Catégorie : Du vert dans nos vies

  • Les jeunes consomment-ils différemment que leurs aînés ?

    Les jeunes consomment-ils différemment que leurs aînés ?

    Dis-moi quel âge tu as, je te dirai comment tu consommes

    On les imagine smartphones de seconde main en poche, sapes solidaires sur le dos, sneakers à impact positif aux pieds, encas vegan dans le ventre : à en croire les imaginaires, les jeunes formeraient un groupe homogène de consommateurs éveillés et responsables. C’est du moins ce que l’on pourrait déduire de la médiatisation de cette “génération Greta Thunberg”, marcheuse pour le climat, politiquement verte, adepte de Vinted et Biocoop, vent debout contre l’ancien monde des entreprises et celui des “boomers”.

    De fait, la prise de conscience existe bien chez certains : Romain, 24 ans, responsable de communication interne dans un fond d’investissement parisien, explique ainsi que ses habitudes de consommation ont évolué ces dernières années : « J’ai réellement plus conscience de mon impact écologique. J’achète beaucoup moins de produits transformés pour l’alimentation. Je n’achète plus ou alors très peu de vêtements issues du fast fashion par rapport à avant ». Maxime Delavallée, se félicite lui de rassembler 50 000 visiteurs actifs chaque mois sur le site de sa boutique en ligne de vêtements vintage de seconde main CrushOn. « Dans les nombreux retours de nos clients, la satisfaction provient à la fois de l’acte militant d’acheter de la mode de seconde-main sourcée par des commerçants indépendants à taille humaine, et de l’unicité stylistique et au glamour de porter du vintage » témoigne-t-il.

    Lire aussi : Comment consommer la mode de façon responsable ?

    Pourtant, il suffit de se pencher plus sérieusement sur les chiffres pour constater que ce seul constat est loin d’être pleinement représentatif des comportements d’achat des représentants de la jeunesse. Fin 2019, le Crédoc concluait son étude « Consommation et modes de vie » pour l’ADEME en notant que « les jeunes ont de fortes inquiétudes mais leurs comportements restent consuméristes ». Bien que l’environnement soit en tête de leurs préoccupations, ils sont toujours plus enclins à prendre l’avion et à faire les soldes que le reste de la population, et moins prêts qu’eux à calmer leur cadence d’achats. Laurène, 21 ans, étudiante à l’Ecole de Sage-Femme de Dijon, concède par exemple qu’elle « achète beaucoup plus de choses dites non essentielles (vêtements, produits multimédias…) » que ses parents, « alors qu’eux, qui avaient souvent moins de moyens, se concentraient sur des choses indispensables (voiture, loyer…) ».

    Les jeunes sont-ils touchés par une forme d’hypocrisie ? Non : c’est plutôt que les termes du débat sont mal posés.

    À la recherche du consommateur parfait

    « Jeune ou pas, personne ou presque ne fréquente exclusivement McDonald’s, ou exclusivement des Salad Bars vegan et il nous arrive tous de nous retrouver dans la situation de récupérer un panier d’Amap sur le chemin d’Ikea ou une commande Amazon en même temps qu’un colis Vinted » rappelle l’essayiste Jean-Laurent Cassely, spécialiste des tendances urbaines et nouveaux modes de consommation. « Dans une étude que j’ai pu mener avec l’ObSoCo (ndlr : Les jeunes urbains créatifs, contre-culture ou futur de la consommation, ObSoCo, 2018), on s’est demandé si les jeunes diplômés qui incarnent souvent l’avant-garde dans les médias étaient plutôt alter-consommateurs ou hyper-consommateurs : en fait la plupart des gens sont tiraillés entre ces deux modèles, et rares sont ceux qui ont un profil “pur ». »

    « Ce qui est clair c’est que l’alter-consommateur modèle ne correspond pas forcément aux comportements des “vrais gens”, y compris parmi les fameux Millennials »

    Jean-Laurent Cassely, spécialiste des nouveaux modes de consommation

    Quand on pose la question aux principaux intéressés, il est effectivement difficile d’obtenir des réponses tranchées : à choisir s’ils sont plus portés sur la fête commerciale du Black Friday ou son boycott, le Green Friday, Romain répond « ni l’un ni l’autre », Laurène « entre les deux extrêmes » et Léa, 27 ans, consultante en communication dans une agence parisienne, « les deux ».

    Pour beaucoup, cette ambivalence traduit en fait la mise en place d’un mécanisme de balancier, qui consiste à contrebalancer sa consommation non-raisonnable par des achats vertueux. « C’est un jeu des compensations qui s’observe beaucoup dans le discours de l’alter-consommation, précise Jean-Laurent Cassely. Plus on prend l’avion, plus on va chez McDo, et plus il faudra acheter des produits verts ou en vrac pour compenser ». Un constat qui abonde dans le sens du raisonnement de Romain, qui avoue « compenser avec des actions quotidiennes comme le tri des déchets ou le recours à l’économie circulaire » son « addiction à tout ce que peut apporter l’uberisation (commandes de nourriture, VTC) ».

    Lire aussi : Économie circulaire et collaborative : quels sont les enjeux ?

    D’ailleurs, un même comportement d’achat peut dissimuler des aspirations bien distinctes. Le fait de moins consommer, par exemple, peut cacher à la fois un sens des responsabilités aigu comme un simple manque de moyens. « On observe notamment du côté de la jeunesse ce qu’on appelle des comportements de transition, analyse Jean-Laurent Cassely. Si les jeunes n’ont pas de voiture ou qu’ils ne sont pas propriétaires de leur logement, c’est parfois tout simplement parce qu’ils ne sont pas stabilisés dans vie d’adulte, et qu’ils n’en ont pas encore besoin ». Un constat confirmé par une étude menée par le chercheur Richard Grimal sur une cohorte de jeunes français, dans laquelle il atteste que « les opinions et les attitudes de la génération Y ne jouent aucun rôle » dans le fait que les jeunes utilisent moins la voiture que leurs aînés, et que l’explication est plutôt à chercher du côté de leur non-entrée dans la vie d’adulte et dans l’obtention des moyens financiers qui l’accompagne. « Pour résumer, on peut dire que les jeunes prennent dès qu’ils le peuvent le même pli que les fameux boomers que l’on accuse aujourd’hui de tous les maux sur la consommation » ironise Jean-Laurent Cassely.

    « Un jeune, c’est un être humain pas très différent des autres »

    Jean-Laurent Cassely

    De la conso au discours : où est le fake ?

    C’est donc surtout dans les discours que la confusion règne. D’abord parce que saisir “les jeunes” comme un groupe uniforme est vain. Dans son livre Millennial Burn-Out (Arkhé, 2019), Vincent Cocquebert confirme que « derrière cet énième mythe générationnel » se cache « une armée de marketeurs et autres consultants avides d’alimenter la machine à poncifs pour faire tourner un juteux business ».

    Et pose, in fine, la question : « Et si les millennials n’existaient pas ? ».

    Mais la confusion vient aussi et surtout du fait que les projecteurs n’ont tendance à ne se braquer que sur une seule facette des modes de consommation. « Dans les faits, c’est souvent la recherche du meilleur prix qui l’emporte, mais dans le discours, c’est l’écologie, l’éthique ou la consommation responsable qui prend le pas, observe Jean-Laurent Cassely. La raison à cela, c’est que les catégories culturelles monopolisent le discours sur la consommation, alors que celles et ceux cherchent simplement le meilleur objet au meilleur prix ne prennent pas la parole ; non pas parce que ce modèle est honteux mais il ne fait pas l’objet d’un discours et d’une philosophie ».

    Dans son livre co-écrit avec la sociologue et directrice de recherche au CNRS Monique Dagnaud, Génération surdiplômée, les 20 qui transforme la France (Odile Jacob, 2021), Jean-Laurent Cassely rappelle ainsi que seul un Français sur cinq a un master ou le diplôme d’une grande école en poche, mais que ce petit groupe des 20% se retrouve aux manettes des prescription de tendances. Les modes de consommation semblent donc moins une question d’âge qu’une question de catégorie socio-professionnelle.

    Et si hypocrisie il y a, elle ne vient pas des jeunes, mais de son élite culturelle. « Depuis que la société de consommation existe, les intellectuels français s’y opposent, confirme Jean-Laurent Cassely. Il y a un décalage immense entre le discours critique sur la consommation et la place qu’elle occupe dans la société : la France est le second marché de McDonald après les US, la grande distribution traditionnelle, le discount et Amazon s’y sont très bien implantés, mais la condamnation de la “société de consommation” continue d’être la position dominante dans les médias et parmi les intellectuels, ce qui a tendance à creuser l’écart avec les consommateurs lambda qui sont pourtant conscients pour beaucoup des limites du consumérisme, mais en tirent également des satisfactions réelles ».

  • Comment calculer son empreinte carbone ?

    Comment calculer son empreinte carbone ?

    Au quotidien, que ce soit lors de vos déplacements, au travail ou encore à la maison, vous faites des gestes simples qui ont pourtant un impact important sur le climat. Que ce soit individuellement ou par le biais des entreprises qui fabriquent vos biens (vêtements, voiture, électroménager, alimentation…), vous émettez des gaz à effet de serre, qui contribuent au réchauffement climatique. Heureusement, l’empreinte carbone est un outil qui permet de mesurer votre impact environnemental et ainsi de revoir vos habitudes.


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    Comment calculer son empreinte carbone ?

    En analysant vos gestes du quotidien, vous pourrez connaître approximativement votre empreinte carbone, exprimée en équivalent CO₂ (CO₂e). Le calcul repose notamment sur 4 grands axes :

    • L’alimentation : mangez-vous des aliments de saison et plutôt locaux ? Des produits d’origine animale ou végétale ? Limitez-vous au maximum le gaspillage ? Voici quelques questions à vous poser pour découvrir si vous pouvez réduire votre empreinte carbone à table.
       
    • Les transports : quels moyens utilisez-vous pour vous déplacer et à quelle fréquence ? Privilégiez-vous plutôt le train à l’avion ? Le vélo à la voiture ?
       
    • La maison et l’énergie : votre logement est-il construit avec des matériaux écologiques ? Quelle est sa performance énergétique ? Quel type de chauffage utilisez-vous ?
       
    • La consommation et le style de vie : avez-vous des appareils électroniques à la maison ? À quelle fréquence les utilisez-vous ? Sont-ils gourmands en énergie ? Achetez-vous vos vêtements plutôt de seconde main ou préférez-vous des produits neufs ? Êtes-vous un adepte du zéro déchet ?
       
    Comment calculer son empreinte carbone ?

    Le saviez-vous ?

    Un Français émet en moyenne entre 8,2 tonnes de CO₂e par an(2) ! Nous sommes donc encore très loin de l’objectif de neutralité carbone pour 2050, fixé par l’Accord de Paris lors de la COP21(3) en 2015. Raison de plus pour agir vite !


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    Quel calculateur utiliser pour mesurer son empreinte carbone ?

    Le calcul des émissions de CO2 correspond à la quantité que vous consommez multipliée par le facteur d’émission (transport, logement, consommation, alimentation). Rassurez-vous, il existe différents outils en ligne qui permettent de calculer automatiquement votre empreinte carbone :

    • Nos gestes climat de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) : un simulateur simple d’utilisation et public qui permet d’évaluer votre empreinte carbone individuelle sur une année, le tout par grandes catégories (alimentation, transport, logement, services publics, numérique…).
       
    • Le calculateur d’empreinte écologique WWF : grâce à un questionnaire à choix multiples, vous pouvez définir votre empreinte carbone, le tout ponctué de quelques conseils et astuces pour réduire votre empreinte écologique personnelle.
       
    • Le calculateur CO2 Reforest’Action : il s’appuie sur les données fournies par l’ADEME et se divise autour de trois grands axes (transports, habitation, consommation). Le plus ? Vous pouvez contribuer financièrement pour le climat en convertissant votre empreinte carbone en crédits carbone, qui serviront à financer un projet de solidarité internationale.
       
    • L’empreinte écologique de Footprintcalculator : grâce à un questionnaire simple, découvrez quel est votre “jour personnel du dépassement”. Le jour du dépassement est le jour de l’année où l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la planète peut régénérer en un an. En 2021, par exemple, ce “dépassement” a eu lieu le 29 juillet.
       
    • Le diagnostic voyage ou annuel de Good Planet : en quelques clics vous pouvez évaluer les émissions de gaz à effet de serre liées à un voyage ou à vos consommations et déplacements annuels.
       
    • D’autres outils existent pour connaître votre empreinte écologique, comme CoolClimate, Selectra

    LE SAVIEZ-VOUS ?

     La Fondation Macif soutient de nombreuses initiatives dans l’économie circulaire !

    L’Essentiel de l’article

    • Le calcul de l’empreinte carbone repose sur 4 grands axes : l’alimentation, les transports, la maison et l’énergie, la consommation et le style de vie.
    • Différents calculateurs existent pour calculer son empreinte carbone individuelle.
    • L’empreinte carbone s’exprime en CO₂e.

    (1) United Nations Climate Change, L’Accord de Paris

    (2) Ministère de la transition écologique, Estimation de l’empreinte carbone de 1995 à 2020, 2021

    (3) Ministère de la transition écologique, Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), 2021

  • Des « forêts urbaines » pour sauver les villes ?

    Des « forêts urbaines » pour sauver les villes ?

    Les milieux urbains, peu propices à la balade ? S’il est rare de ralentir le pas dans les métropoles, où le bruit se mélange à la pollution atmosphérique, c’est peut-être en partie par le manque de végétation.

    Pour l’organisation mondiale de la santé (OMS), il faudrait au moins 9 m² d’espaces verts par habitant, avec un idéal de 50 m² à moins de 300 mètres de chaque habitation (1). Paris arrive tout juste à ce seuil, avec 9 m² de végétation par habitant, et la ville de Grenoble atteint quant à elle les 17 m².

    « Malgré des périodes plus favorables à la nature urbaine que d’autres, les XIXe et XXe siècles ont été peu propices au développement d’une importante naturalité en ville car ils sont marqués par l’hygiénisme et le fonctionnalisme : les arbres devaient être bien taillés et agencés dans des espaces verts ou le long des grands boulevards au nom de la santé publique. Et jusqu’à la loi Labbé de 2017 qui interdit les produits chimiques dans l’espace public, et les premières actions municipales, la ville était, dans la réglementation, encore considérée comme un espace stérile pour la biodiversité », retrace Hugo Rochard, doctorant en géographie à l’Université Paris Cité.

    C’est donc à partir de ce constat qu’Enrico Fusto et Damien Saraceni ont fondé en 2016 l’association Boomforest. L’idée : recréer des écosystèmes forestiers en ville via la méthode du botaniste japonais Akira Miyawaki : « Nous voulions recréer des espaces autonomes et plus sauvages, souligne Damien, l’un des fondateurs. Car les plantations ornementales, les villes savent déjà bien le faire. » Après un voyage au Japon, Enrico se lance, avec l’aide de Damien et plusieurs groupes de citoyens, à la création de différentes mini-forêts en Ile-de-France. « En 2017, nous avons débuté notre premier projet de plantation Porte-de-Montreuil, sur un talus du boulevard périphérique dans le 20e arrondissement à Paris. Aujourd’hui, nous pouvons suivre cinq projets par saison entre 500 à 900 mètres de surface, dont un à Lyon porté par la municipalité », abonde Damien.

    Lire aussi : Maison individuelle et étalement urbain : faut-il densifier la ville ?

     

    La ville comme territoire d’expérimentation

    Au sein de l’équipe de Boomforest, des gens passionnés qui tentent collectivement d’agrader – améliorer la qualité d’un sol ou d’un milieu, par opposition à ce qui le dégrade – leur environnement, mais pas n’importe comment : « Les endroits que nous avons choisis à Porte-de-Montreuil et aux Lilas avaient des sols dégradés et pauvres en biodiversité», se rappelle Damien.

    Le botaniste Akira Miyawaki a montré qu’une restauration rapide du couvert forestier et du sol était possible, même sur des sols très dégradés, ce qui en fait une technique idéale pour les milieux urbains. Cette méthode, qui a permis de reboiser de nombreux sites – notamment en Inde et autour de la Méditerranée (2) – consiste à planter plusieurs espèces locales de manière très rapprochée en s’inspirant d’un écosystème forestier à son stade final.

    Avant de pouvoir planter, Damien et Enrico ont réalisé un minutieux travail de recherche pour retrouver les espèces d’arbres et d’arbustes naturellement présentes dans la région. « Nous nous sommes d’abord renseignés sur les essences d’arbres qui poussent dans les bois de la région, y compris ceux de Boulognes et de Vincennes, puis nous avons croisé ces informations à des sources historiques. » C’est donc des hêtres, des chênes, des érables, des ormes mais aussi des sureaux, des aubépines et des groseilliers, ainsi que plusieurs arbres fruitiers comme le pommier sauvage et le noisetier qui ont été plantés sur les différents sites parisiens. Ensuite, viennent l’attente, et un long travail de vigilance d’environ trois ans – pour s’assurer de la survie des jeunes plants. « Nous avons vraiment limité les passages pour qu’il y ait le moins de piétinements possibles », précise Damien. Les bénévoles interviennent donc seulement quelques fois dans l’année, pour l’arrosage et la coupe de certaines herbes.

    Une forêt dense aux multiples vertues

    Une fois arrivés à maturité, ces espaces ont de nombreuses vertus pour les riverains : diminution des températures, augmentation de la biodiversité, amélioration de la qualité de l’air et du bien-être. Pour se rendre compte de l’augmentation de la biodiversité, le géographe Hugo Rochard a réalisé des relevés de la flore avec l’écologue Marion Brun sur les sites de l’association. Sur un mètre carré de terrain, les deux scientifiques ont comparé la diversité des micro-forêts à celles des sites adjacents : « Un an après la plantation, on observe une densité de trois à quatre arbres par mètre carré. Une flore spontanée s’est également développée tout autour des arbres : elle vient enrichir la diversité des espèces présentes – qui est environ deux fois plus importante sur ces sites par rapport à ce que l’on trouve sur les talus à proximité, où le gazon est fauché au moins deux fois par an en moyenne », explique le chercheur.

    Malheureusement, pour l’association Boomforest, le manque de suivi scientifique des différents projets ne permet pas de dire si la qualité des sols s’en voit améliorée. Damien constate toutefois de façon empirique la présence d’insectes : « Lorsque nous avons planté près du périphérique au Lilas, il y avait des déchets plastiques dans le sol et aucun insecte. Un an plus tard, il a suffi de creuser un peu le sol pour y trouver des vers de terre et plein d’autres organismes vivants. »

    Lire aussi : Quiz : Quelles menaces sur la biodiversité et comment la protéger ?

    Pour Michaël Belluau, chercheur spécialisé dans les questions de plantations urbaines au laboratoire de recherche canadien PaqLab, les bénéfices d’une mini-forêt urbaine pourraient même aider à lutter contre l’érosion : « Le principal problème en ville, c’est le tassement du sol : le milieu urbain le rend sec et dur et cela complique l’infiltration de l’eau par le sol. En revanche, avec la présence des racines, le sol est aéré. Et même en bord d’autoroute, ces forêts les maintiennent. »

    En effet, les bois, les haies ou même de simples talus permettent déjà d’intercepter l’eau de surface. Ces micro-forêts ont aussi pour avantage de demander peu d’entretien : « L’objectif est de rendre ces espaces autonomes, c’est le cas pour le moment de notre projet à Porte-de-Montreuil quatre ans après la plantation », partage fièrement Damien Saraceni.

    Le défi n’était pourtant pas simple à relever, car aucune initiative similaire n’avait eu lieu en France jusqu’alors… ou presque : « Le mouvement de “renaturation” des villes n’est pas totalement nouveau, précise Hugo Rochard. Les premières politiques cohérentes en ce sens datent, en France, d’une quinzaine d’années, avec, dans le cas de l’afforestation, le projet de “forêt linéaire nord” et “sud” à Paris. Ici, ce qui est nouveau, c’est qu’il s’agit d’une initiative citoyenne qui vise à la création d’un écosystème et non plus la protection d’un seul arbre remarquable. C’est un projet collectif à tous les niveaux. »

    Ce désir de créer des écosystèmes – qui remplaceraient les arbres isolés dans du béton en ville – vient aussi des récentes découvertes scientifiques : « Depuis une dizaine d’années, nous avons pris conscience du niveau de communication des arbres dans les forêts : certaines espèces s’entraident. Les arbres sont plus résistants lorsqu’ils peuvent communiquer avec d’autres végétaux. Et les micro-forêts ont le même potentiel », conclut Michaël Belluau.

    (1) WIT Transactions on Ecology and The Environment

    (2) Ranjan, V., Sen, P., Kumar, D. et al. A review on dump slope stabilization by revegetation with reference to indigenous plant.

  • Comment bien trier ses déchets ?

    Comment bien trier ses déchets ?

    Si trier ses déchets est devenu une démarche soutenue par nombre de Français, il peut parfois être difficile de se saisir des bons gestes. On fait le point.


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    Tri sélectif : les déchets classés en différentes familles

    Les déchets ménagers peuvent être classés en cinq grands groupes :

    • les encombrants (électroménager, literie, meubles…), les déchets dangereux (peintures, solvants, pesticides, médicaments, piles…) ;
    • les déchets de jardin (feuilles, herbe, branches…), les déchets de la voiture (huiles de vidange usagées, batteries, pneus…) ;
    • les ordures ménagères (verre, papier, emballage carton, bouteilles en plastique…). Pour mieux les recycler, il convient de connaître à quelle famille correspondent vos déchets afin de les jeter au bon endroit.
       
    • Lire aussi : Quiz : êtes-vous incollable sur le tri ?

    Chiffre-clé

    89 %(1) des Français trient leurs emballages, dont 51 % systématiquement.


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    Poubelles de tri sélectif : des codes couleurs pour se repérer

    Si la couleur des poubelles peut varier d’une ville à une autre, reste que de manière générale, les codes couleurs sont harmonisés : le bac vert est dédié aux emballages en verre. Facile à retenir !

    La poubelle jaune est destinée à déposer en vrac les emballages en acier et en aluminium, comme les boîtes de conserve, les canettes de soda et de bière, certains aérosols, les boîtes d’aliment pour animaux, les bouteilles en plastique (d’eau, de soda, de lait…), les flacons en plastique (PET, PEHD ou PP) de produits d’hygiène, de beauté et d’entretien, les boîtes et emballages en carton, les briques alimentaires, les journaux, les papiers…

    La poubelle grise ou noire est réservée aux ordures ménagères, ou le reste des déchets qui ne peuvent être accueillis par les autres compartiments. Face à un doute, n’hésitez pas à contacter votre mairie !

    Plus rares, vous pouvez aussi avoir, selon votre commune, une poubelle bleue dédiée au papier, journaux et prospectus, et une poubelle marron ou rouge pour les déchets non recyclables type cartouches d’encres d’imprimantes.


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    Que faire des autres déchets ?

    Vous pouvez aussi donner une seconde vie à vos vêtements. Dans un état correct, ils pourront être utiles à d’autres personnes. Apportez-les à des associations caritatives comme Emmaüs ou le Secours Populaire. Les affaires trop usées peuvent, elles, être déposées dans un conteneur le Relais, une référence en revalorisation de textile.

    Il existe, par ailleurs, des dispositifs dédiés aux déchets spéciaux comme les ampoules, les piles et les cartouches d’imprimantes. Les commerçants ou grandes surfaces qui en vendent sont dans l’obligation de reprendre celles qui sont usagées. Une fois collectées, les matières qui composent vos ampoules et vos piles sont récupérées et revalorisées.

    Pour tous vos objets dangereux (solvants, peintures, détergents, pesticides…), vos encombrants, vos matériels électriques et électroniques ainsi que vos déchets verts, rendez-vous en déchèterie où des bennes et conteneurs leur sont dédiés. Sur place, des agents vous aiguilleront pour bien les trier. Pour vos médicaments (périmés ou non), déposez-les à la pharmacie proche de chez vous.

    Comment bien trier ses déchets ?

     

    VOUS SOUHAITEZ AGIR POUR L’ENVIRONNEMENT ?

    Chaque année, des milliers d’actions solidaires, citoyennes et utiles au quotidien sont proposées par la Macif.

    L’Essentiel de l’article

    • Identifiez les différentes familles de déchets.
    • Les poubelles de couleurs permettent de mieux trier.
    • Les objets volumineux ou dangereux sont à déposer à la déchèterie.
    • Pour vos vêtements, des solutions de recyclage existent.

    (1) CITEO, Les chiffres clés du tri et du recyclage des emballages ménagers en 2020

  • Tourisme durable, l’équation impossible ?

    Tourisme durable, l’équation impossible ?

    Clap de fin pour les paquebots de tourisme de plus de mille tonnes à Venise : depuis 2019, ils sont interdits d’accès au centre historique de la Sérénissime. En cause, les dégâts environnementaux générés par les quelques 600 bateaux de croisières accostant chaque année, avec leurs lots de touristes et d’émissions d’oxyde de soufre et d’azote.

    « Cette décision illustre un point de bascule intéressant. Venise est un cas extrême et très emblématique de saturation touristique. La ville a atteint un point de non-retour, qui l’oblige à considérer le tourisme comme une activité exigeant un contrôle, et non plus seulement comme une ressource potentielle », analyse Julien Rochette, de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).

    Signe des temps ? De l’Adriatique à la baie de Maya, en Thaïlande, fermée au public depuis 2018 pour permettre au système écologique de se régénérer (les allers et venues quasi incessants de bateaux de vacanciers menaçaient les récifs coralliens), des initiatives de régulation s’observent ici ou là. Le chantier est vaste : le tourisme, première industrie mondiale, connaît un essor alarmant.

    Lire aussi : Tourisme de masse : quelles solutions pour un voyage plus responsable ?

    En 2018, 1,4 milliard de touristes internationaux (c’est-à-dire passant au moins une nuit hors de leur pays) ont arpenté la planète (1). Ils étaient 25 millions en 1950. D’ailleurs, « la croissance du tourisme international reste supérieure à celle de l’économie mondiale », claironne l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) dans son dernier rapport. Mais si ce dynamisme a généré 1 700 milliards de dollars de recettes, son coût écologique est colossal.

    Avec la pandémie mondiale, le tourisme international a drastiquement chuté. En 2021, il a progressé de 4% par rapport à 2020, mais est resté 72% inférieur à 2019, l’année d’avant la pandémie.(2)  En 2022, la reprise est lente mais bel et bien en cours.

    Il faut dire qu’au-delà d’une empreinte carbone considérable (8% émissions mondiales de gaz à effet de serre) (3), l’industrie touristique accentue l’artificialisation massive des sols et notamment des littoraux, provoque une diminution drastique de la biodiversité dans de nombreuses régions du globe et participe de la pollution des océans… Ainsi, l’environnement marin et côtier de la Méditerranée, qui concentre près d’un tiers du tourisme mondial, avec 350 millions de visiteurs annuels, paie un lourd tribut.

    « Le développement rapide et la construction d’infrastructures (…) ont engendré de graves problèmes d’érosion et de pollution en de nombreux points du pourtour méditerranéen », observe Greenpeace. « Les projections tablent sur une fréquentation touristique annuelle de 600 millions, dès 2025 : en l’absence de régulation, on se dirige dans certains sites déjà très fréquentés vers une destruction de la biodiversité et un chaos le plus total », abonde Julien Rochette.

    Tourisme durable : ne plus être « touriste »

    En réaction à ce constat accablant, un tourisme plus responsable se développe depuis une vingtaine d’années, pour tenter de promouvoir d’autres manières de voyager. Tourisme vert, responsable, équitable…

    Derrière la pluralité sémantique, un objectif commun, défini par l’OMT : « tenir pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil ».

    Vaste programme, qui trouve localement des applications concrètes, comme à la basse Kinabatangan à Bornéo, en Malaisie, que la géographe Clotilde Luquiau a étudié de près. Dans cette zone forestière, une dizaine d’opérateurs touristiques locaux se sont engagés en faveur de l’écotourisme en établissant une charte avec WWF Malaisie, se traduisant par la création d’un budget commun finançant la protection de l’environnement, et luttant entre autres contre le braconnage.

    D’autres actions sont également mises en place, comme le programme Home Stay, qui propose à des locaux d’accueillir des touristes chez eux, une formule moins impactante pour l’environnement que l’hôtellerie classique et permettant un bénéfice social local, ou encore comme la plantation d’arbres par les touristes : une proposition qui resterait anecdotique si elle n’était relayée par le financement d’équipes locales pour mener à grande échelle la reforestation. Cet écotourisme n’est pas forcément réservé aux plus aisés, défend Clotilde Luquiau : nuits chez l’habitant, jumelages associatifs, échanges de maison… de nombreuses possibilités plus respectueuses de l’environnement sont aussi moins onéreuses que des vacances « classiques ».

    Mais si la géographe se félicite de ces initiatives locales, elle reste réservée quant au développement d’un tourisme durable à l’échelle mondiale.

    « Aujourd’hui, c’est une illusion. Pour que cela advienne, il faudrait que l’environnement global, législatif, économique, s’engage, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. »

    Clotilde Luquiau

    Face à des pratiques prédominantes inchangées, qui continuent de croître, et à l’heure où une classe moyenne désireuse de voyager émerge en Asie, le tourisme durable reste une niche. Et il a aussi ses limites.

    « La présence humaine, même respectueuse, perturbe le milieu naturel. Et si le développement économique local permis par l’écotourisme a des aspects positifs, il contribue à augmenter les moyens d’une population qui va consommer davantage, et donc avoir un impact environnemental plus élevé… »précise la géographe Clotilde Luquiau.

    Surtout, par le seul fait de prendre l’avion, le vacancier alourdit considérablement son empreinte carbone : un unique aller-retour Paris-Chicago suffit à atteindre le quota individuel d’émission de Co2 annuel qui permettrait de limiter le réchauffement planétaire à 2° d’ici la fin du siècle, explique l’ingénieur et auteur Jean-Marc Jancovici (4).

    Taxer davantage les vols peut être une solution, mais elle soulève une question de justice sociale. Pour résoudre l’équation, des pistes sont avancées ici et là, telles que celle proposée par le Committee on Climate Change, Haut Conseil pour le Climat du Royaume-Uni : alors que 15% de la population britannique est responsable de 70% des vols, la mise en place d’une taxe proportionnelle à la distance parcourue dans les airs sur les dernières années permettrait de pénaliser les plus gros consommateurs, sans exclure du ciel les vacanciers occasionnels, statistiquement moins aisés.

    « L’ensemble des acteurs et opérateurs touristiques doivent introduire des notions de durabilité dans les services qu’ils proposent. S’il faut encourager le marché du tourisme durable à se développer, c’est surtout sur le tourisme dit de masse qu’il faut agir, car c’est là qu’est la plus grande incidence sur l’environnement, »

    appelle pour sa part Julien Rochette

    Nous en sommes encore loin : malgré les déclarations d’intention, la plupart des pays posent encore aujourd’hui la question touristique en termes financiers. « C’est la logique de chiffres qui domine », regrette l’expert.

    « Le modèle qui a prévalu depuis cinquante ans n’est plus acceptable d’un point de vue social et environnemental. Tout est à réinventer, »conclut-il. Y a plus qu’à.

    (1) OMT, rapport annuel, édition 2019

    (2) OMT, rapport annuel, édition 2022

    (3) Lenzen, M., Sun, Y., Faturay, F. et al. The carbon footprint of global tourism. Nature Clim Change

    (4) Extrait de cours de Jean-Marc Jancovici à l’École des Mines de Paris, Mai 2019

  • Tout savoir sur l’empreinte carbone

    Tout savoir sur l’empreinte carbone


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    Qu’est-ce que l’empreinte carbone ?

    L’empreinte carbone est un indicateur qui permet de mesurer l’impact de vos activités du quotidien sur l’environnement. Il s’agit d’évaluer la quantité de gaz à effet de serre que vous émettez, liés à vos déplacements, votre alimentation, votre logement ou encore votre consommation de biens & services.

    Pour simplifier son calcul, l’empreinte carbone est exprimée en dioxyde de carbone équivalent, dont le symbole est CO2e. Ainsi, tous les gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement climatique sont rassemblés autour d’une seule et même valeur rapportée au CO2.


    2

    Quelle est l’empreinte carbone moyenne en France ?

    Alors que depuis 1995, l’empreinte carbone de la France restait stable, depuis 2019, on observe une baisse de 9 %(1), notamment liée à la diminution des déplacements et au ralentissement de l’économie pendant la crise sanitaire. En 2020, on estimait l’empreinte carbone moyenne d’un Français à 8,2 tonnes(1) de CO2e, contre 9 tonnes(1) en 2019. Une baisse encourageante mais qui reste insuffisante pour viser la neutralité carbone collective d’ici 2050, comme s’y est engagée l’Union Européenne(2). Mais alors, quelles sont les catégories qui représentent la plus grande part de notre empreinte carbone moyenne ?
     

    L’empreinte carbone des transports

    31 %(3) des émissions françaises de gaz à effet de serre proviennent des transports. Un Français émet en moyenne 2,6 tonnes de CO2 par an(4) via ses déplacements, notamment via l’utilisation majoritaire de la voiture (72 %). En effet, une voiture émet en moyenne 190 g d’équivalent CO2 par km(5), alors qu’un métro émet seulement 3 g et un TGV 2 g(5) pour la même distance.

    Toutefois, on peut espérer des chiffres à la baisse sur les prochaines années grâce au développement des nouvelles mobilités (autopartage, covoiturage, vélo, trottinette électrique…), et des énergies pour rouler vert (biocarburants, voitures/bus/scooter électriques…).
     

    L’empreinte carbone de son logement

    Le logement est également un gros poste de dépense énergétique. C’est le deuxième en termes d’émission de gaz à effet de serre (18 % du total national)(3), notamment à travers les sources d’énergies présentes au sein de l’habitation pour chauffer / cuisiner / se laver / s’éclairer (électricité, gaz, fioul, etc.). Image 03 (corps texte) Texte alternatif : Une femme règle son chauffage. Title : L’empreinte carbone d’un logement dépend du mode de chauffage, de l’électroménager, de la production d’eau chaude et de la cuisine en général.
     

    Tout savoir sur l’empreinte carbone

    La consommation et le style de vie

    Qu’il s’agisse de meubles, d’électroménager, d’équipements électroniques, de vêtements… l’achat de biens et services est aussi à l’origine de 18 %(3) des émissions de gaz à effet de serre en France. Si l’industrie de la mode se place en tête de liste côté bilan carbone avec 2 %(6) des émissions de gaz à effet de serre mondiales, l’achat de biens et services numériques augmente drastiquement ces dernières années. Les sources d’émissions de gaz à effet de serre sont diverses : lors de leur fabrication, lors de leur usage (consommation électrique associée / piles polluantes…), mais aussi lors de leur destruction (incinération, mise en décharge, etc.).

    L’empreinte carbone de son alimentation

    Selon l’Ademe, l’alimentation représente environ 24 % de l’empreinte carbone des ménages français (en comptant les émissions de gaz à effet de serre liées à la production agricole et au transport des aliments). L’une des causes ? Leur consommation importante de viande. En effet, chaque Français mange en moyenne 86 kg(7) de viande par an. Or, 100 grammes de protéines de bœuf (c’est-à-dire environ 400 g de steak) entraînent en moyenne la libération de l’équivalent de 50 kg de CO2(8) dans l’atmosphère. Pour l’agneau, c’est environ 20 kg d’équivalent CO2, pour le porc 7,6 kg eq CO2 et pour la volaille 5,7 kg eq CO2. Pour une même quantité de protéines, le tofu, par exemple, génère seulement 2 kg eq CO2 et les légumes secs entre 0,4 et 1,2 kg eq CO2.

    Le mauvais bilan carbone de la viande s’explique d’abord par l’impact sur la biodiversité des cultures, comme les céréales, pour nourrir les animaux. Ensuite, la consommation d’énergie au sein des élevages, ainsi que les émanations de fumier et de lisier augmentent l’empreinte carbone. Enfin, les ruminants comme le bœuf et le mouton, produisent naturellement du méthane qu’ils rejettent dans l’air et qui participe au réchauffement climatique.

    La Macif s’engage à agir pour la préservation du climat.

    Retrouvez ici tous ses engagements pour la protection du climat et de la biodiversité.


    3

    Comment se calcule l’empreinte carbone d’un produit ou d’un service ?

    Connaître l’empreinte carbone d’un bien ou d’un service, c’est se donner l’opportunité de choisir une option plus respectueuse de l’environnement et devenir éco-responsable. Mais alors, comment calculer leur empreinte carbone ? Il est nécessaire de prendre en compte l’ensemble du “cycle de vie” du produit, de sa phase de recherche et développement à sa destruction ou son recyclage en fin de vie.

    Pour ce faire, on additionne toutes les émissions de gaz à effet de serre produits par :

    • L’extraction des matières premières nécessaires à sa réalisation ;
    • La manière dont il a été transformé ;
    • Son type d’emballage ;
    • Le mode de transport utilisé ;
    • Sa consommation lors de l’utilisation ;
    • Sa fin de vie (recyclage ou destruction de l’objet).
       

    Un calcul qui n’est pas toujours simple au quotidien. Alors pour choisir des produits plus responsables, vous pouvez vous référer à des éléments facilement identifiables sur les produits comme :

    • L’étiquette énergétique que l’on retrouve sur les appareils électroménagers neufs, et qui permet de savoir si le produit est plus ou moins énergivore ;
    • Le lieu de fabrication (plus le produit viendra de loin, plus les émissions de gaz à effet de serre liées à son transport seront importantes) ;
    • Les matériaux utilisés, comme le plastique qui est particulièrement polluant dans sa fabrication et dans sa destruction ;
    • Le recyclage, de son emballage au produit lui-même.


    4

    Comment réduire son bilan carbone personnel ?

    Calculer son bilan carbone permet non seulement de mesurer l’impact de ses activités du quotidien sur l’environnement, mais aussi d’identifier d’où viennent ses émissions de gaz à effet de serre, dans le but de les réduire. Les éléments à prendre en compte pour réduire votre bilan carbone sont :

    • L’alimentation : pour réduire votre empreinte carbone à table, vous pouvez limiter votre consommation de viande, privilégiez des produits locaux et de saison, et limitez le gaspillage alimentaire.
    • Les transports : covoiturage, achat d’une voiture électrique, limiter ses voyages en avion au profit de voyages en train… Il existe différents moyens de limiter son empreinte carbone côté transports.
    • Le logement : si certains optent pour des maisons autonomes et durables, d’autres petits gestes peuvent considérablement réduire les émissions de gaz à effet de serre (remplacer les ampoules par des LED, éteindre ses appareils électriques plutôt que de les mettre en veille, etc.)
    • La consommation et le style de vie : afin de limiter votre empreinte carbone, vous pouvez privilégier l’achat de seconde main plutôt que du neuf, optez pour des produits à faible consommation d’énergie, procéder au tri sélectif ainsi qu’au recyclage au quotidien…

    VOUS SOUHAITEZ AGIR POUR L’ENVIRONNEMENT ?

    Chaque année, des milliers d’actions solidaires, citoyennes et utiles au quotidien sont proposées par la Macif.


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    Calcul et réduction de l’empreinte carbone

    Afin de pouvoir prendre conscience de votre impact écologique et mettre en place les bons gestes pour la réduire, il est important de savoir calculer votre empreinte carbone. Rassurez-vous, différents simulateurs existent pour simplifier vos calculs. C’est le cas notamment de “Nos gestes climats” de l’Ademe, “Le diagnostic voyage ou annuel” de Good Planet, “Le calculateur d’empreinte écologique” de WWF et bien d’autres. Un geste simple qui permet de prendre conscience de votre impact sur l’environnement pour changer certaines de vos habitudes !

    L’Essentiel de l’article

    • L’empreinte carbone est un indicateur qui permet de mesurer l’impact des activités humaines sur l’environnement.
    • Elle s’exprime en dioxyde de carbone équivalent (CO2e).
    • Les transports, le logement, la consommation et l’alimentation sont les catégories qui représentent la plus grande part des émissions des gaz à effet de serre.

    (1) Ministère de la transition écologique, Estimation de l’empreinte carbone de 1995 à 2020, 2021 (2) Ministère de la transition écologique, Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), 2021
    (3) Notreenvironnement.gouv, Les émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports
    (4) MyCO2, Empreinte carbonne moyenne en France en 2019
    (5) ADEME, Mon impact transport, consulté en 2022
    (6) Greenpeace, Mode éthique ou fast-fashion ?
    (7) FranceAgrimer, La consommation de viande en France en 2019, 2020

    (8) (Poore, 2018) J. Poore, T. Nemecek – Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers – Science – 01 Jun 2018 : 987-992

  • Étudiants : astuces pour devenir éco-responsable avec un petit budget

    Étudiants : astuces pour devenir éco-responsable avec un petit budget

    « J’ai conscience que la planète sera probablement en très mauvais état quand je serai plus âgée donc pour moi, c’est logique d’essayer de limiter les dégâts dès maintenant », lance Camille, 20 ans, étudiante en agroalimentaire. Comme elle, Antoine, 23 ans, étudiant en pharmacie, a conscience de l’importance de s’engager pour préserver la planète et les générations futures. Et de rappeler que « beaucoup d’actions qui appellent juste au bon sens peuvent être menées par chacun d’entre nous ».


    1

    Consommer de manière raisonnée

    Vêtements, chaussures, objets… Les deux étudiants prônent l’achat utile et raisonné. « Mon téléphone n’a pas des performances optimales, mais il fonctionne encore donc j’attends avant d’en acheter un nouveau », explique Camille. Même son de cloche pour Antoine : « Dans mon armoire, j’ai les vêtements qui me suffisent. Pas plus. Et je ne fais jamais les soldes car c’est un piège pour surconsommer » explique-t-il.


    2

    Encourager le réemploi

    Autre action éco-responsable qui porte ses fruits : favoriser le réemploi. « Je revends sur des plateformes dédiées ou je donne les objets et vêtements que je n’utilise pas », indique l’étudiante. Antoine fait, lui, don des habits qu’il ne porte plus. « Je ne jette jamais mes vêtements encore en bon état, je les dépose chez Emmaüs ou je les donne à mon petit-cousin ». Des initiatives simples qui peuvent vous permettre de limiter l’impact de l’industrie textile sur l’environnement.

    LE SAVIEZ-VOUS ?

    La Fondation d’entreprise du Groupe Macif soutient de nombreuses initiatives solidaires pour préserver l’environnement. Renseignez-vous !


    3

    Se déplacer sans énergie

    Dès que la possibilité s’offre à elle, Camille se déplace « à pied, vélo ou skate » pour limiter son empreinte carbone. « Pour certains trajets, je prends le train ou le car et quand je n’ai pas le choix, j’utilise ma voiture, mais je propose toujours de faire du covoiturage » explique-t-elle. Antoine privilégie aussi les mobilités douces (vélo électrique, trottinette, marche à pied…) ou les transports en commun à chaque fois qu’il le peut. Outre la vertu écologique, cela permet de faire des économies sur votre budget.


    4

    Adapter sa consommation alimentaire

    Pour réduire son empreinte environnementale, Camille a décidé de ne plus manger de viande. « Cela demande une sacrée motivation, mais c’est une des actions individuelles qui a le plus d’impact sur le réchauffement climatique, car l’élevage représente 14,5 %(2) des émissions de CO2 dans le monde. Et ça me permet aussi de moins dépenser », explique-t-elle. Autre geste éco-responsable que vous pouvez adopter : acheter des produits de saison et en circuits courts. De son côté, Antoine « ne consomme plus d’avocats ni de produits contenant de l’huile de palme, dont la production participe à la déforestation. »

    VOUS SOUHAITEZ AGIR POUR L’ENVIRONNEMENT ?

    Rendez-vous sur Diffuz.com, la plateforme solidaire de la Macif ! Vous pourrez y découvrir les défis solidaires près de chez vous.


    5

    Des gestes numériques éco-responsables

    Côté numérique, Camille privilégie les appareils reconditionnés (c’est-à-dire remis à neuf pour être réutilisés). « Je ne possède pas plus d’appareils que je n’en ai besoin, soit un smartphone et un PC portable », précise-t-elle. Elle utilise également un moteur de recherche éco-responsable dont les bénéfices servent à lutter contre la déforestation. Un geste très simple et accessible à tous !

    Autres actions pour protéger l’environnement ? Se tourner vers des appareils économes en énergie et durable. Ce sont là aussi des b.a.-ba pour Antoine. « Je me fie aux labels comme l’Ecolabel européen ou la certification TCO, pour être sûr que mon appareil aura une durée de vie raisonnable, tout en me permettant de réduire ma facture d’électricité », explique-t-il.

    Le saviez-vous ?

    Selon l’Ademe, la pollution numérique est responsable de 2,5 %(3) des émissions de CO2 en France et 4 %(3) dans le monde.

    L’Essentiel de l’article

    • Veillez à consommer de manière raisonnée.
    • Préférez donner une seconde vie à vos objets.
    • Adaptez votre consommation alimentaire.
    • Pensez à réduire votre empreinte numérique.


    (1) Crédoc, Environnement: les jeunes ont de fortes inquiétudes mais leurs comportements restent consuméristes, 2019

    (2) Greenpeace, Élevage industriel : un effet bœuf sur l’environnement, 2017

    (3) ADEME, La face cachée du numérique, 2019

  • 5 idées reçues sur le changement climatique !

    5 idées reçues sur le changement climatique !

    Les études scientifiques sont claires : le réchauffement climatique ne cesse de s’aggraver au fil des années. Il est important de comprendre les enjeux climatiques pour agir en conséquence. Voici des réponses à 5 idées reçues sur le changement climatique.


    1

    Les actions individuelles n’ont pas d’impact face aux bouleversements écologiques !

    FAUX. Pour lutter contre le réchauffement climatique et les émissions de gaz à effet de serre, l’action de chaque individu est importante. Selon une étude du cabinet de conseil Carbone 4, « si un Français actionne l’ensemble des leviers à l’échelle individuelle en adoptant un comportement responsable, il réduirait son empreinte carbone de 25 % ». Une part non négligeable. Voici quelques éco-gestes à faire à la maison, pour une mise en application immédiate !


    2

    La Terre est recouverte à 72 %* d’eau, on ne pourra jamais en manquer !

    FAUX. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)(1), le réchauffement climatique a des répercussions sur l’humidité, la sécheresse, les zones côtières et les océans. Il provoque des sécheresses plus dures dans les régions déjà sèches. Ainsi, selon l’Accord de Paris de 2015, si le réchauffement dépasse les +1,5 °C d’ici 2050, la pénurie d’eau sera plus importante à l’avenir. Or, déjà 25 %(2) de la population mondiale y est soumise. Il est donc important d’apprendre à économiser l’eau, en faveur de la planète.


    3

    Le réchauffement climatique diminue les ressources en eau et donc les risques d’inondations !

    FAUX. Selon le GIEC, le changement climatique intensifie le cycle de l’eau apportant des pluies plus intenses, avec les inondations qui les accompagnent. D’autant que, toujours selon les experts du climat du GIEC, le réchauffement climatique modifie la répartition des pluies. Il est probable que les précipitations augmenteront en hautes latitudes, alors qu’une baisse est projetée dans une grande partie des régions subtropicales. Les zones côtières seront, elles, confrontées à l’élévation du niveau de la mer, qui contribuera à accroître la fréquence et la gravité des inondations dans les zones de faible altitude et à accentuer l’érosion du littoral.


    4

    Pour absorber le CO2, il suffit de planter des arbres partout !

    FAUX. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)(3), « un arbre peut absorber jusqu’à 150 kg de CO2 par an, séquestrer du carbone et par conséquent, atténuer le changement climatique ». Mais si les arbres sont de formidables absorbeurs de carbone, ils ne pourront jamais capter tout le CO2 présent dans l’atmosphère à eux seuls. D’autant qu’un arbre planté aujourd’hui ne pourra absorber efficacement du CO2 qu’après 23 ans(4).

    Chiffre-clé

    L’enjeu d’ici 2050 est de limiter à 2 °C(6), en moyenne planétaire, le réchauffement climatique.


    5

    Une augmentation de 2 degrés, ce n’est pas grand-chose !

    FAUX. Selon le GIEC, si l’on ne parvient pas à limiter l’augmentation des températures à 1,5 °C d’ici 2050, 8  %(5) de l’habitat des animaux vertébrés (mammifères, oiseaux, reptiles…), 16 % de celui des plantes et 18 % de celui des insectes auront disparu. Pourtant, chaque espèce vivante est essentielle à l’équilibre des écosystèmes et au maintien de la vie sur Terre. Par exemple, sans les insectes pollinisateurs, l’Homme devra renoncer à de nombreux fruits et légumes. Une augmentation de 2°C entraînera également une hausse du niveau de la mer d’ici 2 100(5), exposant ainsi 10 millions(5) de personnes de plus au risque de submersion côtière.

    Enjeux climatiques, il y a urgence à agir !

    Causes, impacts et leviers d’actions, la Macif vous aide à y voir plus clair sur les enjeux climatiques.

    L’Essentiel de l’article

    • Réduire les émissions de CO2 est primordial pour protéger la planète.
    • La ressource en eau sera plus critique à l’avenir.
    • Chacun à son échelle peut adopter des gestes pour le bien-être de la planète.

    * Le centre d’information sur l’eau, De l’Univers au monde de l’eau

    (1) GIEC, https://www.ipcc.ch/languages-2/francais/

    (2) World Resources Institute

    (3) Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, On International Day, UNECE/FAO Forestry and Timber Section releases 10 facts to fall in love with forests, 2019

    (4) science-presse, La captation du CO2 par les arbres: 4 choses à savoir, 2021

    (5) GIEC, Global Warming of 1.5 ºC, 2018

    (6) gouvernement.fr, La Conférence de Paris sur le climat, 2021

  • Écolabels : comment reconnaître les produits certifiés écologiques ?

    Écolabels : comment reconnaître les produits certifiés écologiques ?

    La situation climatique actuelle nous pousse à repenser nos habitudes et à privilégier une consommation plus responsable. Afin d’y parvenir, nous pouvons nous fier aux labels présents sur les étiquettes de nos achats. Mais qu’est-ce qu’un écolabel ? Quelles sont les garanties ? On fait le point pour vous aider à consommer plus responsable.


    1

    Qu’est-ce qu’un écolabel ?

    Les écolabels, ou labels écologiques, servent à identifier les produits et services qui ont un impact réduit sur l’environnement et la santé, tout au long de leur cycle de vie (de la conception au recyclage). Ils garantissent la qualité écologique des produits, mais également leurs bonnes performances d’utilisation. L’objectif des écolabels est d’encourager la prévention des déchets et la protection de l’environnement.


    2

    Ecolabel Européen, NF environnement : se fier aux labels officiels

    En France, il existe deux labels officiels auxquels vous pouvez vous fier : l’Écolabel européen et NF Environnement. Lorsque vous achetez un produit certifié par ces labels, vous avez la garantie qu’il a un impact moindre sur l’environnement, tout en étant aussi performant qu’un produit non labellisé.

    L’écolabel européen, créé en 1992 par la Commission européenne, est le seul label écologique officiel européen utilisable dans l’ensemble des États membres pour permettre aux consommateurs d’identifier les produits les plus respectueux de la santé et de l’environnement tout au long de leur cycle de vie (conception, fabrication, commercialisation, recyclage). Cet écolabel peut apparaître aussi bien sur de la lessive, qui ne contient pas de substances nocives pour la santé, que sur un pantalon composé de fibres durables, par exemple. Vous pouvez retrouver la liste des produits concernés par l’écolabel européen sur le site de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).

    Le label NF Environnement, créé en 1991, repose sur les mêmes principes que l’écolabel européen, mais il s’applique uniquement sur le territoire Français. NF Environnement garantit, par exemple, que vos meubles sont fabriqués avec du bois issu de forêts durables ou que la peinture de vos murs contient très peu de métaux lourds et de substances nocives pour votre santé. La liste des produits labellisés est disponible sur le site du label.

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    Bon à savoir

    Quelle est la différence entre Écocert et Écolabel européen ?

    L’écolabel Écocert impose l’utilisation d’ingrédients biologiques dans la composition de ses produits. L’écolabel européen, lui, est moins exigeant, car il ne restreint pas l’utilisation de certaines substances nocives et polluantes (OGM, parfums de synthèse, colorants, etc.).


    3

    Ecocert : le label des produits alimentaires et cosmétiques

    On retrouve la certification Ecocert sur beaucoup de cosmétiques, mais vous pouvez également le retrouver sur des produits alimentaires, textiles et détergents, comme indiqué sur le site officiel du label. Si vous souhaitez acheter des cosmétiques respectueux de l’environnement et de votre santé, vous pouvez vous tourner vers les produits labellisés Ecocert, qui s’appuie sur une liste d’ingrédients naturels. Le cahier des charges Ecocert offre la garantie d’un produit sans OGM, sans colorant, sans parabène, sans parfum de synthèse et contenant au moins 10 %(1) d’ingrédients biologiques. Pour les produits ménagers, le label certifie qu’ils contiennent 5 %(1) maximum d’ingrédients de synthèse. Il interdit, par ailleurs, l’utilisation du plastique et encourage fortement les écorecharges.
     

    Écolabels : comment reconnaître les produits certifiés écologiques ?

     

    L’Essentiel de l’article

    • Un écolabel garantit qu’un produit ou un service est respectueux de l’environnement et de la santé.
    • Ecolabel Européen et NF environnement sont les deux écolabels officiels.
    • Ecocert garantit qu’un produit intègre des composants et un contenant respectueux de l’environnement et de la santé.

    (1) Écoconso, À quels labels reconnaît-on un cosmétique écologique ?, 2020

  • Timothée Chalamet, Angèle, Fary… Quelles sont les références culturelles de la génération Z* ?

    Timothée Chalamet, Angèle, Fary… Quelles sont les références culturelles de la génération Z* ?

    À chaque génération ses références culturelles. Les baby-boomers ont été marqués par Sean Connery et les Beatles, la génération X par David Bowie et The Breakfast Club (1985), les millennials par Harry Potter et Eminem. La génération Z, elle, semble puiser dans un répertoire plus large que jamais. Certes elle a ses icônes « à elle », de Billie Eilish et BTS à Mcfly et Carlito. Mais elle ne se montre pas non plus avare de références plus datées. « Dans ma génération, décrit Lou, 18 ans, tout le monde a vu Friends (1994-2004) alors que ce n’est pas notre génération, on adore les réalisateurs des années 90 comme Tarantino… » « Sur TikTok, beaucoup de tendances des années 70 sont revenues à la mode, que ce soit les pattes d’eph’ ou en musique [la chanson Dreams de Fleetwood Mac, sortie en 1977, a notamment fait le buzz sur le réseau social en 2020, ndlr], mais aussi des années 80 », abonde Rosalie, 18 ans. 

    Un phénomène assez inédit par son ampleur que Vincent Cocquebert, auteur de Millennial burn-out (Arkhê, 2019), qualifie de « rétromania culturelle », face à « futur qui ne fait plus rêver » et dans lequel il est « très difficile de se projeter. » La génération Z sera-t-elle celle qui réécrira les codes de la consommation culturelle ? Focus sur quelques références de cette tranche d’âge née entre 1995 et 2010, du cinéma à l’humour en passant par la musique. 

    *soit la catégorie générationnelle regroupant les jeunes nés entre 1995 et 2010

    De John Travolta à Timothée Chalamet, la révolution de la masculinité

    Fin des années 70, la vague disco a envahi la planète. Deux films cultes de cette période vont rester gravés dans les esprits, La Fièvre du samedi soir (1977) puis Grease l’année suivante, et avec lui son acteur américain phare : John Travolta. Une référence absolue pour nombre de parents d’enfants de la génération Z, quant à elle plutôt fan d’Emma Watson, de Jennifer Lawrence ou encore de Timothée Chalamet, énumère Lou, en prépa littéraire à Issy-les-Moulineaux. La jeune femme se dit admirative de sa « sensibilité assumée » du comédien de 26 ans révélé notamment dans Call me by your name (2017), qui va de pair avec son « côté féminin, qui destructure les codes de la masculinité » et son physique « gringalet » – « cheveux qui pendent » et « épaules avachies »… 

    Sa mère, Catherine, 58 ans, mesure le décalage avec la star de Grease. Un sex-symbol au « corps un peu bodybuildé, assez macho », bien que son allure efféminée, voire androgyne, ait également pu être pointée du doigt. Évoquant la « légèreté et l’insouciance » de cette période qui contraste avec le climat actuel, elle poursuit : « Je pense que la jeune génération est une génération qui casse tous les codes et remet en cause nos représentations. La nôtre se posait moins de questions. À l’époque de Travolta, c’est la beauté du corps que l’on met en valeur – pas forcément le fond. » 

    Des seventies à nos jours, retrace Vincent Cocquebert, c’est toute une ère qui s’achève : celle du « bad boy ». Celui qui, comme Travolta « n’était pas trop aimé des parents des jeunes de l’époque parce qu’il était très sexualisé, très charmant ; c’était le tombeur du lycée qui allait détourner les jeunes filles ». Tout l’inverse de la « masculinité rassurante » d’un Timothée Chalamet qui renvoie l’image d’une garçon « gentil et poli ». Plus largement, le côté « rock’n’roll » et les frasques des stars qui faisaient les choux gras de la presse people plaisent beaucoup moins aux jeunes d’aujourd’hui, ajoute cet observateur des nouvelles générations. « Il y a une sorte d’apaisement dans les formes culturelles, qui fait que l’on n’a plus besoin d’aimer quelque chose que nos parents détestent pour s’affirmer ! »

    Lire aussi : Quand les étudiants se font porte-parole de la jeunesse, cela fait avancer les droits sociaux

    De Francis Cabrel à Stromae et Angèle, une autre idée de la musique (et de l’amour)

    « Oui, j’ai parfois eu des pensées suicidaires / Et j’en suis peu fier… » Sa performance très commentée sur le plateau de TF1, en janvier 2022, a remis l’enjeu de la santé mentale sur le devant de la scène. Stromae fait partie de cette nouvelle vague d’artistes qui n’hésite pas à « parler de problèmes psychologiques, de leurs traumas et de leurs questionnements ; c’est une parole beaucoup plus mainstream et globale », note Vincent Cocquebert. Résultat, « on connaît bien plus leurs vies », qu’ils livrent dans leurs textes, que les artistes d’antan, pour leur part davantage portés sur les métaphores…

    Pour Rosalie, 18 ans, cette parole intime et directe rend l’artiste belge particulièrement « émouvant ». Les thèmes abordés, à l’instar de la critique lancinante qu’il fait des réseaux sociaux dans Carmen — « L’amour est comme l’oiseau de Twitter / On est bleu de lui, seulement pour 48h… » —, en font une référence incontournable pour sa génération, juge cette élève de terminale dans l’Essonne. Une vision de l’amour désabusée qui tranche avec celle qui prévalait durant l’âge d’or de la chanson française, à l’image d’un Francis Cabrel qu’admire son père Arnaud, 57 ans. Rosalie associe en effet le chanteur sexagénaire, interprète de Je l’aime à mourir, à une certaine « douceur » qui serait devenue assez rare dans les chansons d’amour signées par des artistes contemporains. « Dans les chansons de Stromae, l’amour est souvent un peu défaitiste, remarque-t-elle. Ça parle de rupture, de couples qui ne s’entendent pas… »

    Assurément on ne chante plus l’amour de la même façon qu’hier. Couronnée artiste préférée des 18-24 ans par le classement RIFFX du Crédit mutuel en 2020, Angèle évoque la tentation du célibat dans Solo, son attirance pour une femme dans Ma Reine… Quant à Stromae, il n’hésite pas à brouiller les frontières du genre dans le clip de Tous les mêmes en apparaissant mi-homme, mi-femme, dans une chorégraphie millimétrée. Justement, ce qui frappe Arnaud avec les jeunes artistes actuels, c’est la sophistication des clips dans lesquels ils se mettent en scène.  « C’est assez évident de cette génération qui est née avec le téléphone comme une extension de la main. Avant, c’était moins important. Je me souviens d’un clip de Cabrel où il jouait simplement de la guitare sur un fond bleu et ça suffisait. » Une autre idée de la musique.

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    De Coluche à Fary et Shirley Souagnon, l’archipellisation de l’humour

    Son nez rouge et sa salopette à rayures iconique lui seront à jamais associés. Disparu en 1986, Coluche reste l’humoriste préféré des Français et de loin (selon un sondage BVA en 2016), celui qui a marqué toute une génération adepte de ses vannes « hyper bien construites », même s’il « prenait un malin plaisir à balancer du gras par moment », raconte Robert, 62 ans. Conscient que certains traits d’humour « passeraient » beaucoup moins bien aujourd’hui, à l’image de cette blague qu’il nous cite : « Qu’est-ce que fait un Éthiopien quand il trouve une patate ? Il ouvre un supermarché. » 

    Quelques décennies plus tard, la nouvelle génération a su inventer ses propres codes. « Les humoristes d’aujourd’hui parlent beaucoup plus d’eux-mêmes et d’expériences qu’ils ont vécues. Ils sont davantage dans l’empathie que dans la caricature de personnages types », analyse son fils Ilian, 19 ans, en citant notamment Fary et Shirley Souagnon. « Elle est très engagée pour la cause des femmes, elle est lesbienne et en parle beaucoup, elle fait des sketchs sur ses origines [ivoiriennes, ndlr]… » L’étudiant en théâtre à Aix-en-Provence trouve aussi leur humour plus « fin ». « Fary s’aventure presque vers la philosophie, c’est assez profond », abonde Robert qui est allé voir son one-man-show Hexagone avec son fils. 

    Vincent Cocquebert, lui, voit dans cette génération d’humoristes qui plaisent aux jeunes le reflet d’une « archipellisation du corps social ». « Avant, on vivait dans une sorte d’illusion d’universalisme, les humoristes essayaient de faire rire tout le monde. Coluche était d’ailleurs tellement persuadé de représenter le peuple qu’il est allé jusqu’à vouloir se présenter aux présidentielles ! Aujourd’hui, chacun a ses propres référents d’humour. Les thèmes abordés par un humoriste comme Fary, tels que le racisme, est aussi une manière de créer de la complicité avec les gens sensibles à ce genre de discours. » Bref, l’humour de la génération Z serait plus « politique » que jamais.