Catégorie : À l’écoute des autres

  • Soutien aux associations : quel est le vrai coût d’un don ?

    Soutien aux associations : quel est le vrai coût d’un don ?


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    Le vrai coût du don

    Pour les organismes d’intérêt général ou reconnus d’utilité publique (1)

    Si vous soutenez une association, une fondation ou une œuvre, telles que SOS Villages d’Enfants, la Ligue contre le cancer, Reporters sans frontières ou la Fondation d’Auteuil, la réduction d’impôt sur le revenu correspond à 66 % du montant des dons, dans la limite de 20 % du revenu imposable de votre foyer. (2) Ainsi, un don de 100 € ne pourrait vous coûter en réalité que 34 €. Les 66 € restants étant déduits de vos impôts sur le revenu.

     

    Pour les organismes sans but lucratif d’aide aux personnes en difficulté (1)

    Si vous avez fait un don inférieur à 546 € sur l’année 2019, dans une association fournissant gratuitement des repas (comme Les Restos du Cœur), des soins médicaux (comme Médecins sans frontières) ou des logements (comme le Secours Populaire), la réduction d’impôt peut aller jusqu’à 75 % du montant donné. Si vous avez été particulièrement généreux et que vous avez donné plus de 546 € en 2019, la partie supérieure du don bénéficiera d’une réduction d’impôt de 66 % en 2020. (2)

    Bon à savoir

    Comment savoir si un organisme est d’intérêt général ou reconnu d’utilité publique ?

     

    Caractéristiques d’une association d’intérêt général (3) Caractéristiques d’une association reconnue d’utilité publique
    • Non lucrative
    • Gestion désintéressée
    • Ouverte à tous

     

    • D’intérêt général
    • Rayonnement dépassant le cadre local
    • 200 adhérents minimum
    • Au moins 46 000 € de recette par an
    • Un montant de subventions publiques inférieur à la moitié du budget
    • Résultats positifs au cours des 3 derniers exercices
    Soutien aux associations : quel est le vrai coût d’un don ?
    Les montants indiqués concernent des dons versés en 2019, pour une réduction d’impôt effectuée en 2020.

    À savoir

    Coronavirus : la défiscalisation des dons élargie pour aider les associations

    Pour faire face à la crise sociale actuelle, le plafond des dons aux associations (d’intérêt général, reconnues d’utilité publique ou oeuvrant en faveur des personnes en difficulté) vient d’être revu à la hausse. Ce dispositif, qui permet de bénéficier d’une déduction fiscale de 75 %, voit son plafond passer de 537 euros à 1 000 euros (4) pour les dons versés en 2020. Cette mesure vise à encourager l’élan de générosité et de fraternité en cette période de crise sanitaire.


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    Quand bénéficier de la réduction d’impôt ?

    Le montant total annuel de vos dons est à indiquer dans la case 7UF ou 7UD de votre déclaration de revenus.

    Depuis la mise en place du prélèvement à la source, les réductions d’impôts relatives à vos dons vous sont désormais restituées en deux fois par l’administration fiscale (5) :

    • Vos dons effectués en 2020 bénéficieront d’une déduction en janvier 2021. Comme le ministère des Finances ne connaîtra pas le montant de vos dons sur l’année 2020, c’est sur la somme de vos dons de l’année 2019 qu’il se basera. L’État vous versera alors un acompte de 60 % du montant de votre déduction de 2019.

     

    • Les dons de l’année 2020 seront déclarés dans votre déclaration de revenus au printemps 2021. En septembre 2021, vous recevrez le solde de votre réduction d’impôt sur la base des dons que vous avez réellement effectués en 2020. Dans le cas où vous donneriez moins qu’en 2019, vous devrez rembourser tout ou partie de l’acompte perçu en janvier.
     
    • Si vous donnez pour la première fois, la réduction d’impôt ne vous sera intégralement remboursée qu’au cours de l’été de l’année suivant votre don.

    Le saviez-vous ?

    Les dons représentent 40 % des ressources de la Ligue contre le cancer. L’association soutenue par la Fondation d’entreprise du groupe Macif redistribue ensuite près de 65 % de son budget total en recherche médicale, prévention, soutien aux malades et autres politiques de santé. (6)

    La Fondation d’entreprise du groupe Macif soutient de nombreuses associations que vous pouvez vous-mêmes soutenir par vos dons. Renseignez-vous !

    L’Essentiel de l’article

    • Faire un don d’argent permet de bénéficier d’une déduction d’impôt sur le revenu.
    • Le montant de la déduction fiscale dépend du type d’organisme soutenu.
    • La réduction d’impôt vous est versée en deux fois sur une année.

    (1) Légifrance, Code général des impôts – Article 200, 2008
    (2) Service Public, Impôt sur le revenu–Dons aux associations et organismes d’intérêt général, 2020
    (3) Ministère de l’Action et des Comptes publics, Mon association est-elle d’intérêt général ou d’utilité publique ?, 2019
    (4) Sénat, Loi de finance rectificative pour 2020
    (5) Ministère de l’Économie, des Finances, de l’Action et des Comptes publics, Tout savoir sur le prélèvement à la source–Réduction d’impôt pour les dons aux associations et fondations, 2018
    (6) Ligue contre le cancer, Rapport annuel 2018 (p. 14), publié en 2019.
  • Mal-logement et solidarité : bricoler grâce à Bricobus

    Mal-logement et solidarité : bricoler grâce à Bricobus

    Avec quelques lacunes en bricolage mais surtout des difficultés financières, Hawa, 33 ans, et Marie-Lou, 53 ans, ont toutes les deux dû mettre un terme aux travaux qu’elles avaient entrepris pour rénover leur logement. L’association Bricobus, lancée par les Compagnons Bâtisseurs, leur est alors venue en aide pour les accompagner, les former et leur donner un petit coup de main pour sortir de la précarité.

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    Solidarité et entraide, maîtres mots de l’association

    Les Compagnons Bâtisseurs, c’est un réseau national né en France en 1957, sur le principe de la construction de logements en chantier participatif. « L’idée était de faire de l’auto-construction, c’est-à-dire de reconstruire des logements, mais avec l’aide de bénévoles et d’étudiants. Aujourd’hui, il existe plusieurs associations régionales en France, même en Outre-Mer », précise Eve Louvet, coordinatrice au sein de l’association régionale Les Compagnons Bâtisseurs Nouvelle-Aquitaine, dont le siège est à Bordeaux. L’objectif de l’association est de favoriser l’insertion sociale et professionnelle par le logement et par les métiers du bâtiment. « Nos valeurs sont la transmission de savoirs et l’entraide, c’est vraiment le système du compagnonnage. Le but étant que les bénévoles comme les bénéficiaires, deviennent plus autonomes, apprennent à faire eux-mêmes et soient capables d’entreprendre seuls de futurs travaux », souligne-t-elle.

    Vous emménagez ?

    La Macif assure votre habitation ! Renseignez vous !

    Chiffre-clé

    Selon l’Anah, l’Agence Nationale de l’Habitat, on compterait en France, en 2019, entre 400 000 et 600 000 logements insalubres répartis un peu partout sur le territoire. (1)


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    Bricobus : un soutien financier pour aller de l’avant

    Le dispositif Bricobus vient principalement en aide aux personnes en situation de précarité ou de mal-logement. « Nous travaillons en collaboration avec les travailleurs sociaux des départements. Ce sont souvent eux qui nous orientent vers les familles en difficulté financière. Mais, les gens peuvent aussi nous appeler directement s’ils souhaitent bénéficier de nos actions. » L’association étudie alors leur situation financière, sociale et technique pour trier les candidatures. « Nous regardons si les personnes peuvent être en capacité physique d’aider ou pas sur le chantier, la nature et l’ampleur des travaux envisagés, etc. Les dossiers passent ensuite en commission, avec nos partenaires. »

    L’association régionale Nouvelle-Aquitaine a soutenu Hawa, 33 ans, mère de deux enfants âgés de 5 et 3 ans. « J’ai vu un reportage à la télévision sur les Compagnons Bâtisseurs à Bordeaux. Je me suis renseignée, et j’ai vu qu’ils étaient aussi présents à Pau, près de chez moi, alors je les ai contactés », explique l’habitante de Ger (64). « Nos revenus fiscaux n’étant pas élevés, ils ont pu nous aider. » poursuit-elle.

    Avec son mari, Hawa rénove une vieille maison. L’an dernier, le couple avait besoin d’aide pour réhabiliter les 70 m2 de plancher, à l’étage. « Mon mari est un ancien ouvrier, mais il n’avait pas le matériel nécessaire pour faire ces travaux. Faire appel à une entreprise nous aurait coûté trop cher », explique-t-elle. Hawa et son mari ont alors déposé un dossier auprès du Bricobus de Pau. « Les Compagnons sont intervenus en juin 2019 pour nous aider à réaliser le plancher. Ils nous ont aussi aidés à financer une partie des fournitures, à hauteur de 90 %. Ils sont bien équipés, professionnels et bienveillants. Nous sommes très contents. En contrepartie, je les accompagnerai sur des chantiers près de chez nous. Si nous n’avions pas eu leur soutien, cela aurait été difficile pour nous de terminer les travaux. »

    Depuis deux mois, Hawa et sa famille ont quitté le mobile home dans lequel ils vivaient pour emménager dans leur maison. « Nous arrivons à la fin des travaux. Il nous reste le parquet dans une chambre et les peintures. On voit le bout », sourit la mère de famille.

    Chiffre-clé

    Pour chaque chantier, le Bricobus propose jusqu’à 10 jours d’intervention et 1 000 € maximum de matériaux pour les travaux. (2)


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    Un dispositif sur mesure, souple et réactif

    La philosophie des Compagnons : « Faire du sur-mesure, être réactifs, être souple, répondre aux besoins des habitants, et ne pas s’enfermer dans un système trop administratif. » Des valeurs qui ont séduit Marie- Lou, 53 ans. « J’ai quitté la Réunion il y a un an car j’avais perdu mon emploi. Je suis rentrée à Pau, où ma famille est installée. Ici, j’ai fait l’acquisition d’un appartement très ancien où il y avait tout à refaire », raconte cette photographe de métier sans emploi. L’ampleur des travaux était considérable pour cette quinqua qui vit seule. Et des devis d’entreprises inaccessibles. C’est à la Maison de l’habitat de Pau qu’on lui a parlé de l’association des Compagnons Bâtisseurs. « J’ai réalisé plusieurs entretiens avec eux. Une petite équipe hypercompétente et très à l’écoute est venue visiter mon logement et repérer ce qu’il y avait de plus urgent à faire comme l’électricité qui n’était pas aux normes. »

    « J’ai beaucoup appris à leurs côtés : je sais monter une prise électrique et bricoler en toute sécurité. C’est inespéré de pouvoir être aidée comme ça, surtout quand on est seule. Cela m’a vraiment boostée. »

    Marie-Lou, 53 ans


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    La force de l’entraide, un regain d’énergie

    Quand les Compagnons Bâtisseurs sont intervenus chez elle, cela faisait déjà trois mois que Marie-Lou habitait son logement. « Je ne savais pas par où commencer, tellement il y avait de choses à faire. Je commençais à désespérer. En plus, chaque fois que je commençais quelque chose, j’étais arrêtée car il y avait un obstacle. Tout prenait du temps, rien ne se terminait. Je pensais ne jamais pouvoir m’en sortir. Les Compagnons sont vraiment arrivés au bon moment. Ils m’ont demandé 10% du montant du matériel. On est allé faire l’achat de fournitures ensemble. Ils sont de très bons conseils. »

    Ces professionnels solidaires ont remis le tableau électrique aux normes. Dans la cuisine, ils ont montré à Marie-Lou les techniques pour poser de la fibre de verre. « Toute seule, j’aurais mis un temps fou et j’aurais fait des erreurs. Maintenant, je vais pouvoir le faire seule sur les murs du couloir et des deux chambres. »

    À son tour, Marie-Lou a donné un coup de main aux Compagnons Bâtisseurs. « J’ai participé à un de leurs chantiers de réhabilitation de mobiliers dans un parc, pendant deux jours. C’était très intéressant, j’ai appris à me servir d’une scie à bois et d’une ponceuse. Cela m’est utile pour poursuivre les travaux chez moi. »

    Exemple de travaux avant/après l’intervention du Bricobus

    Mal-logement et solidarité : bricoler grâce à Bricobus

    Mal-logement et solidarité : bricoler grâce à Bricobus

     

    Le saviez-vous ?

    En plus de l’association Bricobus, la Fondation Macif soutient de nombreuses initiatives solidaires. 

    Renseignez-vous !

    L’Essentiel de l’article

    • Les bénéficiaires participent au chantier et apprennent auprès de professionnels.
    • Les travaux durent jusqu’à 10 jours, pour 1 000 € maximum de matériaux.
    • Les familles intéressées peuvent déposer un dossier auprès de l’association des Compagnons Bâtisseurs de leur région.

    (1) Anah, Mémento de l’habitat privé 2019, p. 2
    (2) Compagnons Bâtisseurs, Les Compagnons Bâtisseurs aident les plus démunis à réaliser leurs travaux gratuitement, 2019
  • “L’autisme de mon fils, une difficulté, pas un frein”

    “L’autisme de mon fils, une difficulté, pas un frein”

    « Matthieu est né le 2 janvier 2002. C’était notre premier enfant. Nous n’avions pas de repères mais je sentais que quelque chose ne tournait pas rond. Tout petit, il ne répondait pas à nos marques d’affection. Nous voyait sans nous voir. C’était une grande souffrance parce que je n’arrivais pas à établir un lien avec mon bébé. À partir de ses 2 ans, je me suis vraiment posé des questions : est-il sourd, aveugle ? »

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    Autisme de l’enfant : quand le diagnostic tarde, l’inquiétude des parents grandit

    « À 4 ans, il ne parlait toujours pas. Les médecins nous disaient de ne pas nous inquiéter, qu’il se mettrait à parler d’un coup. Ce n’est pas arrivé. Nous avons donc consulté des psychologues. Sans plus d’éclairage. Pour certains médecins, il est encore difficile de détecter les signes de l’autisme et d’établir un diagnostic sur cette pathologie complexe et méconnue. J’ai finalement compris toute seule que Matthieu était autiste, grâce à mes lectures et à ma psychologue. Quelques mois plus tard, juste avant ses 5 ans, un médecin spécialiste de l’autisme a confirmé le diagnostic. »

    Le saviez-vous ?

    La Macif s’engage et soutient les aidants au quotidien.

    Le saviez vous ?

    L’autisme touche 4 fois plus les garçons que les filles. (2)


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    Matthieu, un enfant avant d’être un autiste

    « Son orthophoniste nous avait dit que Matthieu ne pourrait pas être scolarisé. Son psychologue, lui, nous encourageait à le mettre dans un établissement scolaire ordinaire. Avec l’appui d’une AVS (auxiliaire de vie scolaire) et grâce à des enseignants ouverts, nous n’avons jamais eu à nous battre pour qu’il soit maintenu à l’école. Même quand il était petit, qu’il ne parlait pas, et qu’il criait au moindre bruit…

    Toutes les familles d’un enfant autiste n’ont pas cette chance, même si le sujet est moins tabou aujourd’hui. Il y a des témoignages, des films, des documentaires sur l’autisme qui sont diffusés. C’est important de faire la pédagogie de cette maladie car lorsqu’on la comprend, c’est moins effrayant. J’ai d’ailleurs constaté que chaque fois que l’on a expliqué que Matthieu était autiste aux enseignants ou autres élèves, ça se passait très bien. Chaque année scolaire, Matthieu la commençait donc en faisant un exposé sur son cerveau autiste à ses camarades de classe. La seule année où il ne l’a pas fait, il a été harcelé par des camarades. »

    « C’est important de faire la pédagogie de l’autisme car lorsqu’on comprend, c’est moins effrayant. »

    Anne Idoux-Thivet


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    Enfant autiste : entre préjugés et vérités

    « Il y a beaucoup d’images véhiculées sur les autistes comme celle, très répandue, qu’ils sont des génies. En réalité, il ne s’agit que d’une petite frange très rare. On pense aussi que les autistes passent leur temps à se rouler par terre en hurlant. C’est faux. Ils ont généralement ces réactions seulement lorsqu’ils éprouvent une intolérance très forte à des stimuli sensoriels. C’est un aspect méconnu du grand public et pourtant fondamental.

    Les autistes souffrent, en effet, d’un problème sensoriel : ils ressentent les stimuli trop forts ou pas assez. Par exemple, Matthieu, étant enfant, se tapait la tête contre les murs quand il percevait certaines fréquences très graves. J’ai mis du temps à le comprendre car ce son était banal pour tout le monde. Pour lui, c’était insupportable au point de ne plus pouvoir verbaliser son mal et parfois faire ce que l’on appelle vulgairement des crises. Chez les autistes, tous les sens peuvent être déréglés, ce qui entraîne une forme d’intolérance à l’environnement finalement. »


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    Le défi avec l’autisme, c’est d’entrer en communication avec son enfant

    « Il fallait réussir à communiquer avec Matthieu. Car l’enjeu est là avec un enfant autiste, puisque le repli sur soi, l’absence de contact social et la non-communication caractérisent ce trouble. Avec mon mari, nous sommes partis du principe qu’il n’y avait aucune raison que l’on communique différemment avec lui qu’avec nos autres enfants, car sa pathologie ne signifie pas forcément qu’il ait une déficience intellectuelle associée. Quand il a commencé à parler, il faisait de l’écholalie, c’est-à-dire qu’il répétait en écho et en différé ce qu’il entendait. Quand il est rentré au CP, nous avons adopté un langage fonctionnel, soit un langage simple et utile de la vie quotidienne, nous permettant ainsi d’échanger avec lui. On s’est alors aperçu qu’il savait aussi lire, sans savoir comment il avait appris. »


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    L’importance de stimuler les enfants autistes pour les faire progresser

    « Souvent, les personnes autistes répètent les mêmes gestes et ont des centres d’intérêts très forts, mais elles ont du mal à acquérir une certaine souplesse. L’aider à être flexible, c’est un point que l’on a beaucoup travaillé avec Matthieu. C’est un équilibre à trouver parce qu’il faut aussi accepter qu’il garde certaines manies qui le rassurent. Par exemple, à 18 ans, il lui arrive encore de jouer avec des peluches dans sa chambre. Ce n’est plus de son âge, mais ça lui fait du bien. Depuis qu’il est tout petit, quand il est très content, il saute en envoyant ses épaules en arrière. Ça non plus, je n’y changerai rien. Il y a quand même une marge de progression. C’est pour ça que nous stimulons beaucoup Matthieu en faisant des jeux de société en famille, entre autres. On en a plus de 200 à la maison ! »


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    Être entouré et garder l’espoir d’une vie normale

    « Aujourd’hui, Matthieu a 18 ans et est en Terminale S. C’est un élève moyen, mais il n’a pas de difficulté à suivre une scolarité traditionnelle. Il est à une étape importante de sa vie : l’après-bac. Il arrive aussi à un âge où l’on se dit qu’il doit côtoyer d’autres autistes. Un ami autiste Asperger, membre d’une association fréquentée par des adultes autistes sans déficiences intellectuelles, a proposé à Matthieu de participer à des ateliers, un samedi par mois. Sentir qu’il n’est pas seul dans les difficultés qu’il rencontre, être avec des personnes plus âgées que lui et susceptibles de lui donner des conseils, ça lui fait beaucoup de bien. De savoir qu’ils ont tous un métier aussi, c’est un espoir pour lui. »

    Chiffre-clé

    Environ 700 000 personnes souffrent d’autisme en France, dont 100 000 ont moins de 20 ans. (1)

    L’Essentiel de l’article

    • Environ 700 000 personnes souffrent d’autisme en France. (1)
    • Les premiers signes apparaissent le plus souvent entre 18 et 36 mois. (1)
    • L’enjeu avec l’autisme est de réussir à entrer en communication avec son enfant.
    • Les autistes présentent une intolérance très forte à certains stimuli sensoriels.

    (1) INSERM, Autisme : un trouble du neurodéveloppement affectant les relations interpersonnelles, 2018
    (2) Pasteur, Autisme (troubles du spectre de l’autisme), 2019
  • FALC, le dispositif pour rendre la lecture accessible à tous

    FALC, le dispositif pour rendre la lecture accessible à tous

    1 C’est quoi le FALC ?

    Le FALC comprend un ensemble de règles d’écriture pour rendre les informations écrites compréhensibles notamment par les personnes qui ont un handicap intellectuel.

    « Le FALC, ou Facile à lire et à comprendre, est une méthode de transcription d’un langage classique en langage compréhensible par tous, explique Barbara Lehmbecker, directrice d’un ESAT dans le Bas-Rhin. Ce langage est basé sur des principes visant à simplifier le vocabulaire utilisé, à rédiger des phrases courtes et simples, et surtout à illustrer chaque propos par des images, des pictogrammes. »

    Ainsi, avec une mise en page lisible, un vocabulaire concret et des phrases courtes et simples, cette technique d’écriture facilite la lecture et la compréhension à ceux qui ont le plus de difficultés à appréhender des supports d’information et de communication.

     

    Exemple d’un texte avant/après méthode FALC (1) :

     

    Avant :  

     

    Après :  

     

    2 Le FALC, une démarche innovante en matière d’inclusion

    Grâce à des informations devenues claires et faciles à comprendre, la méthode permet ainsi à ces personnes de prendre leurs propres décisions, de réaliser leurs démarches seules ou de participer à des évènements. À l’ESAT (Établissement et service d’aide par le travail) du Bas-Rhin, depuis l’utilisation du FALC dans les documents internes, on note ainsi une hausse du nombre de retours des coupons-réponses pour la participation à des événements, par exemple. Une belle preuve de l’efficacité du dispositif !

    Autre exemple avec les bibliothèques. Initié en Bretagne depuis 2013, le dispositif « Facile à lire » vise à amener à la lecture des populations qui en sont éloignées. Désormais, il est élargi au plan national sous l’égide du ministère de la Culture par l’Association des bibliothécaires de France (ABF), l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (Anlci) et la Fédération interrégionale du livre et de la lecture (FILL). Côté culture, des musées, à l’image de celui du Louvre Lens, proposent des livrets où tous les renseignements pour préparer sa visite sont rédigés en FALC. Le FALC favorise ainsi l’inclusion et l’autonomie.

    « Rendre l’information écrite plus simple et plus claire est d’ailleurs une des obligations de la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », rappelle Barbara Lehmbecker, directrice d’un Établissement et service d’aide par le travail.

    Il convient néanmoins de rappeler qu’une population beaucoup plus large est concernée : les personnes dyslexiques, malvoyantes, âgées ou encore celles ne parlant pas ou peu la langue du pays.

    Bon à savoir

    Le Comité Interministériel du Handicap du 20 septembre 2017 s’est donné pour objectif d’ici 2022 de développer l’emploi du FALC dans les administrations publiques. (2)

    3 Le FALC est coécrit avec les personnes handicapées

    Les documents rédigés en FALC sont écrits et validés au sein d’ateliers spécifiques encadrés par des moniteurs, avec la participation de personnes handicapées intellectuelles. C’est le cas d’Antonio Lazzari, qui travaille depuis 2019 à la rédaction de documents en FALC.

    « Ça me plaît. J’ai appris beaucoup de choses en un an. J’ai travaillé en FALC sur des documents variés, par exemple sur la réforme 100 % santé. C’était intéressant pour comprendre mes droits de remboursement et les expliquer aux collègues. Quand c’est en FALC, c’est plus facile à intégrer » indique-t-il. Sinon quand je reçois des documents chez moi, parfois je ne les comprends pas. À la mairie, par exemple, j’avais du mal à remplir les documents pour faire le dossier de ma carte d’identité. » poursuit-il.

    Avant de participer à l’atelier de rédaction de l’ESAT du Bas-Rhin, Antonio a suivi une formation pour utiliser le FALC.

    « Au début, c’était difficile, mais après quelques semaines, j’ai réussi à changer les phrases, à trouver les bons mots pour que les autres comprennent. Par exemple, nous devions expliquer le mot fusion dans un texte. On a expliqué que la fusion, c’est se rassembler, s’associer. »

    « Parfois, il y a des mots qui ne peuvent pas changer dans un texte, alors on les laisse, mais on les explique. Le FALC, ce n’est pas que simplifier les mots, c’est aussi les illustrer par des exemples. Cela permet aussi d’enrichir son vocabulaire. »

    Barbara Lehmbecker, directrice d’un Établissement et service d’aide par le travail.

    En cette période particulière, il est essentiel que les documents importants soient disponibles en FALC, comme l’attestation obligatoire pour sortir de chez soi que vous trouverez ci-dessous.

    L’Essentiel de l’article

    • Le FALC, c’est une version simplifiée d’un texte qui permet d’être comprise par les personnes déficientes intellectuelles.
    • Les textes en FALC sont élaborés avec la participation de personnes handicapées

    (1) Unapei, Livre blanc : Pour une santé accessible aux personnes handicapées, 2013
    (2) Gouvernement, Comité interministériel du handicap (CIH), 2017
  • Comment et pourquoi donner de son sang ?

    Comment et pourquoi donner de son sang ?

    Interventions chirurgicales, cancers, maladies du sang, secours d’urgence suite à une hémorragie… Chaque jour en France, 10 000 dons de sang sont nécessaires1. Il est donc essentiel que les réserves de sang ne s’épuisent pas, quel que soit le groupe sanguin.

    1 623 494 personnes

    ont donné de leur sang en 2018, dont 18 % de nouveaux donneurs. Pourquoi pas vous ?

    Qui peut donner son sang ?

    Vous avez entre 18 et 70 ans ? C’est le premier critère pour être donneur. Vous devez également être en bonne forme physique et peser plus de 50 kg. Pourquoi un poids minimum ? Lors du prélèvement, l’infirmier(e) va extraire environ 400 ml de sang, dans la limite de 8ml/kg. Après un rapide calcul, on comprend : 400/8 = 50.

    Lire aussi : « Les dons de sang et d’organes sauvent des vies » – Témoignages

    Y a-t-il des contre indications pour le don du sang ?

    Donner est un acte généreux mais celui-ci ne doit pas se faire aux dépens de la santé du donneur. Ni aux dépens du receveur qui mérite un sang 100% “sécurisé”. Vérifiez donc que votre état physique vous permettra de prétendre au don.

    Pour cela, vous ne devez pas (entre autres) :

    • être enceinte ou avoir accouché depuis moins de 6 mois avoir eu des soins dentaires dans les 3 derniers jours
    • avoir eu d’intervention chirurgicale dans les 4 derniers mois
    • avoir pris des antibiotiques dans les 2 dernières semaines
    • avoir eu un piercing ou un tatouage dans les 6 mois précédents
    • avoir consommé de la drogue par injection intraveineuse
    • être sous traitement médical administré par voie intraveineuse (diabétique sous insuline par exemple)
    • avoir une infection active transmissible par le sang (VIH, hépatite virale, syphilis…)

    D’autres contre indications existent et sont à examiner au cas par cas : certaines allergies, certaines pratiques personnelles (acupuncture), certaines pratiques sexuelles, un historique de voyage dans des pays où sévissent certaines maladies…

    L’établissement français du sang vous propose de vérifier par vous-mêmes votre éligibilité à donner via un questionnaire rapide. Vous cochez toutes les bonnes cases ? Sachez tout de même que seul l’entretien en personne le jour J déterminera votre capacité à donner.

    Important :si ce n’est pas une contre indication en soi, il est vivement conseillé d’éviter de donner du sang en période de menstruation, en particulier si les règles sont abondantes.

    Le sang donné est-il testé ?

    Le questionnaire est un premier filtre pour limiter les risques de prélever du sang non exploitable. Cependant, afin de garantir au receveur un don “sécurisé”, chaque prélèvement est contrôlé. Les analyses incluent notamment des tests de dépistage du VIH. En cas de détection d’anomalie, vous serez contacté par l’établissement dans lequel vous avez effectué votre don. Seul l’établissement préleveur conservera vos données. Les dons sont anonymes, ainsi la personne qui recevra votre sang n’aura aucune information vous concernant.

    Quand et à quelle fréquence donner son sang ?

    Il n’y a pas vraiment de meilleur moment pour donner son sang, il faut surtout que les réserves soient toujours au vert. La générosité des donneurs s’exprime souvent au moment des fêtes, période propice à la solidarité, ou lors d’événements tragiques majeurs, comme les attentats de 2015. D’autres périodes voient le nombre de donneurs diminuer comme l’été, lorsque l’heure des départs en vacances a sonné. Pourtant, les dons sont bel et bien nécessaires tout au long de l’année !

    Vous avez l’âme généreuse et souhaitez donner régulièrement ? C’est tout à votre honneur. Veillez cependant à attendre au moins 8 semaines entre deux dons de sang, dans la limite de 4 fois par an pour les femmes et 6 fois par an pour les hommes. Il faudra attendre 4 semaines pour entre deux dons de plaquettes (dans la limite de 12 fois par an) et 2 semaines entre deux prélèvements de plasma (maximum 24 fois par an).

    Don du sang et coronavirus

    Les dons de sang pour actuellement particulièrement importants car depuis le début du confinement, le nombre de dons a chuté de 30 %1. Contactez au préalable l’établissement où vous souhaitez vous rendre pour connaître toutes les modalités en amont de votre venue.

    À quoi sert le sang donné ?

    Chaque année, 1 million de personnes reçoivent du sang1. Près de la moitié des personnes transfusées sont soignées pour des maladies du sang et des cancers. Les opérations chirurgicales représentent environ un tiers des besoins en sang. Certains ont besoin d’hémoglobine (globule rouge) pour pallier à une forte anémie par exemple. D’autres de plaquettes, qui permettent entre autres d’arrêter les hémorragies, ou encore de plasma et de globules blancs, en cas de déficit immunitaire grave.

    Où peut-on donner son sang ?

    En France, on compte plus de 130 sites de prélèvement et environ 40 000 collectes mobiles1. Vous pouvez trouver ici le plus proche de chez vous ou de votre lieu de travail.

    Faut-il être à jeun pour faire un don de sang ?

    Non, bien au contraire ! Contrairement à de nombreuses prises de sang pour analyse médicale, vous ne devez pas venir le ventre vide lors de votre don de sang. En effet, vous allez être prélevé d’une plus grande quantité de sang et être à jeun risquerait de provoquer un malaise. Pensez donc à vous hydrater et à vous sustenter avant, en évitant évidemment les matières grasses et les boissons alcoolisées. Une collation vous sera également servie après le don pour s’assurer de votre bonne forme.

     

    1 EFS 2020

    L’Essentiel de l’article

    • Les dons sont nécessaires toute l’année
    • Il faut avoir entre 18 et 70 ans et peser plus de 50 kg
    • Seul l’entretien le jour J déterminera votre capacité à donner
  • Futur chien guide d’aveugle recherche famille d’accueil

    Futur chien guide d’aveugle recherche famille d’accueil

    1 Un rôle accessible à tous

    Vous avez sûrement déjà croisé dans la rue ces chiens guides avec leur maître. Mais savez-vous comment s’est formé ce joli binôme qui permet aux personnes déficientes visuelles de gagner en autonomie ? Tout commence par les familles d’accueil. Un rôle accessible à tous, que vous soyez célibataire, retraité(e) ou que vous ayez des enfants… Pas de souci non plus si vous avez déjà un ou plusieurs animaux de compagnie (chien, chat ou autre !). Au contraire, le chiot apprendra à interagir avec eux ! Avant de vous lancer dans l’aventure, soyez sûr(e) d’être à 100 % disponible ! Intéressé(e) ? Alors prenez contact avec une école de chiens guides à proximité de chez vous et remplissez votre dossier de candidature.

    Le saviez-vous ?

    Chaque année, plus de 200 chiens guides sont remis gratuitement à des personnes non voyantes par la Fédération Française des Associations de Chiens guides d’aveugles (FFAC).(1)

    2 Un éducateur à l’écoute

    Après avoir observé votre environnement, un éducateur vous remettra (si tout lui semble favorable) un cahier des charges et un adorable chiot tout juste âgé de 2 mois ! Mais attention : vous devrez rendre le jeune chien autour de son premier anniversaire pour qu’il soit ensuite formé en école à son futur métier.

    Votre mission ? L’aider à vivre un maximum de situations pour le socialiser. Vous lui apprenez aussi à respecter des consignes : ne pas monter sur le canapé, ni quémander à table, être assis avant d’avoir à manger… Vous êtes accompagné tout au long de votre mission par l’éducateur que vous pouvez appeler en cas de problème. Chaque mois, vous avez un à deux cours collectifs à l’école et une rencontre individuelle avec l’éducateur dans un lieu public, à votre travail ou à l’école. Vous devrez aussi l’emmener en vacances pour l’habituer à vivre des situations qui sortent du quotidien.

    Côté budget, les visites chez le vétérinaire, les soins, la nourriture, le panier, les jouets… tout est pris en charge par l’école. Bien sûr, vous pouvez toujours lui offrir une friandise, une balle ou autre si vous le voulez !

    Bon à savoir

    La FFAC ne perçoit aucune aide publique. Elle existe grâce aux dons. Ceux-ci sont déductibles à 66 % de vos impôts. Ils permettent de subventionner les écoles de chiens guides, la formation des éducateurs, le fonctionnement du centre d’élevage spécialisé et de faire connaître ces services à tous.

    3 Un chiot pour collègue

    Bien sûr, devenir famille d’accueil ne s’improvise pas. Il faut être très motivé et avoir conscience que cela demande une grande disponibilité. Françoise, enseignante auprès d’enfants déficients visuels, s’est intéressée au parcours des chiens qui les guidaient. Et dès que ses conditions de travail le lui ont permis, elle a accueilli un chiot chez elle.

    « Il va en cours avec mes élèves et moi-même au collège. Ça a été un énorme avantage professionnellement. La présence du chiot est réconfortante. Elle remonte le moral de mes élèves », relate Françoise.

    Pour Denis, dont la femme est non-voyante et dispose d’un chien guide, devenir famille d’accueil était une évidence. Une manière de rendre ce qu’ils ont reçu. Pour lui, le plus dur, c’est d’en parler à son employeur. Celui-ci n’est en effet, pas obligé d’accepter. En revanche, son accord est indispensable pour pouvoir passer du temps avec son chiot et donc devenir famille d’accueil.

    « Mon patron n’a pas tout de suite compris pourquoi je devais emmener un chiot au travail. Il m’a dit que je n’en avais pas besoin car je voyais très bien ! », se souvient-il. L’éducateur est alors intervenu pour expliquer que le chiot, particulièrement calme, devait suivre son référent partout. « Au travail, c’est vite devenu la petite mascotte ! Mais il faut mettre des règles avant son arrivée : pas de caresse, pas d’appel. Le chiot doit se préparer à son futur métier et éviter d’être attiré par ces marques d’affection pour garantir la sécurité de son futur maître », explique Denis.

    Le saviez-vous ?

    La Macif propose une assurance santé pour les chiens guides d’aveugle. Renseignez-vous !

    4 Une expérience unique

    Mais à la maison, c’est un chien de compagnie qui adore jouer et être caressé. Attendez-vous tout de même à quelques pipis sur le tapis du salon et barreaux de chaises mordus au passage…

    En tant que futur chien guide d’aveugle, avec son petit gilet, il a le droit de vous accompagner partout. Et les passants risquent fort de vous poser des questions. Succès garanti ! Françoise y voit là une manière de sensibiliser à l’importance de ce rôle méconnu.

    « C’est prenant et il faut bien réfléchir avant de s’engager. Tout prend davantage de temps. Mais c’est pour la bonne cause et c’est une super expérience de vie, de partage. Ça vaut le coup de tenter ! », confie-t-elle.

    Au bout d’un an, le chiot part en école pendant 6 à 8 mois. Les week-ends, il est alors gardé par une autre famille d’accueil. Ça évite de trop s’attacher et facilite la remise à son futur maître. Il passe ensuite son examen pour devenir chien guide d’aveugle. S’il est réformé, il peut, selon les cas, devenir chien policier, chien d’assistance pour les enfants avec des troubles autistiques ou les personnes en fauteuil roulant, par exemple, ou être proposé à l’adoption, y compris par sa famille d’accueil.

    « Ça fait un vide quand on doit le laisser mais on a des nouvelles. On sait qu’il travaille bien et qu’il est heureux », conclut Françoise.

    L’Essentiel de l’article

    • Assurez-vous d’être suffisamment disponible pour accueillir le chiot.
    • Préparez-vous à l’emmener partout, même au travail !
    • Nourriture, soins, matériel… Tous les frais sont pris en charge.
    • Au bout d’un an environ, vous devrez le rendre.

    (1) Fédération Française des Associations de Chiens guides d’aveugles

  • Comment vivre avec un handicap ?

    Comment vivre avec un handicap ? Réponse avec Axel Alletru.

    Malgré mon jeune âge, j’ai eu plusieurs vies. Après un début sportif en BMX où j’ai été champion d’Europe à 6 ans, je me suis lancé dans le motocross où j’ai franchi les échelons pour devenir champion du monde junior avant 20 ans. Jusqu’à ce fameux jour, lors des championnats du monde en 2010 en Lettonie où je suis devenu paraplégique suite à une mauvaise chute. Aujourd’hui, contre toute attente et grâce à une rééducation physique et mentale acharnée, je remarche. Je me suis reconverti dans la natation handisport et suis même 12 fois champion de France, champion d’Europe et recordman sur plusieurs distances.

    Comment se détacher du passé et du traumatisme ?

    Le passé peut rassurer. On se raccroche à une situation agréable, on peut être nostalgique. On peut se dire « c’était mieux avant l’accident ». Seulement avant… C’était avant ! La machine à remonter le temps n’a toujours pas été inventée, donc se cacher dans des souvenirs ou rester bloqué dans le passé n’aide pas, bien au contraire. Notre subconscient et notre cerveau ont alors tendance à faire resurgir des émotions de tristesse, parfois d’échec ou de manque, ce qui influence de façon négative notre capacité à rebondir, à réfléchir positivement et à voir plus loin.

    Afin de pouvoir avancer, voici 2 étapes majeures selon moi :

    Accepter sa situation : c’est comprendre les choses comme elles sont réellement et accepter de devoir avancer avec ces nouvelles données

    Pardonner et se pardonner : ici on parle à la fois du pardon vis-à-vis de soi-même mais aussi vis-à-vis des autres. Juste après mon accident, je ne me suis pas dit « j’aurais dû lâcher l’accélérateur… » ou « c’est à cause du mécano ou les services d’urgence en Lettonie » ; j’étais déjà dans l’optique que ce qui est fait est fait. Je me suis donc concentré sur les choses que je pouvais encore changer, à savoir ma rééducation.

    Comment gérer son état mental face au handicap ?

    Apprendre à gérer ses émotions

    Si votre mental est enseveli sous une montagne de stress et de pensées négatives, il va vous être beaucoup plus difficile d’avancer. Maîtriser ses émotions signifie ne pas s’emporter pour des choses futiles. Il est préférable de canaliser les émotions négatives et éviter de s’énerver en abordant un discours positif et constructif.

    Je me souviens qu’après mon accident, mes parents m’avaient caché la radio de ma colonne vertébrale, car mon père, me connaissant, savait que voir cette radio risquerait de me mettre dans un état émotionnel mitigé et négatif. Il ne me l’a montré qu’à ma sortie du centre de rééducation. En y repensant, s’il me l’avait montré juste avant ma rééducation, j’aurais surement eu beaucoup plus de mal à me concentrer sur mon nouvel objectif.

    Se projeter grâce à la visualisation

    Une bonne partie de ma rééducation a été mentale et passait par la visualisation. Cette technique consiste à se représenter une situation ou un concept.

    Chaque jour, plusieurs fois par jour, je m’imaginais en train de remarcher et j’essayais de ressentir toutes les sensations liées à cette image mentale.

    Axel Alletru

    C’est un exercice qui demande beaucoup de patience, de concentration et une régularité exemplaire. Il ne faut pas s’attendre à voir des résultats dès la première visualisation. Mais à force de répéter cet exercice plusieurs fois par jour même durant les moments de somnolence, durant des mois, j’ai pu habituer mon subconscient à ce souhait fort de remarcher. Et lorsque j’ai entamé la rééducation physique, mon mental était déjà prêt, j’ai eu plus de facilité à récupérer et par conséquent à remarcher.

    Soigner ses phases de sommeil et de repos

    À force de trop en demander, notre corps et notre mental risquent d’être surmenés et donc épuisés ! C’est durant notre sommeil que notre organisme se renouvelle, il est capable de produire de nouvelles cellules venant remplacer les cellules mortes. En plus de cela, c’est à ce moment-là que le cerveau trie, intègre et assimile les différentes informations emmagasinées tout au long de la journée. En manque de sommeil, vous vous apercevez souvent que vous avez du mal à exécuter les tâches qui sont habituellement faciles. C’est pourquoi il faut le laisser se reposer assez régulièrement entre deux activités pour qu’il puisse recharger ses batteries.

    Comment se réapproprier son corps après un accident ?

    J’ai la chance d’avoir un ami d’enfance devenu orthoprothésiste. Ensemble, nous avons créé une attelle qui me permet aujourd’hui de tenir debout, de marcher, de faire du vélo… Maxime était venu avec son père au centre de rééducation pour prendre les mesures et la forme de mes pieds. Après plusieurs essais, nous avons réussi à développer une attelle qui me permet de tenir mes chevilles à 90°, et donc de pallier au manque de fonctionnement de mes muscles. Des années après ses premières attelles expérimentales, nous avons pu développer différente exemplaires qui s’adaptent à la nature du terrain, à la température ambiante, au style vestimentaire, etc.

    Lire aussi : Nouvelles technologies et handicap, de nouveaux espoirs

    Intégrer le sport dans sa routine quotidienne L’un des moyens qui m’a aidé à me reconstruire après mon accident était le sport. Toute ma vie, j’ai été un sportif de haut niveau. Mais après mon accident, je ne savais pas si je devais reprendre les études, trouver un travail ou replonger dans un univers que je connaissais déjà : le sport.

    Heureusement, le programme de rééducation incluait des séances de natation. Je me sentais alors très bien dans l’eau, je retrouvais quelques sensations du passé et surtout je me sentais à nouveau valide à nouveau.

    Après ma rééducation, j’ai décidé de me lancer un défi fou : aller aux jeux paralympiques de RIO 2016.

    Il fallait redonner un sens à ma vie, pour me motiver à me lever tous les matins et à être enthousiaste.

    Le sport m’a alors permis de me reconstruire socialement, de rencontrer de nouvelles personnes et de créer de nouvelles opportunités. Qu’on soit sportif de haut niveau ou sportif du dimanche, c’est très important d’intégrer le sport dans sa routine quotidienne, cela permet de fortifier son physique et son mental.

    Aujourd’hui, j’essaie également de me réinventer à travers les réseaux sociaux en partageant mon histoire et en essayant d’inspirer le maximum de personnes.

  • Coworking, la clé des champs ?

    Coworking, la clé des champs ?

    Cinq jours sur sept, Iris enfourche son vélo lesté de deux loustics : son cadet est calé sur le siège arrière tandis que son aîné, six ans, est attelé à un petit deux-roues. Par le chemin de Canoha, qui file à travers les collines pyrénéennes, cette traductrice indépendante quitte son village pour parcourir la poignée de kilomètres qui la séparent de Prades (66), cité de 6 000 habitants. Après dépôt de sa cargaison aux écoles, direction « El Quadrat », un espace associatif de travail partagé, dans le centre-ville pradéen. Iris le fréquente assidûment depuis sa création, quatre ans plus tôt. « Nous sommes une quinzaine : un photographe et documentariste, un webmaster, des couturières, une chargée de sensibilisation à l’environnement, une marionnettiste, une architecte… » détaille la trentenaire.

    Des profils divers, pour un même objectif : mettre en commun des outils de travail et, surtout, rompre la solitude et le « grand silence » qui plombent parfois les journées des indépendants et des télétravailleurs.

    « J’échange par mail avec mes clients. Avant El Quadrat, je souffrais de n’avoir de communication professionnelle que virtuelle, »

    se souvient Iris

    Le coworking, une alternative intéressante

    Au fil des ans, cette absence de relations sociales au travail et ces longues heures passées devant l’écran lui deviennent pesantes, au point d’envisager une reconversion. Alors quand elle découvre une annonce pour un bureau partagé sur Facebook, elle saute sur l’occasion. « Sans cela, j’aurais peut-être abandonné la traduction », confie-t-elle.

    Parti d’une initiative privée, El Quadrat a suscité l’intérêt des élus locaux. « Le propriétaire de l’espace voulait vendre, mais l’association n’avait pas la capacité d’investir. La mairie a donc décidé de racheter les lieux », explique Bruno Ferraris, chargé de mission développement économique au sein la Communauté de Communes Conflent Canigó.

    L’objectif est de garantir la pérennité de l’activité, tout en maintenant des prix accessibles : 40 euros par personne et par mois, wifi compris. Un « super tarif », de l’avis d’Iris, « nécessaire » au vu de la précarité de certaines professions accueillies. Aujourd’hui, El Quadrat est complet, et cinq personnes se sont déjà inscrites sur liste d’attente. Un succès que relativise Bruno Ferraris :

    « C’est une dynamique intéressante, mais je doute que ce type d’espace impacte significativement le territoire. Je le vois plutôt comme un service à destination des créateurs d’emplois.»

    D’autres, plus optimistes, veulent voir là une piste pour dynamiser la ruralité, en activant des leviers économiques, mais aussi écologiques et sociaux. Il faut dire qu’avec l’essor du statut d’indépendant, essentiellement dans les services (1) et l’augmentation du télétravail, les tiers-lieux ont la cote.

    Tiers-lieux ?

    Entendez un site intermédiaire entre le bureau traditionnel et la maison. Le terme, très en vogue depuis quelques années, n’est pas tout à fait neuf. Il est né en 1989 sous la plume du sociologue américain Ray Oldenburg qui, dans son ouvrage The Great Good Place, développait l’idée de nouveaux espaces favorisant les rencontres. Depuis, le concept a fait des émules.

    En France, la Datar (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale, aujourd’hui remplacée par Le Commissariat général à l’égalité des territoires) a lancé dès la fin du XXe siècle plusieurs initiatives pour redynamiser la ruralité, dont les « télécentres », mais sans susciter beaucoup d’enthousiasme. Il faut attendre les années 2010 pour que le déclic ait lieu.

    Aujourd’hui, selon la mission ministérielle « Coworking : Territoires, Travail, Numérique », 1 800 tiers-lieux existent dans l’Hexagone et outre-mer. Prenant acte du phénomène, le gouvernement a mis en place l’an dernier un plan de 110 millions d’euros pour encourager ces espaces partagés. À rebours des clichés, ils sont loin d’être exclusivement citadins.

    « Dans la ruralité, le coworking vise principalement à éviter les déplacements pendulaires, c’est-à-dire les trajets domicile-travail, qui coûtent cher, et à sortir de l’isolement. En centre-ville, où l’affluence est plus importante, la recherche de partenariat sera davantage un moteur, »

    analyse Lauren Baceiredo, doctorante et chargée d’études au sein de Relais d’entreprises

    Ce cabinet de conseil créé en 2012 accompagne les collectivités territoriales désireuses de développer des tiers-lieux. Son crédo : des bureaux individuels meublés et connectés, au plus près de l’habitat, pour contrer les déséquilibres territoriaux.

    L’enjeu est pressant : le coût du logement dans les métropoles grimpe, repoussant une partie importante de la population vers les zones péri-urbaines, alors que l’offre de travail reste concentrée à 80 % dans les pôles urbains…

    Relocaliser l’emploi permettrait donc de réduire l’énergie, le temps et l’argent dédiés aux transports.

    « Les actifs vont aussi consommer localement et être plus présents socialement pour faire vivre une association ou consacrer du temps à leurs enfants par exemple, »

    observe Lauren Baceiredo, chargée d’études au sein de Relais d’entreprises

    Mission accomplie à Grenade, commune de 8 000 habitants de Haute-Garonne accompagnée par Relais d’entreprises : dans les anciens locaux d’une école maternelle, un petit tiers-lieux de quatre bureaux affiche complet. Cécile est l’une de ses occupantes. Cette graphiste salariée y télé-travaille deux jours par semaine : elle s’y rend à pied et évite ainsi 184 km aller/retour de trajet quotidien pour se rendre à son entreprise, à Albi. Ce confort a un coût : ici, comptez 120 euros par mois pour seulement un jour d’utilisation hebdomadaire.

    « Je crois que pour qu’un tiers-lieu fonctionne, il faut que la puissance publique le subventionne », défend la chargée d’études de Relais d’entreprises. La démarche n’est pas sans risque : certaines sociétés peuvent tenter de développer le télétravail aux frais des collectivités publiques pour économiser sur leurs charges foncières…

    « L’employeur doit payer la location du bureau pour son salarié : c’est ce que nous prônons. Mais la bataille reste à mener, » reconnaît Lauren Baceiredo.

    (1) https://www.insee.fr/fr/statistiques/4199203

  • Donner sans y penser : microdons pour grands effets

    Donner sans y penser : microdons pour grands effets

    1 Pour donner, passez à la caisse

    Pour les têtes en l’air, les indécis ou les overbookés, il existe aujourd’hui des alternatives aux dons en espèces et au chèque envoyé une fois l’an à une association. En 2020, on peut soutenir de nobles causes tout en faisant ses courses. Comment ? Grâce à « l’Arrondi » que certains magasins, grandes enseignes, chaînes et sites e-commerce vous proposent sur vos achats. Le principe est simple : au moment de payer par carte bancaire, on vous propose d’arrondir à l’euro supérieur. La différence est versée directement à l’association soutenue par le commerçant et indiquée sur le terminal de paiement.

    Bon à savoir

    Comme tous les dons aux associations, ces microdons sont déductibles des impôts à condition d’atteindre au moins 5 euros par an (3). Le reçu fiscal est à demander en ligne sur présentation des tickets de caisse ou reçus de carte bancaire.

    Le saviez-vous ?

    2 Le don sur salaire ou relevés de compte, la générosité à la source

    762 542 euros

    ont été collectés en 2017 grâce au don sur salaire. (5)

    3 Plantez des arbres avec votre clavier

    Naviguez sur le web en mode plus « green » ? C’est possible grâce aux moteurs de recherche plus écoresponsables et engagés, tel que Ecosia, Lilo et Ecogine. Vous n’avez rien à payer et aucune inscription n’est à entreprendre. Vous pouvez donc effectuer vos recherches comme vous en avez l’habitude. La seule chose qui change avec ces moteurs plus écolos, c’est qu’ils vous permettent par exemple de planter un arbre (77 millions d’arbres ont déjà été plantés avec Ecosia (6)) ou encore de soutenir des projets sociaux ou environnementaux, des associations ou des ONG, puisque les recettes publicitaires générées par vos requêtes leur sont en partie reversées.

    L’Essentiel de l’article

    • L’arrondi permet de faire des microdons sur salaire (1), sur un relevé bancaire (2) ou lors de vos achats.
    • Il existe des moteurs de recherche solidaires qui soutiennent des associations.

  • Super Cafoutch, la petite coopérative marseillaise peu chère

    Super Cafoutch, la petite coopérative marseillaise peu chère

    1 De l’ambiance au rayon bio

    Inspiré du supermarché coopératif parisien La Louve, soutenue par la Fondation d’entreprise du groupe Macif, le Super Cafoutch marseillais revendique haut et fort son ambition : permettre à ses adhérents de manger mieux pour moins cher. Une ambition qui mobilise chacun des coopérateurs, qui s’engagent à donner trois heures de leur temps chaque mois.

    Pour Charlotte Juin, coopératrice, le Cafoutch n’a rien à voir avec un supermarché classique : « C’est beaucoup plus convivial et les gens adorent ! Ici, toutes les personnes qui travaillent à la caisse, à la mise en rayon ou à l’accueil sont des coopérateurs, donc bénévoles. Chacun donne trois heures de service par mois à la coopérative pour assurer les tâches de son choix nécessaires au fonctionnement du magasin, et ça, ça change tout ! »

    Mais les adhérents ne recherchent pas seulement une atmosphère chaleureuse. Ils sont aussi les premiers acteurs et bénéficiaires d’une offre principalement bio, abordable et locale puisque les produits sont sourcés auprès de producteurs et entreprises de la région PACA ou d’Occitanie.

    « Quand le bio ou le local sont chers, on propose toujours une alternative conventionnelle (donc non bio, ndlr) pour que tout le monde puisse s’y retrouver. Le critère prix entre vraiment en ligne de compte chez nous, insiste Charlotte. On essaye aussi de s’adapter aux habitudes alimentaires des habitants du quartier. L’idée, c’est avant tout de rester un commerce de proximité. »

    Le saviez-vous ?

    « Cafoutch » est un mot marseillais qui désigne une sorte de débarras.

    J’adore aller au Cafoutch : les produits sont de bonne qualité et les gens sympathiques : il y a toujours une bonne ambiance ! Vivement l’étape suivante !

    Laure, coopératrice et cliente

    2 Mini Cafoutch deviendra grand

    Encore au stade de l’épicerie pilote (« Mini Cafoutch » pour les intimes), les coopérateurs souhaitent passer à la vitesse supérieure, sans dénaturer l’ADN du projet.

    « Chez nous, la gouvernance est partagée et toutes les idées et initiatives émanent du terrain. Les décisions sont votées en assemblée générale », poursuit Charlotte Juin.

    Outre le travail à l’épicerie, chacun peut amener ses compétences pour que le Super Cafoutch voie le jour au plus vite.

    « Nous sommes aujourd’hui en recherche active d’un local pour ouvrir le supermarché. Bien sûr, il y aura des travaux à faire pour l’aménager. On va s’appuyer sur l’expertise et les conseils de deux de nos coopérateurs bénévoles qui sont architectes. Pour eux, ça fait partie de leur engagement ! De mon côté, je m’occupe de la communication : on fonctionne au bouche-à-oreille, mais on communique aussi beaucoup au niveau local via des réunions d’information, la presse locale et les réseaux sociaux. »

    Comme partout ailleurs en France, Marseille se met à l’heure de la consommation coopérative, pour le plus grand bonheur des participants !

    Le saviez-vous ?

    La Fondation d’entreprise du Groupe Macif soutient Super Cafoutch, et plein d’autres initiatives d’économie collaborative !

    Les supermarchés coopératifs en France

    L’Essentiel de l’article

    • Super Cafoutch est un projet de supermarché coopératif principalement bio et local qui ouvrira en 2020 à Marseille.
    • Les coopérateurs peuvent déjà faire leurs courses à l’épicerie pilote du projet.
    • Chaque coopérateur s’engage à hauteur de trois heures de service par mois.