des femmes ou des personnes en situation de handicap, il faut trouver des créneaux, et il n’y a pratiquement pas d’accès aux équipements sportifs pour les femmes, car ils sont saturés par les hommes. » À cette répartition inégalitaire des infrastructures sportives (stades, vestiaires…), s’ajoutent les inégalités économiques.

    Si la fédération américaine de football a annoncé, le 18 mai 2022, avoir conclu un accord pour l’égalité des salaires entre les joueurs et les joueuses, les inégalités perdurent en France entre les joueurs et joueuses de football. Le footballeur Lionel Messi aurait touché plus de 100 millions d’euros en 2019 d’après le magazine France Football(2), alors que Wendie Renard et Amandine Henry, les deux joueuses françaises les mieux payées, toucheraient 30 000 euros par mois (soit 360 000 euros sur un an) selon le journal l’Équipe(3).

    De plus, les joueuses ont un statut amateur, contrairement aux hommes qui sont sous contrat professionnel : « Les footballeuses ont un contrat fédéral avec les clubs. Elles sont souvent à temps partiel et doivent dans ce cas compléter leur revenu avec une autre activité professionnelle », rappelle l’ancienne footballeuse. En travaillant à côté, les athlètes féminines sont moins disponibles psychiquement et physiquement pour leur compétition.

    Le football féminin ne serait-il pas encore assez rentable ? Pour Nicole Abar : « Il y a un souci d’économie de marché. Lors des compétitions, les stades sont quasiment vides, le merchandising est très limité et les montants des contrats publicitaires et des sponsors n’atteignent pas des sommets. Pour qu’il y ait plus d’équilibre, il faudrait créer de l’audience, mais aujourd’hui il y a encore un déficit monstrueux de visibilité. »

    En effet, d’après le rapport du CSA paru en septembre 2017, les femmes représentaient entre 14 et 18, 5 % du volume horaire de représentation d’activité sportive à la télévision, contre une fourchette de 16 et 20 % en 2016(4).

    Vers un sport moins sexiste

    Les statistiques montrent que les femmes n’ont qu’une place marginale et secondaire dans le milieu sportif(5), qu’elles soient arbitres, entraîneuses, journalistes ou dirigeantes. Concernant la pratique, elles représentent au total un peu plus de 38 % des licenciés – tous sports confondus – en 2018, alors qu’elles sont plus nombreuses dans la population française. Selon l’INSEE, au 1ᵉʳ janvier 2021, les femmes représentent 51,7 % de la population en France – soit 2,3 millions de plus que les hommes.

    Lorsqu’on se penche sur la répartition, on constate que certains sports restent toujours majoritairement pratiqués par des hommes (comme le football, le rugby ou le tir…) et d’autres, principalement par des femmes (comme la gymnastique, le patinage ou la natation synchronisée…) Si l’écart reste important, les pratiquantes des sports jugés « masculins » sont de plus en plus nombreuses. Par rapport à 2011-2012, le nombre de footballeuses licenciées a par exemple été multiplié par deux et s’élève aujourd’hui à 193 882 selon la Fédération Nationale de Football(6). La Fédération Nationale de boxe compte quant à elle 17 436 licenciées contre 7133 en 2011-2012.

    Pour l’ancienne joueuse de football Nicole Abar – qui a réussi, en 2002, à faire condamner pour la première fois un club de football pour sexisme – cela s’explique par l’évolution des représentations : « Faire du foot pour une fille n’est plus considéré comme une bizarrerie. Elle peut rêver de rentrer en équipe de France, de rejoindre des grands clubs… » Or, le travail de sensibilisation n’est pas terminé, pour Nicole Abar, qui reprend les ateliers Passe la balle qu’elle avait mis en place l’année 2000, destinés aux enfants de la primaire à la 6e.

    « L’objectif est de travailler avec les petits sur les représentations des filles dans le sport car, dès l’âge de 4 ans, elles perdent en motricité, ce qui est pourtant une composante essentielle de la construction de l’estime et de la confiance en soi. »

    Nicole Abar

    Grâce à ses ateliers centrés sur la motricité et le langage, elle espère déconstruire les stéréotypes dans le sport et permettre aux filles d’oser se déployer dans l’espace autant que les garçons car, pour Nicole Abar : « Encourager la mobilité des petites filles aujourd’hui, c’est leur donner toutes les chances d’avoir confiance en elles demain. »

    (1) Barbusse, Béatrice. « Et maintenant, et demain ? », , Du sexisme dans le sport. sous la direction de Barbusse Béatrice. Anamosa, 2022, pp. 285-356.

    (2) France Football, 2018

    (3) L’Équipe, 2019

    (4) Rapport du CSA sur la diffusion de la pratique féminine sportive à la télévision (2017).

    (5) Barbusse, Béatrice. « Et maintenant, et demain ? », , Du sexisme dans le sport. sous la direction de Barbusse Béatrice. Anamosa, 2022, pp. 285-356.

    (6) FFF

  • Sensibilisation au handicap : comment agir ?

    Sensibilisation au handicap : comment agir ?

    Alors que 4 personnes sur 10(1), connaissent et fréquentent régulièrement une ou plusieurs personnes en situation de handicap, il reste difficile d’estimer le degré de familiarité, de connaissance ou encore de sensibilité de la population face au handicap.


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    Comment sensibiliser au handicap : quels outils et méthodes utiliser ?

    Je souhaite sensibiliser mes enfants :

    La sensibilisation au handicap peut être abordée de différentes manières. Il est important d’adapter les outils pédagogiques et les méthodes selon l’âge des proches auxquels vous vous adressez.

    Sensibiliser des enfants de 3 à 12 ans

    Les enfants peuvent être sensibilisés aux différents handicaps (physique, psychique, sensoriel, etc.) de plusieurs manières, en fonction de leur âge et de leur compréhension. En plus d’échanger avec vos enfants, il existe de nombreuses activités de sensibilisation :

    • Leur faire écouter un audio livre pour leur montrer une autre façon de lire, comme le font les malvoyants et les aveugles ;
    • Organiser un goûter dans le noir pour les sensibiliser au handicap sensoriel ;
    • Jouer, les yeux bandés, à des jeux de société ou d’éveil odorants ou tactiles pour les familiariser à la perception des personnes ayant une déficience visuelle ;
    • Acheter de petites figurines ou des poupées de personnes en situation de handicap et/ou fabriquer avec eux des accessoires (fauteuil roulant, déambulateur, canne d’aveugle, prothèse auditive, etc.) pour qu’ils se familiarisent au handicap ;
    • Organiser des parcours avec différents obstacles, leur demander de fermer les yeux et les guider par la voix ;
    • Leur faire visionner des documentaires et des dessins animés sur la thématique du handicap ;
    • Les inscrire à des ateliers créatifs ou des jeux de sensibilisation au handicap organisés par des associations œuvrant à la sensibilisation au handicap.

    Certains organismes et associations proposent du matériel et des outils pour vous aider à sensibiliser les plus jeunes. C’est notamment le cas de LADAPT (L’association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées) qui propose un ensemble de matériel pédagogique sur le thème du handicap (jeux, albums, livres, DVD et CD), et organise des rencontres avec des personnes en situation de handicap.
     

    Sensibiliser des adolescents de 12 à 17 ans

    Les possibilités pour sensibiliser les adolescents au handicap dépendent de plusieurs facteurs, notamment de l’âge de l’adolescent, de son degré de compréhension du handicap, de son niveau d’intérêt pour le sujet, et de son expérience personnelle avec le handicap.

    Pour sensibiliser les adolescents au handicap, il est possible de :

    • Les encourager à lire des livres et des articles, à regarder des films (“Intouchables”, “Se souvenir des belles choses”, “Le discours d’un roi”, “La ligne droite”, “Le 8ème jour”, etc.) et à écouter des podcasts (“Pépin PODCAST”, “Hangagement” imaginé par Orange, etc.) sur le sujet du handicap ;
    • Le faire découvrir des activités handisports (Cécifoot, badminton sourds, Rugby Fauteuil, handbike…) ;
    • Prévoir une rencontre entre vos enfants et un proche ou une connaissance atteint par un handicap pour échanger sur son expérience ;
    • Les faire participer à des activités de sensibilisation au handicap, proposée par exemple par Diffuz, dans le cadre de la semaine de la solidarité et du handicap ou d’une journée de sensibilisation au handicap ;
    • Leur faire découvrir les objets connectés qui limitent les risques liés à la perte d’autonomie et les nouvelles technologies qui favorisent l’autonomie aux personnes en situation de handicap ;
    • Les emmener faire un serious game ludique et immersif de sensibilisation au handicap.

     

    Je souhaite m’engager dans un projet de sensibilisation au handicap

    Avant de s’engager dans un projet de sensibilisation au handicap, il est primordial de s’être informé sur le sujet pour savoir comment favoriser les échanges sur le sujet et faire évoluer les mentalités. Vous pourrez ensuite :

    • Devenir bénévole dans des associations d’aide et de soutien aux personnes handicapées (APF, l’UNAPEI, l’APAJH, etc.) ;
    • Participer à des événements de sensibilisation du public ;
    • Sensibiliser les autres en parlant ouvertement de ses propres expériences face au handicap.
       
    • Lire aussi : Congé de présence parentale : faire face au handicap de son enfant

    Bon à savoir

    En France, 9,6 millions(2) de personnes sont atteintes d’un handicap.


    2

    Sensibiliser au handicap : quels sont les événements auxquels participer ?

    Pour sensibiliser à la question du handicap, il existe plusieurs évènements en France. C’est le cas notamment de :

    • La journée internationale des personnes handicapées, organisée par les Nations Unies tous les 3 décembre depuis 1992, promeut les droits et le bien-être des personnes handicapées ;
    • La semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées : une initiative de l’ADAPT lancée il y a plus de 20 ans pour sensibiliser les recruteurs et faciliter l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap ;
    • Dans le cadre de la Semaine européenne pour l’emploi, le DuoDay est un événement national qui vise à favoriser l’inclusion des personnes en situation de handicap (à partir de 14 ans) au sein des entreprises. Tout collaborateur du secteur privé ou public peut se porter volontaire. Pendant une journée, vous êtes invités à faire découvrir à une personne handicapée votre environnement de travail et à le faire participer à certaines de vos tâches quotidiennes.
    • La journée Nationale du Sport et du Handicap, organisée depuis 10 ans par l’Association Nationale des Étudiants en STAPS, a pour but de développer le sport adapté mais aussi de mettre en lumière le handisport.
    • Les grands évènements sportifs à venir en France comme la Coupe du monde de rugby fauteuil en 2023 ou encore les JO Paralympique en 2024 sont aussi l’occasion de se sensibiliser au handicap.

    En octobre 2021, une campagne nationale de sensibilisation « Voyons les personnes avant le handicap » a été lancée. Diffusée à la télévision, dans la presse, par affichage, au cinéma, sur internet, cette campagne a pour objectif de faire changer le regard de la société sur les personnes handicapées. Elle s’adresse à toutes les générations, et notamment aux jeunes qui ont un rôle important à jouer.

    Bon à savoir

    Avec 43 000 enfants scolarisés en situation de handicap en France, la sensibilisation des enseignants à l’école inclusive et leur formation à l’utilisation d’outils numériques en classe sont primordiales.

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    L’Essentiel de l’article

    • 9,6 millions(2) de personnes sont handicapées en France.
    • Plusieurs événements ont lieu chaque année en France pour sensibiliser au handicap.
    • Une campagne nationale de sensibilisation au handicap a été lancée en Octobre 2021, « Voyons les personnes avant le handicap ».

    (1) CNCDH, Rapport d’activité sur le handicap de la CNCDH, mars 2019.

    (2) OCIRP, Les chiffres-clés du handicap en France, 2018

  • « Les jeunes ont moins peur de quitter leur entreprise »

    « Les jeunes ont moins peur de quitter leur entreprise »

    Maxime, 21 ans, est en réorientation dans un bac pro de maintenance des équipements industriels à Nantes et apprenti dans un grand groupe international de constructions navales, au sein duquel il fait de la maintenance mécanique sur des pompes à chaleur de sous-marins nucléaires. De son côté, Olivier a arrêté son BTS Techniques Commerciales pour un poste de manutentionnaire de fruits et légumes dans un grand groupe agroalimentaire lorsqu’il avait 21 ans. Depuis, il n’a cessé d’évoluer et est aujourd’hui responsable d’exploitation au sein d’une start up prometteuse de distribution alimentaire.

    Le modèle d’entreprise dans lequel vous travaillez a-t-il de l’importance lorsque vous projetez votre vie professionnelle future ?

    Maxime : Travailler dans une petite ou grosse entreprise m’est égal tant qu’il y a une bonne ambiance, que le travail est intéressant, et que j’ai l’impression de servir à quelque chose. Par exemple, ça a beaucoup de sens pour moi de travailler dans l’entreprise au sein de laquelle je suis apprenti car ce qu’elle produit me semble utile : je pense qu’on a besoin de ces sous-marins pour assurer la sécurité du pays.

    Olivier : Je suis entré dans le monde du travail dans une grosse entreprise, mais chaque site fonctionnait de manière individuelle donc il y avait un esprit “ taille humaine “ avec une très bonne ambiance et un esprit d’équipe. Je pense que ce fonctionnement familial a aidé au fait qu’on m’y ait vite accordé une certaine confiance et autonomie dans mon travail.

    28 % des jeunes

    s’imaginent rester au sein de la même entreprise autant que possible. 1

    Quels sont les éléments dont vous avez besoin pour vous sentir bien dans une entreprise ?

    Maxime : Avant tout, comme je le disais, j’ai besoin d’une bonne ambiance : avec mes collègues, on s’entraide, on se rend la pareille et on peut compter les uns sur les autres. Mon manager n’est pas déconnecté de ce que je fais, on s’entend très bien et il y a une atmosphère de confiance, ce qui me motive d’autant plus. Il y a aussi les avantages d’une grosse entreprise : comité d’entreprise, jours de congés, aide au logement… Pour l’instant j’habite chez mes parents mais pour plus tard ça peut être intéressant.

    Olivier : À mes débuts, tout ce qu’il me fallait dans mon travail, c’était me sentir utile, avoir des challenges à relever, et des projets en vue. Puis l’ambiance entre collègues et l’esprit d’équipe sont devenus primordiaux à mes yeux, c’est quelque chose dont j’ai mieux compris la valeur avec le temps. Cela passe également par le management, or je pense que c’est plus facile de mettre en place un management bienveillant dans une petite structure que dans une grosse. Pour moi qui ai vu le management participatif se développer dans les années 90, j’ai constaté combien cela a permis plus d’échanges et de faire grandir les collaborateurs.

    Lire aussi : Jeunes et emploi : « C’est particulièrement attirant qu’une entreprise soit moderne »

    Vous projetez-vous sur du long terme dans un même établissement ?

    Maxime : Dans l’idée, ça ne me dérangerait pas de rester une bonne partie de ma vie dans l’entreprise pour laquelle je travaille. En revanche, je ne m’imagine pas particulièrement monter des échelons, parce que j’ai une personnalité qui préfère suivre que montrer l’action. J’ai du mal à me projeter, mais j’imagine que plus tard je pourrais faire un travail sur moi-même pour gagner en confiance et me sentir capable de gagner en responsabilités. Peut-être que je pourrai faire des formations pour avoir plus de qualifications. Je n’ai pas encore réfléchi au fait d’aller travailler à l’étranger, ça peut aussi être une option intéressante, mais pour l’instant je me vois plutôt rester à Nantes.

    Olivier : Je pense qu’à l’époque, on se posait beaucoup moins la question de savoir si on allait rester dans une entreprise ou pas : quand on entrait dans une boîte, c’était généralement pour y faire carrière, ou au moins y rester un maximum. Moi j’avais des perspectives d’évolution dès le départ, et j’y suis resté 10 ans, avec pas mal de différentes missions à l’intérieur. Autour de moi aujourd’hui, j’ai l’impression qu’un certain nombre de jeunes essaye d’évoluer et de progresser rapidement dans leur boulot, lorsqu’ils se sentent bien dans l’entreprise. Mais j’observe qu’ils se sentent moins liés à leur entreprise qu’à mon époque, ce qui explique qu’ils changent plus facilement de boulot qu’il y a 20 ou 30 ans : moi je sentais bien ce lien d’appartenance à ma première entreprise.

    43 % des jeunes

    indiquent que leur attente principale vis-à-vis de leur travail se situe au niveau du salaire. 1

    Le salaire est-il déterminant pour choisir votre emploi ?

    Maxime : Mes ambitions en terme de salaire sont proportionnelles à mes coûts par mois liés au strict minimum : actuellement, je vis chez mes parents, alors mon petit salaire d’apprenti me convient très bien puisque je ne paye pas de loyer, ni de nourriture, d’électricité… même si je participe aux frais de la maison. C’est avant tout une question de sécurité pour moi : une fois que j’aurai quitté le nid et que j’aurai ma propre famille, je voudrai être sûr de pouvoir subvenir aux besoins de mes enfants.

    Olivier : Pour moi, le salaire n’a jamais été primordial. Je le trouvais correct à mes débuts, aligné sur les prix du marché. Je n’étais pas particulièrement tourné vers les avantages, je ne regardais pas non plus ce qu’il pouvait y avoir comme formation. Il s’agissait d’abord de financer un logement puisque ça correspondait avec le moment où je m’installais avec ma femme, donc j’avais besoin d’être indépendant et d’assurer un loyer, une voiture, etc. Il y avait une part de loisir aussi, mais c’était secondaire : on faisait avec ce qu’il restait, quand il en restait. L’important était plutôt la perspective de pouvoir évoluer, en sachant que le salaire suivrait. Un bon salaire, c’était donc pour moi un salaire qui suit la valeur de mon évolution professionnelle.

    Lire aussi : « Le revenu représente la valeur de notre travail »

    Êtes-vous satisfait de votre arrivée sur le marché du travail ?

    Maxime : Ma vision de la vie de travailleur n’est pas très positive, car je me dis que les meilleures années pour quelqu’un, ce sont celles où il est à l’école. Une fois qu’on est en entreprise, on est fatigué quand on rentre du travail, donc on a moins d’énergie pour faire des choses amusantes. Or je pense qu’il faut quand même penser à se faire plaisir pour décompresser et ne pas avoir une vie ennuyeuse. Et ça, ça passe par le fait d’avoir une vie sociale en dehors du travail, ainsi que des loisirs.

    Olivier : À mes débuts, je n’avais pas une très bonne vision du monde du travail : entre la théorie apprise à l’école et la pratique de la vie en entreprise, ça ne reflétait pas du tout ce qu’on m’a appris, donc il y a une eu petite période d’incompréhension. Heureusement, j’avais envie de rentrer dans la vie active et je me suis tout de suite impliqué dans mon entreprise, en travaillant autant que je pensais qu’il était nécessaire pour aller au bout de mes projets.

    Lire aussi : Jeunes et emploi : « On n’attend plus de l’entreprise qu’elle nous dise qui on est »

    Avez-vous l’impression d’avoir un rapport au travail différent de vos collègues plus âgés ?

    Maxime : D’un point de vue strictement professionnel, j’essaie de prendre exemple sur mes aînés : ils sont travailleurs et persévérants, ça m’apprend la discipline. En quelques mois d’expérience je trouve qu’on devient déjà plus sérieux, les autres juniors et moi. En revanche, j’ai l’impression que les plus anciens sont souvent assez dépendants de la sécurité de l’emploi et que ça ne les rend pas heureux : il y en a certains qui critiquent l’entreprise mais qui restent malgré tout. Je trouve ça dommage, les jeunes ont moins peur de partir parce qu’ils sont moins fidèles à leur entreprise.

    Olivier : Quand je suis arrivé en entreprise, j’ai senti que je devais faire mes preuves et apprendre beaucoup, car je n’avais pas la connaissance que les anciens avaient accumulée avec l’expérience. Mais il y avait aussi beaucoup de gens qui n’étaient pas là pour s’impliquer professionnellement : certains venaient travailler parce qu’il le fallait et faisaient le minimum. Je crois que de ce côté les mentalités ont beaucoup évolué, et je suis convaincu que c’est notamment parce que l’esprit d’équipe est devenu central. Du coup, on se sent mieux au travail, ce qui est particulièrement important pour les jeunes d’aujourd’hui.

    Est-il important pour vous que votre entreprise s’engage pour les causes qui vous sont chères ?

    Maxime : Oui, j’ai l’impression que mon entreprise utilise une énergie qui ne pollue pas l’air et c’est important pour moi : je préfère qu’on ait une énergie propre pour respecter l’environnement, car la planète terre ne nous appartient pas et il faut la respecter. Si elle utilisait du charbon, je ne sais pas si je serais aussi enthousiaste. Cette conscience me suffit, je n’ai pas besoin qu’elle s’engage plus ouvertement sur le sujet.

    Olivier : À l’époque, on ne parlait pas du tout des sujets environnementaux en entreprise, et moi même je n’y étais pas particulièrement sensible. Les jeunes ont apporté ce côté là avec une vraie envie de faire évoluer les mentalités y compris au sein de l’entreprise, et c’est tant mieux pour la planète. Le problème, c’est quand certaines entreprises se positionnent sur le sujet alors qu’elles sont parfois loin d’être exemplaires. Heureusement, je trouve que ça va de plus en plus vers des faits réels, parce que de toute façon il n’y a pas le choix, notamment sur ce qui est alimentaire.

    1 Baromètre Les jeunes et l’entreprise

  • Jeunes et emploi : « On n’attend plus de l’entreprise qu’elle nous dise qui on est »

    Jeunes et emploi : « On n’attend plus de l’entreprise qu’elle nous dise qui on est »

    Globalement, les jeunes vous semblent-ils avoir un rapport au travail radicalement différent de celui des générations précédentes ?

    Vincent Cocquebert : Cela fait une vingtaine d’années qu’on entend le discours selon lequel il y aurait une rupture anthropologique entre les travailleurs millennials et ceux des générations précédentes. Il y avait toute une gamme de stéréotypes les peignant comme sûrs d’eux, peu fidèles, étant quasiment dans un rapport d’instrumentalisation à leur entreprise pour venir y chercher ce qui les intéresse et repartir dès qu’ils auraient suffisamment appris de l’entreprise. Mais on se rend compte que c’est tout l’inverse : on a en fait affaire à des jeunes qui ressemblent beaucoup à leurs aînés, puisque leur rapport au travail est d’abord marqué par une reconnaissance salariale puis par une stabilité professionnelle. Or depuis qu’on étudie le rapport des individus au travail, ce sont les deux préoccupations principales.

    Respect, confiance, écoute… On remarque que les jeunes générations se montrent exigeantes envers la qualité d’atmosphère de leur entreprise. D’où vient ce besoin de confort ?

    V. C. : On perçoit effectivement un besoin de protection, d’évoluer dans des espaces ressentis comme sécurisés. Cela s’illustre par la fin de l’attirance pour les grands groupes, perçus dans les années 80 comme des entreprises ouvertes sur le monde donnant l’impression d’être soi-même un travailleur nomade et mondialisé. Or je pense que dans la dialectique du cocon qu’on observe actuellement, il y a une volonté de « miniaturisation » du monde. C’est quelque chose qu’on vit au quotidien, avec l’émergence de cette possibilité de faire entrer la culture, la consommation et le travail dans nos foyers. Aujourd’hui, cette miniaturisation se déploie sur les entreprises : on veut comprendre tout le processus de production, avoir accès à des managers sans qu’il y ait trop d’échelons hiérarchiques, être dans une bonne ambiance avec un management bienveillant… C’est l’application de la dynamique du cocon à l’entreprise.

    Lire aussi : Jeunes et emploi : « C’est particulièrement attirant qu’une entreprise soit moderne »

    Les jeunes sont beaucoup plus humbles que ce qu’on dit souvent de la jeunesse.

    Vincent Cocquebert, journaliste et auteur

    Qu’est-ce que cette recherche de cocon en entreprise raconte de leur perception de l’époque ?

    V. C. : Il y a quelque chose qui est de l’ordre d’un désenchantement de la mondialisation, de l’idéologie du progrès. Travailler dans une grande entreprise qui rayonne à l’international selon l’idée que la réussite est synonyme de s’étendre en permanence et de gagner des marchés, cela attirait les travailleurs à l’époque où le mythe du progrès selon lequel « demain sera mieux qu’hier » tenait encore. Pendant des décennies, l’augmentation de la croissance allait de pair avec l’augmentation du bonheur. Mais les jeunes ont grandi avec l’idée que les lendemains seraient de plus en plus durs et économiquement précaires. Aujourd’hui, dire que « c’était mieux avant » est une phrase de bon sens acceptée par la sphère progressiste alors qu’elle était avant réservée aux conservateurs.

    Lire aussi : « Les jeunes sont à la recherche d’une entreprise à taille plus humaine »

    Les jeunes ont-ils vieilli trop vite dans leur rapport au travail ?

    V. C. : Quand il y avait eu les mouvements anti CPE en 2005, (le gouvernement supprimait l’existence d’un contrat de deux ans réservé aux moins de 25 ans qui pouvait être rompu par les deux parties sans justification), cette rupture a été vécue par la jeunesse comme une extrême précarisation. Ce qui était marquant, c’est que les observateurs médiatiques étaient alors presque déçus de voir des « jeunes vieux » revendiquer de la stabilité et des CDI. Mais la vérité, c’est que le rapport au travail n’a pas vraiment changé depuis les années 70 : qu’ils aient 20 ou 50 ans, que les gens veulent tous de la reconnaissance et de la stabilité. On retrouve cela aujourd’hui : on a beaucoup entendu que les jeunes appréciaient d’avoir trois ou quatre emplois différents, car cela leur permettait de s’épanouir 24h sur 24h. Pour moi, c’était une manière de « cooliser » quelque chose qui est de l’ordre de la précarité. Ce baromètre montre bien que non, la perception du bonheur ne se situe pas dans l’accumulation des métiers, mais bien dans le fait d’avoir un emploi au sein duquel on peut s’épanouir avec une certaine stabilité, en travaillant avec des gens qui sont des vecteurs de bienveillance et de développement, et avec une perspective de s’investir plutôt sur le long terme.

     

    On note néanmoins une tendance à « garder la porte ouverte » comme pour pouvoir s’échapper si, à un moment, leur emploi ne leur convenait plus. Les jeunes ont-ils peur de l’engagement ?

    V. C. : Cette aspiration à la fluidité et de pouvoir changer de perspective en fonction des situations fait partie des tendances de la société. Il y a beaucoup de discours disant que la règle du jeu en entreprise, c’est d’observer en permanence s’il y a de meilleures opportunités autour de soi. Ça vient d’une mentalité de survivalisme entrepreneurial dont la réalité ne s’applique qu’aux très hauts diplômés, mais ne correspond pas à la réalité professionnelle que vivent la grande majorité des gens qui doivent souvent se soumettre à des situations économiques dans lesquelles ils ne sont pas les maîtres du jeu. Je pense qu’on a malgré tout fini par intégrer cette idée de manière discursive, mais que la réalité de sa réalisation est relativement rare. En fait, quand on leur demande quel est leur but dans les années à venir, on s’aperçoit que les jeunes souhaitent rester dans leur entreprise pour un long moment. Pourtant, on dit beaucoup que les jeunes sont globalement « zappeurs » et ne veulent plus s’engager dans la durée, mais ça aussi c’est une idée qu’il faut battre en brèche, car si on leur donne des bonnes conditions, la reconnaissance salariale et l’ambiance au travail suivent, les jeunes sont prêts à s’engager sur du long terme.

    Jeunes et emploi : « On n'attend plus de l'entreprise qu'elle nous dise qui on est »

    43 % des jeunes

    estiment important de pouvoir compter sur des collègues en cas de difficulté. 1

    Des témoignages recueillis, on observe également que les jeunes tiennent beaucoup à leur relation avec leurs collègues. Les jeunes générations se sentent-elles suffisamment armées pour la vie professionnelle ?

    V. C. : C’est une autre idée reçue que ce baromètre vient mettre à mal : on a souvent dit que les jeunes professionnels se sentaient géniaux, n’ayant rien à apprendre de la transmission, voire même pensant que c’était eux qui avaient à transmettre des connaissances aux autres. Or ce qui émerge des réponses sur les premiers obstacles pour intégrer l’entreprise, c’est leur sentiment de manque d’expérience. Ils ont en fait un regard relativement négatif sur leurs compétences en sortie de formation et ce qu’ils peuvent apporter à l’entreprise. Il est clair qu’ils ont conscience que le monde de l’entreprise n’est pas un monde forcément facile, qu’ils vont devoir être dans un rapport assez compétitif par rapport aux autres, et donc que ce seront leurs compétences qui feront la différence. Ils sont dans une position de validation ou d’invalidation, et sont beaucoup plus humbles que ce qu’on dit souvent de la jeunesse.

    Lire aussi : Jeunes et emploi : “Le revenu représente la valeur de notre travail”

    On note pourtant un vrai besoin de liberté, d’autonomie et de confiance de la part des jeunes alors même qu’ils sont au tout début de leur vie professionnelle. De quoi cela témoigne-t-il, si ce n’est pas d’une certaine confiance en leur compétence ?

    V. C. : Pour moi, cela a surtout à voir avec la transformation du rapport au travail en général. Il y a encore peu de temps, c’était les grandes institutions qui nous donnaient une identité : c’était l’État, l’Église, ou l’entreprise. Ces institutions étaient une manière de valider une identité, et l’identité de travailleur était donc centrale. Aujourd’hui, nos identités sont beaucoup plus floues et multitudes, et on n’attend plus de l’entreprise qu’elle nous dise qui on est. En revanche, on attend d’elle qu’elle nous reconnaisse dans notre identité. Dans le baromètre et les témoignages, on voit aussi se profiler la perspective d’une « entreprise providence » : les jeunes attendent de l’entreprise qu’elle nous vienne en aide sur des activités extra-entrepreneuriales, ce qui traduit un rapport de néo-paternalisme avec les entreprises.

    29 % des jeunes

    disent considérer la préservation de l’environnement comme cause prioritaire pour laquelle une entreprise doit s’engager. 1

    Dans les discours, leurs exigences d’engagement envers leurs entreprises semblent confuses et peu concrètes

    Quand on pose la question aux individus par rapport aux responsabilités de l’entreprise, je pense qu’ils répondent plus en tant que consommateurs qu’en tant que salariés. Ils auront tendance à se montrer très exigeants en tant que consommateurs, mais en tant que salariés c’est plus flou, car ça les met eux-mêmes en responsabilité face à leur entreprise, alors que l’entreprise ne leur donne que peu de prise sur ces questions. Globalement, la figure du « salarié éthique » fait partie des aspirations post-matérielles et ne touche que les 20 % de personnes qui peuvent être dans cette posture exploratoire, de progressisme, et in fine de privilégié. Tout le monde ne peut pas se permettre de choisir son entreprise. En fait, on perçoit dans ces entretiens que le rapport au travail change beaucoup moins en termes d’âge ou de générations, qu’en termes de classe économique. Le travail ne prend pas la même place dans la dimension identité de l’individu selon qu’il ait un bac professionnel ou qu’il soit bac+5.

    1 Baromètre Les jeunes et l’entreprise

  • Jeunes et emploi : « C’est particulièrement attirant qu’une entreprise soit moderne »

    Jeunes et emploi : « C’est particulièrement attirant qu’une entreprise soit moderne »

    Romain a mis cette ambition à exécution dès sa sortie d’école et travaille depuis un an en Asie. C’est sa quatrième expérience professionnelle, précédée de deux stages de six mois et d’une expérience d’un an en Île de France. De son côté, Olivier est chargé d’innovation d’un grand groupe d’énergie français. Après ses études d’ingénieur, il intègre cette entreprise dans laquelle il évolue depuis près de 30 ans et recrute régulièrement de jeunes diplômés.

    16 % de jeunes

    projettent d’étudier à l’étranger.1

    Que vous ont apporté vos premières expériences professionnelles ?

    Romain : Tout d’abord, mes premières expériences m’ont permis d’avoir un CV fourni avec de bons éléments permettant d’appuyer mes candidatures dans le domaine que je recherchais, ce qui est toujours mieux que de sortir d’école sans stage. Aussi, d’un point de vue purement professionnel, ça m’a permis de mettre en pratique ce que j’avais appris en cours et de développer des compétences qu’on n’apprend pas à l’école : du relationnel et des compétences transverses comme de la gestion de projet ou le management.

    Olivier : Les critères de recrutement d’un jeune ingénieur sont effectivement le CV, les différentes expériences, mais cela ne fait pas tout. Il y a des choses qui ressortent d’une dimension extra-académique : il va falloir trouver chez le candidat un enthousiasme, une énergie, une ouverture vers le monde extérieur qui n’apparaissent pas dans un CV. Pour ce qui est de la découverte de compétences relationnelles, je pense que c’est une constante indépendamment des cursus universitaires et des générations : les écoles nous aident à penser, mais l’important de l’expérience professionnelle s’acquiert au contact de professionnels et cela tous les jours, depuis le premier jour de travail.

    « Plus d’un tiers des jeunes estiment que leurs compétences servent avant tout à valoriser le CV ». @Jeremie_Peltier revient sur l’enquête commandée par @MacifAssurances et @j_jaures à @BVA_France sur la jeunesse française et son rapport à l’entreprise https://t.co/CPGucsoy0u

    — Usbek & Rica (@USBEKetRICA) March 17, 2022

    De quoi avez-vous besoin pour vous sentir bien dans une entreprise ?

    Romain : L’important pour moi est de faire un travail qui me plaise, dans lequel je puisse m’épanouir, et surtout apprendre. J’espère continuer à me challenger en permanence, monter en compétences et gagner en responsabilité. Je pense qu’au moment où j’atteindrai une limite d’apprentissage dans mon emploi, je ne verrai plus grand intérêt à continuer : il vaudra peut-être mieux que je change d’orientation. Je pense par ailleurs qu’il est essentiel de s’entendre avec ses collègues, car ce sont eux qui nous forment. Cela permet également de savoir vers qui se tourner si on a besoin d’aide. Pareil pour ce qui touche au management : j’ai toujours eu affaire à des managers professionnels et bienveillants, sachant faire la part des choses entre parler travail quand c’est nécessaire, et être proches de leur équipe. J’ai aussi besoin qu’on me laisse beaucoup d’autonomie. Dans mon travail actuel, je fais les heures que je veux tant que le travail est fait, et c’est quelque chose que je valorise beaucoup.

    Olivier : Il faut avoir en tête que plus il y a de demande dans un secteur professionnel, plus les travailleurs sont en mesure de se montrer exigeant sur leurs conditions de travail. C’est ce qu’il se passe dans le monde de l’ingénierie : aujourd’hui, le pouvoir est du côté des diplômés, pas des entreprises. Les jeunes ont donc la possibilité du choix, bien plus qu’il ne l’était quand j’ai accédé au monde du travail. À mes débuts, on arrivait avec relativement peu de critères, tandis que les jeunes ingénieurs sont plus exigeants sur la pertinence de l’activité qui va leur être confiée, l’autonomie, la qualité de vie, la qualité de l’équipe et du management…

    Dans quel modèle d’entreprise pensez-vous être le plus à l’aise pour évoluer ?

    Romain : D’après mon expérience, quand on est dans un grand groupe, c’est un peu quitte ou double : si on tombe sur une bonne équipe c’est parfait, mais si on tombe sur du management un peu laxiste, ça risque d’être compliqué. Souvent, dans des groupes importants, on est un élément parmi tant d’autres, donc on n’a pas forcément tout le support dont on aurait besoin alors qu’on sort tout juste d’école. C’est pour ça qu’au début, je pense que le mieux est d’évoluer dans des entreprises un peu plus réduites et familiales. Le risque, c’est d’avoir moins d’opportunités professionnelles, ou peu de possibilité d’avoir des missions spécifiques, mais il y a plus de chances que ce soit plus confortable humainement.

    Olivier : Nous avons connu plusieurs phases : il y a 20 ou 30 ans, les jeunes cherchaient de grosses PME ou des grands groupes. Puis, à la fin des années 90, tout le monde a voulu intégrer des start-ups. Aujourd’hui j’ai l’impression que ça s’équilibre un peu, que chacun va trouver ce qu’il cherche en particulier dans son expérience professionnelle. Je pense qu’on va trouver des enseignements riches quelle que soit la taille de l’entreprise où l’on va faire sa première expérience. Dans un grand groupe industriel, on va apprendre à réfléchir à grosse échelle, à raisonner grand, efficace, et avec des moyens. On va également pouvoir s’appuyer sur un environnement avec beaucoup de compétences. Mais le corollaire de cela, c’est un peu moins d’autonomie, un peu plus de complexité, un peu plus de lourdeurs administratives, et un peu moins de confiance donnée à un jeune diplômé dans sa capacité à identifier et à promouvoir des solutions qu’il aurait imaginé lui. Dans une petite structure, on pourra accéder à une expérience formatrice parce qu’on va être confronté un peu seul à des problématiques d’ingénieur, mais en revanche on aura pas cette dimension de grande échelle.

    43 % des jeunes

    indiquent que leur attente principale vis-à-vis de leur travail se situe au niveau du salaire. 1

    Une bonne rémunération est-elle un élément décisif pour choisir une entreprise ?

    Romain : Ça ne me motiverait pas à rejoindre une entreprise si elle me proposait un salaire bien en dessous de celui de mes camarades qui sont aussi sortis d’école ou de la moyenne nationale. En somme, c’est une manière de mesurer la valeur de mon travail. Pour moi, l’argent est avant tout une question de sécurité. Cela permet d’une part de vivre tous les jours, mais aussi de faire des projets, comme acheter une maison et d’anticiper des évènements de vie comme un licenciement, un décès, des voyages…

    Olivier : J’observe depuis une dizaine d’années une tendance nouvelle du rapport des jeunes à leur rémunération : les jeunes considèrent qu’ils sont suffisamment payés entre 35, 38, ou 40k. Ils disent qu’ils ont « assez » pour vivre. Il y a un effet de palier sur un salaire minimum, qui garantit une certaine forme de confort et de reconnaissance sur le marché du travail, et à partir duquel le salaire ne devient plus important.

    Lire aussi : « Le revenu représente la valeur de notre travail »

    42 % des jeunes

    disent souhaiter avoir la possibilité de travailler depuis chez eux de temps en temps. 1

    Quelle place donneriez-vous au télétravail dans votre entreprise si vous aviez le choix ?

    Romain : À mes yeux, le format télétravail complet n’est pas quelque chose de viable pour une entreprise : c’est trop important d’avoir un contact réel avec les gens, et je pense qu’à terme, c’est préjudiciable pour le moral de n’avoir aucun contact avec son entreprise et ses collègues, si ce n’est en visio… Je pense que beaucoup de gens se laissent aller quand ils font du télétravail. Et puis le risque, c’est aussi d’oublier qu’on travaille ! À mon sens, ça peut être viable de faire un ou deux jours de télétravail par semaine, mais de manière autorisée et pas obligatoire pour prendre en compte les gens qui préfèrent passer toute la semaine au bureau.

    Olivier : Je doute que Romain soit représentatif de sa génération sur ce point : aujourd’hui, les professionnels de mon entourage me disent que la première question qui est posée à un jeune embauché est : « combien de jours de présentiel et de distanciel souhaitez-vous ? ». Le télétravail touche au lieu où l’on va exercer son activité professionnelle, ce qui est très important car il y a un enjeu autour du confort de vie qui se situe au niveau de la ruralité versus urbanité : est-ce que je vais être obligé de vivre en région parisienne pour travailler en région parisienne, ou est-ce que je peux aller vivre à Orléans ou aux Canaries parce que c’est là que j’ai envie d’être ? A mon sens, cette dimension-là va devenir de plus en plus prégnante dans le futur, jusqu’à devenir un facteur différenciant pour les employeurs

    1 Baromètre Les jeunes et l’entreprise

  • Violences intrafamiliales : quels signaux repérer pour venir en aide aux victimes ?

    Violences intrafamiliales : quels signaux repérer pour venir en aide aux victimes ?

    En 2020, les violences intrafamiliales ont connu une hausse importante suite aux mesures de confinement mises en place par le gouvernement. Le dernier rapport de la Fédération Nationale Solidarité Femmes montre qu’en 2020, près de 100 000 appels ont été pris en charge – ce qui représente une hausse de 22 % par rapport à 2019. Le rapport de la Fondation des femmes évoque quant à lui une hausse de 21 % des féminicides depuis 2019 et une recrudescence générale des violences faites aux femmes depuis le mouvement #Metoo et la libération de la parole qui s’en est suivi. Les chiffres des violences envers les enfants ont eux aussi connu une forte hausse en 2020 : les violences auraient ainsi augmenté de plus de 56 % sur les enfants de moins de 5 ans1.

    Des violences de tout type

    « Si les chiffres semblent se stabiliser suite à la levée des mesures de confinement, ils n’ont pas pour autant baissé de manière significative », souligne Françoise Brie, directrice de la Fédération Nationale Solidarité Femmes qui a pour objectif de venir en aide aux femmes victimes de toute sorte de violence. « Dans la réalité, l’immense majorité des femmes qui viennent rencontrer l’association sont victimes de violence conjugales. » Parmi elles, il faut bien distinguer les violences psychologiques (rabaissement, critiques…), verbales (insultes, cris…), physiques (les plus repérables), sexuelles (du harcèlement au viol conjugal) aux violences économiques, patrimoniales et administratives (confiscation de documents, interdiction de travailler, contrôle des dépenses, par exemple). « Les violences que nous rencontrons le plus fréquemment au sein de l’association sont les violences psychologiques, partage Françoise Brie. Viennent ensuite les violences physiques, mais il faut savoir qu’il y a toujours différentes formes de violences associées. »

    Être attentif aux premiers signaux de violence

    Pas évident pour les proches qui se situent hors du foyer de repérer la violence qui s’y cache. Pourtant, il y a des indices dont l’entourage familial et amical peut être témoin. Pour Françoise Brie : « Le contrôle exercé par l’un des partenaires sur l’autre est le premier signe à repérer. Cela peut se traduire par un conjoint qui répond à la place de sa femme, ne lui laisse pas la parole, ou bien contrôle ses sorties, par exemple. » Les proches peuvent également être dans une posture plus active, en posant des questions.

    « Si la personne réagit avec agressivité aux suspicions, par exemple, ou nie de manière exagérée, cela peut être un signe supplémentaire »

    Françoise Brie, directrice de la Fédération Nationale Solidarité Femmes

    Les signes peuvent être très ténus, selon la situation et la personnalité. Dans un contexte de violences conjugales déjà perçues ou connues, il peut également y avoir des facteurs aggravants, et dans ce cas, les signaux sont à repérer chez l’agresseur : « Quand un homme vient de perdre son travail, un parent, ou bien son statut social, cela peut venir aggraver la situation des victimes. » Et cela ne concerne pas seulement les femmes : dans un contexte de violences conjugales, les enfants sont victimes de violences physiques dans 40 % des cas. « Dire que les enfants ne sont pas concernés est faux : contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce sont les premiers impactés. » La séparation n’est pas non plus synonyme d’un arrêt des violences : « Une fois que la violence ne peut plus s’adresser directement sur l’objet, c’est l’enfant qui devient le vecteur de la violence. »

    Lire aussi : Violences conjugales : comment repérer et aider les femmes victimes ?

    Proche en danger : comment réagir ?

    « Le premier conseil que nous donnons, c’est avoir une qualité d’écoute : ne pas couper la parole, ne pas juger, et laisser la personne dérouler son récit, partage Louise Neuville, chargée de communication pour l’association En Avant Toutes qui lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Ensuite, valoriser la personne, car dans un contexte de violence et d’emprise, les victimes ont souvent une faible estime d’elle-même. Les valoriser, c’est donc leur rappeler qu’elles ont en elles des ressources pour s’en sortir », poursuit-elle.

    « Il faut également être patient : quitter un homme violent, cela peut prendre des mois, voire des années selon les personnes. »

    Anne Joseleau, la directrice de Solidarité Femmes 21 à Dijon

    « Il faut toujours, dans ce cas, redonner le moteur de l’action à la personne et ne pas la forcer ou décider d’entamer des démarches à sa place, ce qui pourrait être contre-productif », rappelle également Anne Joseleau, la directrice de Solidarité Femmes 21 à Dijon.

     

    3919

    Si vous êtes victime de violences ou proches d’une victime, appelez ce numéro ouvert 7j/7 et 24h/24 depuis septembre 2021. En cas d’urgence, privilégiez le 115 ou le 17.

    Enfin, l’entourage comme les professionnels peuvent contacter le 3919 – un numéro d’écoute géré par la Fédération Solidarité Femmes, à la fois pour les femmes victimes de violence, mais aussi pour l’entourage et les professionnels concernés, ou bien le tchat sur le site commentonsaime.fr, mis en place par l’association En Avant Toutes pour atteindre les victimes les plus jeunes : « Aujourd’hui, il y a une femme victime de violence sur 10, mais lorsqu’on descend la tranche d’âge au-dessous de 24 ans, c’est une femme sur 7, et elles ont moins tendance à appeler pour témoigner », explique Louise Neuville. Rappelons toutefois que, ni le 3919 ni le tchat mis en place par l’association En Avant Toutes ne sont valables en cas d’urgence. Ils ne remplacent pas le numéro de la police, le 17 ou le 115 si la victime a besoin d’être logée rapidement.

    Certaines professions sont également plus à même d’agir en cas de suspicions de violence, et dans ce cas, il est possible de se former : à Dijon, Solidarité Femmes organisent des formations pluriprofessionnelles avec des médecins, des pompiers, des policiers, des sage-femmes ou des infirmiers pour « tisser un réseau de partenaires local et mieux comprendre les limites d’intervention de chaque métier et d’éviter, ainsi, à ces professions de se renvoyer la balle », selon la directrice Anne Joseleau. Dans une visée aussi préventive, des associations prennent en charge les auteurs de violences, comme la fédération FNACAV qui regroupe toutes les associations spécialisées pour le suivi des auteurs de violences, et qui a ouvert, en 2003, un numéro national dédié à la prise en charge : 08 019 019 11.

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    La Macif vous soutient.
    Contactez Macif Solidarité Coups Durs au 09 69 32 84 19 (du lundi au vendredi de 9h à 18h et le samedi de 9h à 12h. Appel non surtaxé).
    Renseignez-vous sur les solutions que nous vous proposons.

    1 https://www.chu-dijon.fr/actualites/2021/02/10/violences-confinement