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  • La précarité étudiante aggravée par la crise sanitaire

    La précarité étudiante aggravée par la crise sanitaire

    Les vidéos de files d’attente interminables d’étudiants devant les banques alimentaires depuis le début de la crise sanitaire ont marqué les esprits. Difficile, aujourd’hui, d’ignorer l’ampleur de la misère étudiante. « Avant la crise, la précarité était déjà forte. Désormais, elle explose, on le constate au quotidien », dénonce Mélanie Luce, présidente de l’Unef, l’Union nationale des étudiants de France. Et les distributions alimentaires que le syndicat a mises en place ne désemplissent pas. « Au fur et à mesure, de plus en plus d’étudiants y ont recours, et nous n’avons pas assez pour tous ceux qui ont fait la queue », détaille Mélanie Luce.

    43% des étudiants

    sautent des repas pour des raisons financières*.

    L’emploi étudiant, une nécessité financière pour beaucoup de jeunes

    Si la précarité n’a pas attendu les mesures gouvernementales liées à la Covid-19, ces dernières ont accentué la fragilité de nombreux étudiants, et notamment en les privant d’emploi – une béquille financière nécessaire pour près de la moitié d’entre eux, au vu de l’insuffisance des bourses.

    Ainsi, hors période Covid, 46 % des étudiants occupent une activité rémunérée durant l’année universitaire – ce pourcentage grimpe en été1. Une situation peu satisfaisante, quand on sait que travailler en parallèle de ses études est la première cause d’échec à l’université. « Les activités salariées hors cursus ont un impact négatif sur la validation (des diplômes) et favorisent l’abandon des études », confirme l’économiste Kady Marie-Danielle Sorho-Body2.

    « Non seulement les emplois étudiants révèlent les inégalités de parcours existant au sein de l’enseignement supérieur, mais, en outre, ils peuvent les accentuer », analyse également la sociologue Vanessa Pinto dans son ouvrage À l’école du salariat. Les étudiants et leurs « petits boulots »3.

    Mais à défaut d’être la solution idéale, l’emploi étudiant est jugé « nécessaire » par la quasi-totalité de ceux qui l’exercent. Il faut dire qu’aujourd’hui, seul un quart des étudiants bénéficie de bourses sur critères sociaux – à des niveaux souvent trop faibles pour en vivre (de 1 032 euros à 5 679 euros annuels).

    « Ce système d’aide est insuffisant, il oblige les étudiants à s’appuyer sur deux piliers pour financer leurs études : le salariat et la solidarité familiale », dénonce Mélanie Luce. Or, la dégradation du marché du travail touche particulièrement l’emploi informel et les contrats précaires, intérimaires ou autres, auxquels ont recours les étudiants. Ainsi, durant le confinement, plus d’un tiers des étudiants qui exerçaient une activité ont été contraints de l’arrêter, perdant ainsi en moyenne 274 € par mois4. Une baisse considérable pour des budgets ultraserrés.      

    Les étudiants précaires en grand besoin d’aide(s)

    Elise Nuret, vice-présidente en charge de l’Agoraé, une association qui compte une vingtaine d’épiceries solidaires gérées par des étudiants pour des étudiants, avait ainsi vu doubler le nombre de bénéficiaires entre septembre 2019 et septembre 2020. Et avec l’inflation la tendance n’a fait qu’augmenter. La jeune femme, elle-même étudiante, observe un changement de profils parmi les nouveaux venus : désormais, de plus en plus d’étudiants ayant perdu leur emploi n’ont d’autre choix que de se tourner vers la solidarité pour tenter de boucler les fins de mois. « Le problème était déjà présent avant 2020, mais il a été décuplé », souligne Elise Nuret.

    Lire aussi : Comment fonctionnent les AGORAé, ces épiceries étudiantes solidaires ?

    Ces modifications du travail étudiant ont des conséquences à long terme, bien au-delà de la seule période de confinement : parmi les étudiants ayant arrêté de travailler, 37 % n’ont pas repris d’activité rémunérée après le déconfinement4. Et nombreux sont ceux qui n’ont pas trouvé le fameux « job d’été » qui permet de tenir sur l’année universitaire. 

    Les études et la construction de l’avenir mises en péril par la précarité

    Une misère étudiante qui met à mal l’idéal de démocratisation des études supérieures et qui participe de la reproduction des inégalités sociales. L’Unef appelle à un plan d’urgence doté d’un milliard et demi d’euros pour permettre augmenter le montant des bourses et des APL (Aides pour le logement), mais aussi pour élargir massivement le nombre de bénéficiaires de ces bourses – entre autres en les ouvrant aux étudiants étrangers, qui en sont aujourd’hui exclus. Et au-delà, le syndicat propose la création d’une allocation d’autonomie, une aide universelle pour créer un filet de sécurité étudiant.

    « Aujourd’hui tout le monde peut perdre son emploi. Mais en tant qu’étudiant, nous n’avons droit ni au chômage ni au RSA »

    Mélanie Luce, présidente de l’Unef, l’Union nationale des étudiants de France

    Le constat est partagé mais les solutions émises peinent à trouver l’unanimité. Alors, faute de projet politique apportant une solution pérenne, le milieu associatif se mobilise. Les épiceries solidaires Agoraé, les associations Linkee ou Cop’21 organisent des distributions de panier repas, de plats préparés ou de produits d’hygiène. Idem pour les acteurs emblématiques de l’aide alimentaire, le Secours Populaire et les Restos du cœur, qui s’adaptent à leurs nouveaux bénéficiaires en ouvrant des centres dédiés aux étudiants. Des colis alimentaires pour des jeunes privés d’université, d’emplois et de perspective : difficile de trouver image plus marquante d’une jeunesse sacrifiée. « Les initiatives sont nombreuses dans le milieu associatif, mais notre action ne suffit pas. Les distributions de panier de sont pas une solution pérenne. Nous avons besoin de relais institutionnels », appelle Elise Nuret.

    La Macif se mobilise contre la précarité étudiante

    La Macif a décidé de mobiliser son dispositif Macif Solidarité Coups Durs pour permettre aux étudiants d’avoir un espace de soutien et d’écoute active, afin d’évaluer leur niveau de détresse et les orienter, en fonction, vers les aides ou structures de proximité existantes.

    *Linkee 2022
    (1) Observatoire national de la vie étudiante, enquête CDV 2016.
    (2) Sorho-Body Kady Marie-Danielle, « Le travail salarié a-t-il un impact sur la réussite en première année de licence ? », Formation emploi, 142 | 2018, 211-230.
    (3) Paris, PUF, 2014.
    (4) Observatoire national de la vie étudiante, enquête CDV 2020.
  • Quand les jeunes réinventent la masculinité

    Quand les jeunes réinventent la masculinité

    Avec ses 3 millions d’entrées en France et ses 710 millions de dollars de recettes mondiales, « Mourir peut attendre », le dernier James Bond sorti en 2021, consolide sa place de référence de la pop culture. Et aussi celle d’une masculinité puissante, portée par un Daniel Craig intouchable, fort et viril. Pourtant, ces imaginaires sont aussi en train d’évoluer car une nouvelle génération d’hommes entend bien proposer un nouveau récit pour les hommes.

    Avec ses 490.000 abonnés sur YouTube, Ben Névert montre que la jeunesse est capable de réinventer la masculinité. Dans ses tables rondes « Entre mecs », le format phare de sa chaîne, il donne la parole à des invités masculins. Ils parlent ouvertement de leurs ruptures amoureuses ou de leur style vestimentaire et remettent en question des stéréotypes comme « les hommes ne pleurent pas » en expliquant leur cheminement. Un discours qui se répercute d’ailleurs sur Instagram et TikTok, où de jeunes créateurs de contenus comme @Tubandes encouragent les hommes à exprimer leurs émotions, libérer leur rapport à leur corps ou encore oser s’habiller comme ils le souhaitent.

    Lire aussi : Le body shaming chez les ados et ses impacts sur leur santé mentale

     

    Vers une néo-masculinité positive, épanouie et enracinée dans Metoo ?

    Cette évolution des mœurs chez les jeunes hommes puise ses racines dans les avancées féministes de ces dernières années, particulièrement représentées pour cette génération par le mouvement #MeToo. Sur Instagram, de nombreux comptes militants ont vulgarisé massivement les discours féministes dès 2018 et ont structuré des communautés sur ces questions, en y incluant les hommes. Biberonnés à #MeToo, les garçons de la GenZ se sont sentis représentés dans les causes féministes. Et ils ont surtout compris que le féminisme n’était en aucun cas une guerre contre la gente masculine.

    C’est ce qu’a montré le journaliste Jérémy Patinier dans son Petit Guide du féminisme pour les hommes. Publié en 2018, l’ouvrage montre comment les hommes peuvent bénéficier du féminisme. « Quand, dans une famille, un père accomplit spontanément 50 % des tâches domestiques et organise les week-ends à la campagne ou les allers-retours au foot, sa femme est plus détendue et le couple va mieux. De plus, ce père impliqué améliore le lien avec ses enfants. Il peut les éduquer sans ces stéréotypes qui dévalorisent le féminin. Cela fait des individus plus structurés et plus forts, contrairement à ce que l’on croit, car on ne leur impose pas des modèles inatteignables », a-t-il commenté pour le journal Le Temps. Jérémy Patinier parle « d’individus plus structurés et plus forts » car ils ont appris, bien plus tôt que leurs pères, ce qu’étaient la charge mentale et les injonctions virilistes. Ils ont eu l’espace pour développer une identité plus apaisée, parfois jusqu’à interroger les modèles prônés par leurs propres parents.

    Lire aussi : Une jeunesse décomplexée sur sa santé mentale

     

    Une rupture héritière d’une histoire

    Ce renouveau des masculinités est d’ailleurs étudié sur les bancs de l’université, relève le maître de conférence en sociologie Arthur Vuattoux : « De nombreuses thèses ont été soutenues ces dernières années comme celle de Josselin Tricou sur l’Église et les masculinités, celle de Florian Vörös sur le rapport des hommes au porno ou celle de Mélanie Gourarier sur la drague et masculinité ».

    Dans tous les domaines, les hommes sont en train de questionner leur rapport au monde qui les entoure. Mais cette libération de la parole est-elle vraiment nouvelle ?

    Pour mieux comprendre les ressorts de ce phénomène, retournons au milieu des années 1980. C’est à ce moment que les premiers travaux universitaires sur la masculinité voient le jour, grâce à l’anthropologue Raewyn Connell. Dans son ouvrage Masculinities paru en 1995, elle définit la « masculinité hégémonique » comme « la configuration des pratiques de genre visant à assurer la perpétuation du patriarcat et la domination des hommes sur les femmes ». D’autres universitaires comme Robert Brannon préféreront parler des clichés de l’homme « maîtrisant ses émotions, subvenant aux besoins de sa famille et pratiquant des activités violentes et audacieuses ». Des définitions différentes, mais qui amorcent déjà (et pour la première fois) une définition scientifique de la place du genre masculin dans la société. En dehors des laboratoires de recherche, des changements s’opèrent aussi dans la société et les familles.

    Dès les années 1970, le mouvement féministe permet déjà aux hommes de questionner leurs désirs et leur place dans le foyer, à l’image des icônes de l’époque comme David Bowie et Freddy Mercury qui jouent avec les frontières du genre dans leur esthétique. Les hommes cassent de plus en plus les codes de la masculinité en s’appropriant le make up et la mode, jusqu’alors « autorisés » uniquement aux femmes.

     

    Quand les jeunes réinventent la masculinité

     

    Bien que les hommes questionnent leur masculinité depuis des décennies, le phénomène a pris une dimension nouvelle grâce aux réseaux sociaux. En ligne, on s’approprie de nouveaux termes comme celui de « masculinité toxique », d’abord popularisé par la blogueuse américaine Amanda Marcotte, qui la définit comme « un modèle spécifique de la virilité, orienté vers la domination et le contrôle ». Elle poursuit : « c’est une virilité qui perçoit les femmes et personnes LGBT comme inférieures, conçoit le sexe comme un acte non pas d’affection mais de domination, et valorise la violence comme seule façon de s’imposer dans le monde ». Bien que cette expression ne soit pas employée en sciences sociales, Arthur Vuattoux admet que « ce qui se dit sur les réseaux sociaux corrobore une grande partie des recherches ».

    Le rôle des réseaux sociaux

    C’est dans ce contexte de libération de la parole que Dina a créé le compte “Les garçons parlent”. Sur son compte Instagram, il invite les hommes à déconstruire tous les stéréotypes de l’homme viril, et les appelle à se confier sur leurs problèmes. Le créateur de contenus était d’ailleurs le premier concerné : « En master 1, j’ai fait une dépression en Erasmus. J’aurais pu en parler mais c’était délicat car je ne savais pas vraiment ce que je ressentais et je n’arrivais pas à l’exprimer, comme beaucoup d’hommes ». À son retour en France, en 2018, il ouvre petit à petit son compte aux témoignages : « J’ai d’abord publié quelques stories et les hommes sont venus spontanément pour la même chose. » Parmi les sujets les plus abordés, il y a les agressions sexuelles et la santé mentale. On y trouve par exemple celui d’un jeune de 17 ans qui complexe sur la taille de son sexe, ou des récits plus graves comme celui d’Ismaïl, victime d’un viol. Le compte met aussi en avant des problématiques du quotidien comme la galanterie ou le témoignage d’un lycéen pratiquant la Zumba. Ces prises de parole sont ensuite publiées anonymement : « Ils me disent que c’est une libération, c’est un peu comme un carnet intime public », explique Dina.

    Cette libération de la parole est aussi ressentie dans la vraie vie. Depuis la création de son spectacle « Sensiblement viril », l’humoriste Alex Ramirès sensibilise son public aux problématiques liées à la masculinité. Selon lui, son spectacle, dont la dernière aura lieu à l’automne, a beaucoup évolué depuis son lancement en 2017. « Ce que je pouvais considérer comme un thème précurseur en 2017, voire un peu dérangeant, est devenu quelque chose de plus accepté », commente-t-il. Et d’ajouter : « J’ai un regard très admiratif sur les nouvelles générations, je suis hyper fier d’elles alors que je ne les connais pas. Les réseaux sociaux, malgré tous leurs travers, nous permettent de nous sentir moins seuls. Je crois beaucoup en la représentation et quand je vois des jeunes de 15 ans casser les codes du genre ou de la masculinité, je trouve que c’est très important ».

     

    Lire aussi : Quelles sont les références culturelles de la génération Z* ?

     

    Cette rupture générationnelle n’est d’ailleurs pas l’apanage des jeunes hommes bourgeois, rappelle Arthur Vuattoux. « Dans les classes supérieures on a l’impression que les masculinités évoluent beaucoup plus, mais en réalité les changements sont tout aussi profonds dans les milieux ruraux ou les classes populaires. Simplement ces populations prennent moins la parole dans l’espace public. Les classes supérieures n’ont pas le monopole du progressisme », explique-t-il.

    Un travail encore en cours

    En revanche, le sociologue nous invite à nuancer les discours répandus sur Internet : « Quand on parle du web il faut faire attention à regarder dans quels espaces sociaux on voit apparaître ces prises de parole. On a l’impression qu’un compte Instagram, c’est représentatif de ce qui se dit dans la jeunesse alors que les espaces numériques sont très clivés ». En dehors de la (toute petite) bulle d’Internet, les hommes évoluent donc à leur rythme. Derrière la face visible d’une GenZ ultra connectée se cachent de nombreuses nuances, qu’il s’agit d’écouter.

    Alors comment ces nouvelles masculinités vont-elles s’agencer dans les 5 ou 10 prochaines années ? Il est encore difficile de se projeter, mais les masculinités de demain s’inventent sûrement aujourd’hui, à l’ombre des luttes féministes, dans l’angle mort d’un virilisme aux abois, recroquevillé dans sa superbe d’antan. Comment garantir aux jeunes hommes en quête d’identité de ne pas se faire écraser par des mouvements antagonistes comme la communauté MGTOW, abréviation de Men Going Their Own Way, qui se revendique de la lutte contre l’effacement des hommes de la société et plus précisément de leur virilité ?

    La réponse se trouve peut-être dans l’écoute et l’accompagnement de ces néo-masculinités, pour qu’elles aient une chance d’avoir un impact proche de celui de #MeToo. Alors que ce mouvement n’a même pas encore fêté ses dix ans d’existence, il est naturel que les hommes prennent le temps de casser les codes de leurs identités. Et les générations futures iront peut-être plus loin, grâce à la force de frappe d’Internet ?

  • Le sport est-il encore un bastion sexiste ?

    Le sport est-il encore un bastion sexiste ?

    L’accès au sport pour les femmes est d’abord un combat mené depuis de nombreuses années. « Au XIXe siècle, les femmes jouaient au tennis, mais c’était plus un moyen de rencontre des jeunesses dans les milieux bourgeois qu’une véritable pratique sportive », affirme Catherine Louveau, sociologue du sport spécialisée sur les conditions d’accès des femmes aux pratiques sportives. Les femmes ont dû attendre 1950 pour obtenir une licence de la fédération sportive de cyclisme, 1970 pour le football et 1987 pour la boxe (1).

    Elles sont d’abord acceptées dans les sports jugés compatibles aux normes sociales féminines en vigueur : « Après le tennis, les disciplines ouvertes aux femmes sont la natation et les gymnastiques. Avec ces activités, elles peuvent “travailler leur féminité”, c’est-à-dire muscler leur corps. L’idée, c’est de fabriquer des belles femmes et des bonnes mères », ajoute Catherine Louveau. De même pour les compétitions sportives. Ce n’est qu’en 1928, après avoir essuyé plusieurs refus, que les femmes ont la possibilité de participer aux épreuves olympiques. « Pierre de Coubertin [l’initiateur des Jeux Olympiques modernes à partir de 1896, ndlr] était hermétique à la pratique du sport par les femmes. Pour lui, le sport visait à viriliser les hommes et à les préparer à l’affrontement. »

    En effet, dès que les activités sportives impliquent de la force, du combat et de l’affrontement physique, elles s’inscrivent, depuis l’antiquité, dans le registre du masculin. Pour Catherine Louveau, cela s’illustre toujours aujourd’hui : « J’entends encore des personnes dire que le rugby n’est pas fait pour les femmes. » De même lorsqu’il s’agit d’épreuves sportives d’endurance. En 1928, le 800 mètres d’athlétisme fait son apparition aux jeux olympiques : « À l’arrivée, les sportives sont – à juste titre – fatiguées. Certaines s’effondrent sur les pistes, grimaçantes après l’effort. C’était tellement choquant pour l’époque de voir des femmes dans ces circonstances qu’ils ont supprimé l’épreuve du 800 mètres, qui n’a été réautorisée qu’à partir des années 1960 », raconte la sociologue.

    Preuve qu’une femme, dès qu’elle s’éloigne des stéréotypes liés à son genre (ici, une femme « grimaçante » est jugée disgracieuse), est considérée comme subvervise.

    Des freins encore importants

    D’après Catherine Louveau, les femmes font l’objet d’un véritable « procès de virilisation » dès qu’elles sont jugées trop masculines. Ce n’est pas un hasard si l’haltérophilie, le taekwondo, le lancer de marteau, la lutte ou encore la boxe n’ont pu être pratiqués par les femmes qu’à partir des années 2000 lors des Jeux Olympiques. Aujourd’hui encore, malgré la loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes – qui introduit l’obligation de représentation dite « proportionnelle » au nombre de femmes pratiquantes – les inégalités homme-femme dans le sport se jouent à tous les niveaux.

    Pour Nicole Abar, ancienne joueuse de l’équipe de France de Football, connue pour son engagement en faveur de l’égalité d’accès au sport pour les filles et les garçons : « Les représentations stéréotypées freinent l’accès aux pratiques sportives. »

    Lire aussi : Foot : les filles sur le terrain !

    « Les petites filles n’osent pas demander de participer à une activité qui, a priori, est connotée masculine et certains parents ne vont pas les encourager non plus. »

    Nicole Abar, ancienne joueuse de l’équipe de France de Football

    Les structures, elles aussi, ne sont pas toujours adaptées. « Malgré les programmes fédéraux, tous les clubs ne sont pas prêts à recevoir des filles, regrette Nicole Abar. Pour accueillir une nouvelle pratique, ou une nouvelle catégorie, que ce soit des femmes ou des personnes en situation de handicap, il faut trouver des créneaux, et il n’y a pratiquement pas d’accès aux équipements sportifs pour les femmes, car ils sont saturés par les hommes. » À cette répartition inégalitaire des infrastructures sportives (stades, vestiaires…), s’ajoutent les inégalités économiques.

    Si la fédération américaine de football a annoncé, le 18 mai 2022, avoir conclu un accord pour l’égalité des salaires entre les joueurs et les joueuses, les inégalités perdurent en France entre les joueurs et joueuses de football. Le footballeur Lionel Messi aurait touché plus de 100 millions d’euros en 2019 d’après le magazine France Football(2), alors que Wendie Renard et Amandine Henry, les deux joueuses françaises les mieux payées, toucheraient 30 000 euros par mois (soit 360 000 euros sur un an) selon le journal l’Équipe(3).

    De plus, les joueuses ont un statut amateur, contrairement aux hommes qui sont sous contrat professionnel : « Les footballeuses ont un contrat fédéral avec les clubs. Elles sont souvent à temps partiel et doivent dans ce cas compléter leur revenu avec une autre activité professionnelle », rappelle l’ancienne footballeuse. En travaillant à côté, les athlètes féminines sont moins disponibles psychiquement et physiquement pour leur compétition.

    Le football féminin ne serait-il pas encore assez rentable ? Pour Nicole Abar : « Il y a un souci d’économie de marché. Lors des compétitions, les stades sont quasiment vides, le merchandising est très limité et les montants des contrats publicitaires et des sponsors n’atteignent pas des sommets. Pour qu’il y ait plus d’équilibre, il faudrait créer de l’audience, mais aujourd’hui il y a encore un déficit monstrueux de visibilité. »

    En effet, d’après le rapport du CSA paru en septembre 2017, les femmes représentaient entre 14 et 18, 5 % du volume horaire de représentation d’activité sportive à la télévision, contre une fourchette de 16 et 20 % en 2016(4).

    Vers un sport moins sexiste

    Les statistiques montrent que les femmes n’ont qu’une place marginale et secondaire dans le milieu sportif(5), qu’elles soient arbitres, entraîneuses, journalistes ou dirigeantes. Concernant la pratique, elles représentent au total un peu plus de 38 % des licenciés – tous sports confondus – en 2018, alors qu’elles sont plus nombreuses dans la population française. Selon l’INSEE, au 1ᵉʳ janvier 2021, les femmes représentent 51,7 % de la population en France – soit 2,3 millions de plus que les hommes.

    Lorsqu’on se penche sur la répartition, on constate que certains sports restent toujours majoritairement pratiqués par des hommes (comme le football, le rugby ou le tir…) et d’autres, principalement par des femmes (comme la gymnastique, le patinage ou la natation synchronisée…) Si l’écart reste important, les pratiquantes des sports jugés « masculins » sont de plus en plus nombreuses. Par rapport à 2011-2012, le nombre de footballeuses licenciées a par exemple été multiplié par deux et s’élève aujourd’hui à 193 882 selon la Fédération Nationale de Football(6). La Fédération Nationale de boxe compte quant à elle 17 436 licenciées contre 7133 en 2011-2012.

    Pour l’ancienne joueuse de football Nicole Abar – qui a réussi, en 2002, à faire condamner pour la première fois un club de football pour sexisme – cela s’explique par l’évolution des représentations : « Faire du foot pour une fille n’est plus considéré comme une bizarrerie. Elle peut rêver de rentrer en équipe de France, de rejoindre des grands clubs… » Or, le travail de sensibilisation n’est pas terminé, pour Nicole Abar, qui reprend les ateliers Passe la balle qu’elle avait mis en place l’année 2000, destinés aux enfants de la primaire à la 6e.

    « L’objectif est de travailler avec les petits sur les représentations des filles dans le sport car, dès l’âge de 4 ans, elles perdent en motricité, ce qui est pourtant une composante essentielle de la construction de l’estime et de la confiance en soi. »

    Nicole Abar

    Grâce à ses ateliers centrés sur la motricité et le langage, elle espère déconstruire les stéréotypes dans le sport et permettre aux filles d’oser se déployer dans l’espace autant que les garçons car, pour Nicole Abar : « Encourager la mobilité des petites filles aujourd’hui, c’est leur donner toutes les chances d’avoir confiance en elles demain. »

    (1) Barbusse, Béatrice. « Et maintenant, et demain ? », , Du sexisme dans le sport. sous la direction de Barbusse Béatrice. Anamosa, 2022, pp. 285-356.

    (2) France Football, 2018

    (3) L’Équipe, 2019

    (4) Rapport du CSA sur la diffusion de la pratique féminine sportive à la télévision (2017).

    (5) Barbusse, Béatrice. « Et maintenant, et demain ? », , Du sexisme dans le sport. sous la direction de Barbusse Béatrice. Anamosa, 2022, pp. 285-356.

    (6) FFF

  • Violences intrafamiliales : quels signaux repérer pour venir en aide aux victimes ?

    Violences intrafamiliales : quels signaux repérer pour venir en aide aux victimes ?

    En 2020, les violences intrafamiliales ont connu une hausse importante suite aux mesures de confinement mises en place par le gouvernement. Le dernier rapport de la Fédération Nationale Solidarité Femmes montre qu’en 2020, près de 100 000 appels ont été pris en charge – ce qui représente une hausse de 22 % par rapport à 2019. Le rapport de la Fondation des femmes évoque quant à lui une hausse de 21 % des féminicides depuis 2019 et une recrudescence générale des violences faites aux femmes depuis le mouvement #Metoo et la libération de la parole qui s’en est suivi. Les chiffres des violences envers les enfants ont eux aussi connu une forte hausse en 2020 : les violences auraient ainsi augmenté de plus de 56 % sur les enfants de moins de 5 ans1.

    Des violences de tout type

    « Si les chiffres semblent se stabiliser suite à la levée des mesures de confinement, ils n’ont pas pour autant baissé de manière significative », souligne Françoise Brie, directrice de la Fédération Nationale Solidarité Femmes qui a pour objectif de venir en aide aux femmes victimes de toute sorte de violence. « Dans la réalité, l’immense majorité des femmes qui viennent rencontrer l’association sont victimes de violence conjugales. » Parmi elles, il faut bien distinguer les violences psychologiques (rabaissement, critiques…), verbales (insultes, cris…), physiques (les plus repérables), sexuelles (du harcèlement au viol conjugal) aux violences économiques, patrimoniales et administratives (confiscation de documents, interdiction de travailler, contrôle des dépenses, par exemple). « Les violences que nous rencontrons le plus fréquemment au sein de l’association sont les violences psychologiques, partage Françoise Brie. Viennent ensuite les violences physiques, mais il faut savoir qu’il y a toujours différentes formes de violences associées. »

    Être attentif aux premiers signaux de violence

    Pas évident pour les proches qui se situent hors du foyer de repérer la violence qui s’y cache. Pourtant, il y a des indices dont l’entourage familial et amical peut être témoin. Pour Françoise Brie : « Le contrôle exercé par l’un des partenaires sur l’autre est le premier signe à repérer. Cela peut se traduire par un conjoint qui répond à la place de sa femme, ne lui laisse pas la parole, ou bien contrôle ses sorties, par exemple. » Les proches peuvent également être dans une posture plus active, en posant des questions.

    « Si la personne réagit avec agressivité aux suspicions, par exemple, ou nie de manière exagérée, cela peut être un signe supplémentaire »

    Françoise Brie, directrice de la Fédération Nationale Solidarité Femmes

    Les signes peuvent être très ténus, selon la situation et la personnalité. Dans un contexte de violences conjugales déjà perçues ou connues, il peut également y avoir des facteurs aggravants, et dans ce cas, les signaux sont à repérer chez l’agresseur : « Quand un homme vient de perdre son travail, un parent, ou bien son statut social, cela peut venir aggraver la situation des victimes. » Et cela ne concerne pas seulement les femmes : dans un contexte de violences conjugales, les enfants sont victimes de violences physiques dans 40 % des cas. « Dire que les enfants ne sont pas concernés est faux : contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce sont les premiers impactés. » La séparation n’est pas non plus synonyme d’un arrêt des violences : « Une fois que la violence ne peut plus s’adresser directement sur l’objet, c’est l’enfant qui devient le vecteur de la violence. »

    Lire aussi : Violences conjugales : comment repérer et aider les femmes victimes ?

    Proche en danger : comment réagir ?

    « Le premier conseil que nous donnons, c’est avoir une qualité d’écoute : ne pas couper la parole, ne pas juger, et laisser la personne dérouler son récit, partage Louise Neuville, chargée de communication pour l’association En Avant Toutes qui lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Ensuite, valoriser la personne, car dans un contexte de violence et d’emprise, les victimes ont souvent une faible estime d’elle-même. Les valoriser, c’est donc leur rappeler qu’elles ont en elles des ressources pour s’en sortir », poursuit-elle.

    « Il faut également être patient : quitter un homme violent, cela peut prendre des mois, voire des années selon les personnes. »

    Anne Joseleau, la directrice de Solidarité Femmes 21 à Dijon

    « Il faut toujours, dans ce cas, redonner le moteur de l’action à la personne et ne pas la forcer ou décider d’entamer des démarches à sa place, ce qui pourrait être contre-productif », rappelle également Anne Joseleau, la directrice de Solidarité Femmes 21 à Dijon.

     

    3919

    Si vous êtes victime de violences ou proches d’une victime, appelez ce numéro ouvert 7j/7 et 24h/24 depuis septembre 2021. En cas d’urgence, privilégiez le 115 ou le 17.

    Enfin, l’entourage comme les professionnels peuvent contacter le 3919 – un numéro d’écoute géré par la Fédération Solidarité Femmes, à la fois pour les femmes victimes de violence, mais aussi pour l’entourage et les professionnels concernés, ou bien le tchat sur le site commentonsaime.fr, mis en place par l’association En Avant Toutes pour atteindre les victimes les plus jeunes : « Aujourd’hui, il y a une femme victime de violence sur 10, mais lorsqu’on descend la tranche d’âge au-dessous de 24 ans, c’est une femme sur 7, et elles ont moins tendance à appeler pour témoigner », explique Louise Neuville. Rappelons toutefois que, ni le 3919 ni le tchat mis en place par l’association En Avant Toutes ne sont valables en cas d’urgence. Ils ne remplacent pas le numéro de la police, le 17 ou le 115 si la victime a besoin d’être logée rapidement.

    Certaines professions sont également plus à même d’agir en cas de suspicions de violence, et dans ce cas, il est possible de se former : à Dijon, Solidarité Femmes organisent des formations pluriprofessionnelles avec des médecins, des pompiers, des policiers, des sage-femmes ou des infirmiers pour « tisser un réseau de partenaires local et mieux comprendre les limites d’intervention de chaque métier et d’éviter, ainsi, à ces professions de se renvoyer la balle », selon la directrice Anne Joseleau. Dans une visée aussi préventive, des associations prennent en charge les auteurs de violences, comme la fédération FNACAV qui regroupe toutes les associations spécialisées pour le suivi des auteurs de violences, et qui a ouvert, en 2003, un numéro national dédié à la prise en charge : 08 019 019 11.

    TROUVEZ DU SOUTIEN OU DE L’ÉCOUTE

    La Macif vous soutient.
    Contactez Macif Solidarité Coups Durs au 09 69 32 84 19 (du lundi au vendredi de 9h à 18h et le samedi de 9h à 12h. Appel non surtaxé).
    Renseignez-vous sur les solutions que nous vous proposons.

    1 https://www.chu-dijon.fr/actualites/2021/02/10/violences-confinement

  • Mon ado veut faire du bénévolat : comment ça marche ?

    Mon ado veut faire du bénévolat : comment ça marche ?

    Être bénévole, c’est donner de son temps librement (sans contrat) et gratuitement pour mener à bien une action collective. Il est possible pour un ado de se lancer dans l’aventure et de s’engager selon ses envies et ses disponibilités. On fait le point.


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    Quel type d’association choisir pour un mineur ?

    Il existe plusieurs manières de s’engager en tant que bénévole pour un ado. Selon ses centres d’intérêt, ses compétences et ses envies, il peut intégrer une association sportive, culturelle, environnementale, d’accès à la citoyenneté… La Société Protectrice des Animaux (SPA), par exemple, peut accueillir des bénévoles dès l’âge de 11 ans et La Croix-Rouge dès 7 ans.

    Divers organismes, tels que France Bénévolat, Tous Bénévoles ou encore Jeune Bénévole, proposent sur leur site des milliers de missions et d’associations en recherche de bénévoles. En indiquant le type de mission qu’il préfère et sa localisation, cela peut permettre à votre enfant d’aiguiller son choix. Il convient de préférer une association proche de votre domicile et qui correspond à ses attentes.

    VOUS SOUHAITEZ DEVENIR BÉNÉVOLE ?

    Rendez-vous sur Diffuz.com, la plateforme solidaire de la Macif ! Vous pourrez y découvrir les défis solidaires près de chez vous.


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    Faut-il une autorisation parentale pour devenir bénévole ?

    La loi du 27 janvier 2017 relative à l’égalité et à la citoyenneté prévoit qu’un mineur peut adhérer librement à une association et participer aux missions bénévoles, sans autorisation préalable des parents ou de son représentant légal.


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    Un mineur peut-il créer ou gérer une association ?

    Avant 16 ans, un mineur peut créer ou gérer une association s’il a une autorisation écrite de ses parents ou de son représentant légal. Entre 16 et 18 ans, l’autorisation n’est pas nécessaire mais ils doivent en être informés par un courrier de l’association.

    En tant que bénévole, votre ado (dès 16 ans) peut suivre la formation à la gestion associative (CFGA), qui a pour objectif de donner aux bénévoles les connaissances nécessaires pour assumer des responsabilités de gestion administrative, financière et humaine dans une association.

    ENVIE D’AGIR ?

    La Fondation d’entreprise du Groupe Macif soutient de nombreuses initiatives solidaires. Renseignez-vous !


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    Combien de temps peut consacrer un mineur à une association ?

    Le bénévolat n’étant encadré par aucun contrat, libre à chacun donc de décider du temps qu’il veut investir et quand il souhaite arrêter. Votre ado peut s’engager sur du long terme comme faire du soutien scolaire pour les élèves en difficulté. Il peut aussi s’investir plus ponctuellement selon les besoins des associations alentour (opération “paquets-cadeaux” à Noël, par exemple).

    Reste que le bénévolat est un engagement à prendre au sérieux. Il est préférable que votre ado mesure bien le temps qu’il est prêt à donner, gratuitement, pour soutenir une cause et de l’adapter à son quotidien (travail scolaire, activités, etc.) pour être un bénévole bien investi. Discuter de cette question en famille peut être judicieux !

    L’Essentiel de l’article

    • Être bénévole, c’est donner de son temps libre pour soutenir une cause.
    • Des organismes existent pour trouver une mission au goût de votre ado.
    • Une autorisation parentale ou du représentant légal n’est pas nécessaire pour les bénévoles mineurs.
    • Votre ado décide du temps qu’il veut investir dans l’association.
  • Ni maison, ni appart, le futur du logement ?

    Ni maison, ni appart, le futur du logement ?

    C’est un ensemble d’habitations aux allures de grande maison, dans un quartier pavillonnaire de Romainville (93). Anne-Laure, Hélène, Laurent et les autres vivent depuis quelques mois dans six logements individuels, répartis en deux bâtiments sur une unique parcelle. Ici, chacun se sent « comme à la maison ». Les grandes pièces à vivre sont dotées de longs balcons, chacun peut profiter d’un jardin avec option barbecue et potager, mais aussi d’un garage. 
    Pourtant, il s’agit bien d’un logement collectif : la rangée de boîtes aux lettres en atteste. L’architecte du projet, Félix Mulle, a repris de nombreux codes de la maison individuelle. Pour le premier bâtiment, qui a pignon sur rue, on retrouve le toit pentu et la mansarde. Deux familles y vivent. Le deuxième édifice, en fond de parcelle, évoque quatre maisons mitoyennes, avec chacune leur entrée individuelle en rez-de-chaussée et leur étage : il abrite quatre autres familles. Les treize adultes et enfants des lieux se partagent le jardin et le garage, de même que la terrasse avec vue panoramique sur le paysage francilien. Ils mutualisent également une buanderie, une chambre d’amis, et une salle dédiée aux soirées et aux évènements festifs.

    Cette hybridation entre logement collectif et individuel, souvent nommée « habitat intermédiaire » se développe aux quatre coins de l’hexagone, encouragée par la pression foncière et financière, et par la préférence inébranlable des Français pour l’habitat individuel. Ce renouveau est plutôt récent, mais des expérimentations s’observaient déjà au début du XXe siècle, sous l’impulsion d’industriels souhaitant rassembler leurs ouvriers à proximité des moyens de production, en des logements décents et peu coûteux. La tendance s’est renforcé dans les années 1970, comme une réponse aux critiques adressées aux grands ensembles fonctionnalistes, puis est tombée en déshérence face à l’essor des zones pavillonnaires, avant de connaître un renouveau ces dernières années. 

    Habitat intermédiaire : des règles d’urbanisme à respecter

    Le code de l’habitation et de la construction considère la superposition de plus de deux logements comme une caractéristique de l’habitat collectif : qu’il s’agisse d’un immeuble de 25 étages ou d’un bâti abritant deux foyers avec toit pignon, c’est donc la même réglementation des immeubles collectifs qui s’applique. Mais si le terme « d’habitat intermédiaire » renvoie à des réalités architecturales très diverses, une circulaire de 1974 en a précisé les principaux critères, faisant office de définition officielle : il se caractérise ainsi par « la possession d’un accès individuel, d’un espace extérieur privatif égal au quart de la surface du logement et d’une hauteur maximale rez-de-chaussée plus trois étages ».

    Une définition à laquelle répond parfaitement le petit ensemble HLM conçu par l’architecte Sarah Bitter, dans le quartier parisien de La Villette, finalisé en 2017. La densité parisienne exclut la réalisation d’habitats individuels. Mais chaque logement est doté de balcons, terrasses, loggias ou patios privés, mais aussi d’une entrée directe avec un pas-de-porte individuel, grâce à un système de coursives et d’escaliers extérieurs. Par ailleurs, les hauteurs de plafond et la disposition en duplex apportent une réelle sensation d’espace et une liberté du regard qui fait défaut à de trop nombreux appartements. Enfin, la limitation de la hauteur à trois étages préserve la petite échelle du lieu. L’architecte a souhaité que les résidents trouvent ici à la fois un confort individuel et collectif. « Cela passe par la sensation d’espace et par la possibilité de pouvoir profiter du dehors. Pas besoin de vivre dans le sud pour avoir envie de s’asseoir sur quelques marches devant chez soi ! », défend Sarah Bitter.

    Au-delà de ces seuls critères de hauteur réduite, d’espace extérieur privatif et d’entrée individuelle, l’habitat intermédiaire offre souvent une reprise des caractéristiques formelles de l’habitat individuel : le toit pointu, le perron, mais aussi la différenciation physique du logement à travers des volumes ou des matériaux qui permet aux habitants de « repérer » en un clin d’œil leur propre logement, à rebours du cliché des rangées de fenêtres anonymes des grands ensembles. C’est aussi la présence de pièces annexes, souvent absentes des appartements, telles que le cellier et le dressing, qui est défendue dans ce type de logement, et qui fait une réelle différence de confort pour l’usager. 

    Lire aussi : Maison individuelle et étalement urbain : faut-il densifier la ville ?

    L’habitat partagé, des atouts humains et environnementaux

    Les défenseurs de « l’habitat intermédiaire » mettent également en avant la mixité sociale et générationnelle permise par ces bâtis hybrides : parce qu’ils se prêtent à des typologies variées, ils favorisent une hétérogénéité des résidents (jeunes couples, retraités, familles, célibataires…). Par ailleurs, en mutualisant certains espaces tels que les stationnements, les espaces verts et les espaces de jeu, ils favorisent l’échange et la rencontre. Autre atout, et pas des moindres : les coûts de construction et de gestion sont réduits par rapport à une maison individuelle. Enfin, l’habitat intermédiaire est mieux accepté socialement que des opérations de grands ensembles. « On arrive dans le quartier avec une forme d’urbanité, de politesse ; l’idée n’est pas de s’imposer » confirme Félix Mulle, qui a à cœur de conserver la « mémoire pavillonnaire », et dont la réalisation à Romainville s’inscrit harmonieusement au côté des maisons voisines. L’habitat intermédiaire permet en effet de densifier en douceur des quartiers pavillonnaires, ou a contrario d’apporter une respiration bienvenue à des quartiers très verticaux.

    Mais surtout, ce type de logement apparaît comme une alternative vertueuse au tout individuel, en permettant de limiter l’étalement urbain créé par le développement de l’habitat pavillonnaire classique. Parce que moins gourmand en matières premières, en énergie, en ressources foncières, il participe d’une ville moins carbonée. Compromis fertile ? L’argument séduit certains habitants : « Cela permet d’avoir davantage d’espace que quand on est seul, mais surtout, c’est plus convivial et plus écolo que de vivre chacun entouré de son jardin et sa clôture », confirme Anne-Laure, dans sa « maison » de Romainville. 

    Lire aussi : Et si l’architecture low-tech permettait des villes plus durables ?

  • Étudiants : des logements réinventés pour pallier à la pénurie

    Étudiants : des logements réinventés pour pallier à la pénurie

    La France compte plus de 2,7 millions d’étudiants. C’est une bonne nouvelle : la démocratisation de l’enseignement supérieur est là. Mais encore faudrait-il que les étudiants aient la possibilité et les moyens de se loger. C’est loin d’être une évidence aujourd’hui. Dans le parc public, on compte 210 000 logements gérés par le Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires), pour 700 000 boursiers (1), quand moins d’un tiers des étudiants vivent chez leurs parents. La plupart sont donc contraints de trouver à se loger dans le privé, où les tarifs sont plus élevés : comptez en moyenne 550 € par mois, et jusqu’à 800 € à Paris (2)… Le coût n’est pas le seul obstacle : le nombre de « candidatures » que suscite, dans les centres urbains, le moindre studio disponible à la location témoigne du déséquilibre entre l’offre et la demande. Alors face à cette pénurie, de plus en plus de programmes transforment en logements des bâtis et des matériaux conçus pour une toute autre fonction.

    Lire aussi : La précarité étudiante aggravée par la crise sanitaire

    Logement étudiants : des initiatives prometteuses

    Au Havre, depuis 2010, ce sont d’anciens conteneurs maritimes qui abritent désormais une centaine de studios au sein de la résidence universitaire baptisée « A Docks ». Disposés sur une ossature métallique de quatre étages, avec de larges baies vitrées découpées dans la tôle, ils ont gardé l’esthétique des engins de transport portuaire, mais offrent à l’intérieur des appartements isolés de 24 m2. Le tout pour un loyer de 300 euros environ charges comprises, et à moins de deux kilomètres de l’université du Havre (76)… De quoi convaincre de nombreux étudiants. L’objectif affiché par le Crous et la collectivité est de répondre au manque de logement de manière économique et rapide, avec un coût 25 % moins cher qu’une résidence lambda, et des délais de réalisation imbattables (5 mois).

    Reste que le bilan n’a pas été à la hauteur des attentes : sans doute parce que le projet était expérimental, chaque logement a coûté 50 000 euros, soit un peu plus qu’un hébergement Crous classique. À ce jour, l’expérience n’a pas été reconduite…

    Mais malgré certains obstacles, transformer l’existant pour y loger les étudiants est une tendance qui s’affirme. À Paris, ce sont d’anciens bains-douches municipaux et d’anciens bureaux (le siège de Zodiac Aero Electric) qui ont été modifiés pour accueillir des résidences étudiantes privées. Plus original encore, un garage Citroën, dans le 14ème arrondissement, a été restructuré en 68 logements gérés par le Crous, auxquels s’ajoutent 4 000 m2 d’ateliers et 1 500 m2 de commerces.

    Plan Común, l’agence d’architecture qui a réalisé le projet, défend « une démarche durable de réemploi du bâtiment existant ». Ici l’ambition est moins financière que celle d’une économie de moyens, visant à « minimiser les démolitions et constructions », pour « relever les défis environnementaux et la gestion des ressources du XXIe siècle ». C’est là le principal atout de ces métamorphoses. Car si réhabiliter, que ce soit en gardant les mêmes fonctions ou en changeant les usages, ne coûte pas toujours moins cher qu’un logement neuf, le bénéfice écologique est bien réel.

    Transformer et réhabiliter l’ancien pour créer des logements durables

    Ces démarches permettent en effet de diminuer l’usage de nouvelles matières premières (et dans le même temps, le recours aux transports), et de réduire la pollution et les nuisances occasionnées par le chantier. « C’est vraiment un changement de paradigme qui s’amorce sur l’emploi de la matière », se réjouit l’architecte Anne Pezzoni, qui travaille actuellement à la réhabilitation d’un parking en logements.

    Transformer l’existant présente un autre atout de taille : permettre l’accès à des situations géographiques idéales, alors que les nouvelles constructions sont souvent excentrées, et que le foncier en cœur de ville est déjà occupé. L’argument a convaincu la ville rose et le Crous d’Occitanie : « Trouver du foncier est un enjeu majeur et complexe, pour lequel la réhabilitation de locaux est une piste que nous développons », explique Dominique Froment, la directrice du Crous. Dont acte : les bureaux de l’ancienne inspection académique de la Haute-Garonne, à proximité immédiate du centre-ville de Toulouse, sont en cours de transformation pour y accueillir 161 logements étudiants sur 6 niveaux, qui formeront la « résidence Duportal ».

    « L’adaptation en logements d’un bâtiment qui n’est pas dédié à l’habitat à l’origine n’est pas toujours possible, mais c’est une piste intéressante, qui se développe depuis une quinzaine d’années. Je pense qu’à l’avenir on démolira moins »

    Joseph Almudever, architecte

    Pour l’architecte Joseph Almudever, qui réalise le projet au côté d’Alexandre Brau-Mouret, le chantier doit permettre de révéler les qualités de l’édifice historique et de respecter son identité : « C’est un bâtiment très riche des années 60. De petits galets de la Garonne cerclent les piliers, le sol du rez-de-chaussée est en marbre de Saint-Béat … Et avec ses pilotis en béton, il s’inscrit dans la continuité du travail de Le Corbusier ». Le couloir a été élargi pour permettre d’accueillir du public, et ce sont désormais trois chambres qui tiennent sur deux trames porteuses. L’architecte insiste sur l’importance de penser la réversibilité des usages : concevoir une construction suffisamment flexible pour qu’elle puisse être adaptée à de futures fonctions.

    « La résidence Duportal est la première qui ouvrira dans l’Académie suite à la transformation de bureaux en logements, mais ce n’est très certainement pas la dernière », promet la directrice du Crous Occitanie. Une ambition nécessaire : alors que ses services enregistrent en moyenne 12 demandes pour 1 place disponible en résidence, il faudra davantage qu’un projet exemplaire pour améliorer les conditions de logement des étudiants.

    Lire aussi : Jeunes : tout savoir pour gérer son budget logement

    (1) Crous, Chiffres clés 2020.

    (2) Repères 2020 observatoire vie étudiante

    http://www.ove-national.education.fr/wp-content/uploads/2021/01/Brochure_Reperes_2020.pdf

  • Précarité menstruelle, la fin d’un tabou ?

    Précarité menstruelle, la fin d’un tabou ?

    Depuis septembre 2021, les résidences et les services de santé universitaires de l’Hexagone doivent être dotés de distributeurs de tampons et serviettes hygiéniques. « Cette mesure va dans le bon sens, mais nous espérons qu’elle sera déployée à d’autres femmes, au-delà des étudiantes : femmes précaires, sans papier, sans emploi, sans domicile fixe, à la tête de familles monoparentales… De nombreuses personnes sont concernées par la précarité menstruelle », réagissait à l’époque Charlotte Caccialupi, travailleuse sociale et bénévole au sein de l’association Sang rancune 76, qui collecte et distribue des protections hygiéniques.

    Près de 4 millions de Françaises sont victimes de précarité menstruelle

    Ce chiffre de 2023 est deux fois plus élevé qu’en 2021. 

    Sondage OpinionWay pour Règles Élémentaires, publié lundi 6 mars 2023

    Précarité menstruelle : des risques sanitaires et psychologiques

    « Précarité menstruelle » : la médiatisation du terme est récente, mais le milieu associatif alerte depuis des années sur cette réalité trop répandue. En bref, il s’agit de la difficulté économique à se procurer des protections périodiques : serviettes, tampons, culottes ou coupes menstruelles. Quatre millions de femmes en France sont directement concernées. Côté étudiantes, plus d’un tiers d’entre elles estiment avoir besoin d’une aide pour se procurer des protections. Une étudiante sur dix fabrique des ersatz de fortune pour des raisons financières, et une sur vingt utilise du papier toilette. Les enjeux sont loin d’être anecdotiques. La précarité menstruelle peut provoquer de graves troubles physiques : démangeaisons, infections, syndrome du choc toxique pouvant occasionner la mort.

    Les risques sont aussi d’ordre psychologique. Ne pas être protégée pendant ses règles peut diminuer la confiance en soi et accentuer des difficultés de réinsertion sociale, professionnelle et scolaire. Une étude réalisée par l’IFOP pour Dons Solidaires le confirme : 15 % des femmes bénéficiaires de l’association ne se rendent pas à un entretien d’embauche en raison de la précarité menstruelle et 17 % d’entre elles renoncent à sortir.

    Précarité menstruelle et tabou des règles

    Si elle est aujourd’hui mise en lumière, la précarité menstruelle, à la fois conséquence et facteur aggravant des inégalités de genre, est longtemps restée inaudible. La cause, entre autres, au tabou qui entoure les règles. Les périphrases désignant le cycle menstruel, « problèmes de filles », « ragnagnas », « les Anglais qui débarquent », en attestent aujourd’hui encore. « Socialement, et de façon séculaire, les règles sont placées sous le signe de la honte, le sang menstruel est une souillure qui impose de le dissimuler et de se dissimuler, comme en témoignent une multitude de rites d’exclusion et de purification de la femme menstruée à travers l’histoire et dans tous les contextes culturels », analyse Camille Froidevaux-Metterie dans Le corps des femmes, La bataille de l’intime (Philosophie magazine éditeur, 2018).

    L’étymologie de certaines expressions est révélatrice : ainsi, au XVIe siècle, les règles se disaient « catimini », du mot grec katamênia désignant les menstruations (pluriel substantivé de katamênios, de chaque mois). « Nous en avons conservé l’expression qui désigne ce que l’on fait de façon dissimulée ou hypocrite », relève l’auteure Camille Froidevaux-Metterie.

    S’informer et agir contre la précarité menstruelle

    Règles Élémentaires, association de lutte contre la précarité menstruelle

    www.regleselementaires.com

    Sang rancune 76, association de lutte contre la précarité menstruelle

    https://www.facebook.com/sangrancune76/

    Les protections hygiéniques, une nécessité sous-estimée

    De fait, y compris dans le milieu de la solidarité, la question des règles et des besoins qu’elles engendrent est longtemps occultée. « Lors des collectes, l’alimentation a longtemps été privilégiée ; et si les kits d’hygiène masculins contenaient des rasoirs, leurs équivalents féminins étaient la plupart du temps dépourvus de protections périodiques. Les femmes n’osaient pas le demander », observe Charlotte Caccialupi.

    Quand elle créé avec Charline Gérard l’association Sang rancune 76, la trentenaire ne se doutait pas que la structure prendrait autant d’ampleur. « Un peu comme Coluche avec ses Restos du Cœur, nous avons réalisé que nos actions allaient devoir se prolonger bien au-delà de ce que nous avions prévu au départ. Les besoins sont plus forts que nous le pensions », observe Charlotte, qui consacre ses matins, ses pauses-déjeuners et plusieurs de ses soirées à organiser des collectes et des distributions en Seine-Maritime.

    Malgré l’ampleur de la précarité menstruelle, la prise de conscience des pouvoirs publics a été tardive. Ainsi, il faut attendre 2016 pour que le taux de TVA soit abaissé à 5,5 % sur les protections périodiques, auparavant taxées à 20 %, comme n’importe quel produit de luxe. « En 2015, en première lecture, les députés, en majorité des hommes âgés, n’ayant jamais eu à se soucier de ce problème, ont refusé cet abaissement », rappelle Tara Heuzé-Sarmini, fondatrice et directrice de l’association Règles Élémentaires, qui a touché depuis ses débuts plus de 100 000 bénéficiaires à travers l’engagement d’une vingtaine de bénévoles.  

    Aujourd’hui, grâce au combat militant, appuyé entre autres dans l’hémicycle par la sénatrice Patricia Schillinger, « la donne a changé », se réjouit Tara Heuzé-Sarmini. Alors que la thématique était quasi inconnue il y a quelques années, « désormais, des cups menstruelles s’affichent en Une de journaux et le Président de la République dénonce la précarité menstruelle comme une injustice », observe encore la fondatrice de Règles Élémentaires.

    Mais si le tabou se brise enfin, la précarité menstruelle est loin d’être mise à bas. Les freins sont similaires à ceux que rencontre la lutte contre la pauvreté en général : un déficit de données et le choix politique de l’urgence au détriment du long terme. « Bien sûr, les associations sur le terrain se mobilisent, mais leurs résultats sont fragmentés. La précarité menstruelle peut être éradiquer, j’en suis convaincue. Mais elle doit être prise en compte au niveau national dans toute sa complexité. C’est un vrai enjeu », conclut Tara Heuzé-Sarmini.

    (1) 1 ÉtudeIFOPpourDonsSolidaires, 2019.
    (2)  2 La précarité menstruelle chez les étudiant·e·s en France, 2021
  • Secouriste bénévole : comment se former et s’engager dans une association ?

    Secouriste bénévole : comment se former et s’engager dans une association ?


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    Devenir secouriste bénévole : quelles formations ?

    Pour vous initier au secourisme, vous pouvez commencer par suivre la formation aux gestes qui sauvent (GQS). Position latérale de sécurité, pose d’un garrot, massage cardiaque… : vous apprenez les gestes à pratiquer pour aider une victime en attendant l’arrivée des secours. « Cette formation de 2 heures s’adresse à tout public. Vous pouvez même y participer en famille pour apprendre à vos enfants, dès 10 ans, les gestes de premiers secours », explique Guillaume Turpin, inspecteur adjoint des Sauveteurs en Mer (SNSM).

    Pour les plus de 16 ans, la formation PSC1 (Premiers secours civiques de niveau 1) permet d’apprendre à réagir face à une situation d’urgence : brûlures, malaise, étouffement, arrêt cardiaque, etc. Un certificat de compétences est délivré aux participants à l’issue des 7 heures de formation aux premiers secours. La formation PSE1 (Prévention et secours en équipe de niveau 1) est la dernière étape pour obtenir la qualification de secouriste. « Accessible dès 16 ans, cette formation dure 36 heures et permet d’apprendre à intervenir en équipe et utiliser du matériel de secours professionnel (poser un collier cervical, utiliser un défibrillateur…) auprès de victimes », indique le professionnel.
     

    Bon à savoir : le coût* des formations au secourisme

    • GQS : entre 15 euros et 20 euros  (1).
    • PSC1 : entre 50 et 65 euros.
    • PSE1 : 250 euros.
    * Le coût peut varier en fonction de l’organisme de formation.

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    Des missions de secourisme diverses et variées

    Festivals, concerts, rencontres sportives… « Les bénévoles secouristes sont amenés, lors de rassemblements publics, à tenir des postes de secours, venir en aide à des personnes en détresse ou soutenir les équipes médicales. Ils peuvent également être mobilisés lors d’évènements exceptionnels comme des inondations, des incendies, mais aussi des attentats et des crises sanitaires », précise Guillaume Turpin.

    La Macif vous invite à vous former en ligne aux gestes qui sauvent avec notre partenaire Salvum.


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    Comment s’engager dans une association ?

    Selon vos disponibilités et vos envies, vous pouvez être secouriste bénévole dans une association les week-ends, en semaine ou occasionnellement. « Tenez compte de la proximité avec votre domicile et des valeurs qui vous tiennent à cœur pour vous diriger, au choix, vers la Croix-Rouge française, la Protection Civile, la Fédération française de sauvetage et de secourisme, ou encore la Société nationale de sauvetage en mer, par exemple », conseille Guillaume Turpin.

    Être secouriste bénévole, c’est donner de votre temps pour porter secours aux autres. Un engagement citoyen à part entière qui permet d’incarner des valeurs de partage, d’entraide et de dévouement !

    Envie de vous engager ?

    Rendez-vous sur la plateforme Diffuz (proposée par la Macif) et découvrez les défis solidaires près de chez vous !

    L’Essentiel de l’article

    • Dès l’âge de 10 ans, votre enfant peut être sensibilisé aux gestes qui sauvent.
    • Il existe différents niveaux de formation pour devenir secouriste bénévole.
    • Les missions du secouriste bénévole sont variées selon les évènements sur lesquels il intervient.

    (1) Croix-rouge.fr

  • Violences conjugales : comment repérer et aider les femmes victimes ?

    Violences conjugales : comment repérer et aider les femmes victimes ?


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    Des associations mobilisées contre les violences conjugales

    En France, il existe plusieurs associations engagées dans la prévention et la lutte contre les violences conjugales faites aux femmes. Femmes Debout, Du Côté des Femmes, Fondation des Femmes ou encore Halte Aide aux Femmes Battues… Ces structures, soutenues par l’État, apportent leurs conseils et leur soutien aux femmes violentées ainsi qu’aux témoins de violences. Si vous souhaitez vous engager pour lutter contre ce fléau, vous pouvez retrouver la liste des associations qui œuvrent près de chez vous sur le site arrêtonslesviolences.gouv.fr.

    Chiffre-clé

    213 000 (2).
    C’est le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans, en moyenne, qui sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur conjoint ou ex-conjoint, chaque année en France.

    Le saviez-vous ?

    Depuis 1999, le 25 novembre (3) est la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.


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    Identifier les signes de violences conjugales

    En tant que bénévole, vous pourrez également apprendre à repérer les signes de violences et à communiquer avec les victimes. Il faut savoir que les personnes victimes de violences conjugales ont tendance à dissimuler la gravité de leur situation, mais certains signes doivent vous alerter. Des marques à répétition sur le visage et/ou le corps, des bleus ou encore un œil au beurre noir peuvent être les stigmates de violences. Ils s’accompagnent bien souvent d’explications confuses de la part de la victime, comme une chute dans l’escalier, un mauvais coup contre un meuble ou un accident pendant une sortie footing…

    Les violences conjugales ont aussi des conséquences importantes sur la santé mentale des victimes : la perte de confiance en soi, les difficultés à dormir ou à s’alimenter, l’anxiété, l’isolement, le déni, la dépendance amoureuse… (4) Si vous identifiez ces comportements chez une femme, notamment de votre entourage, c’est qu’il est temps d’agir pour lui venir en aide. Avant tout, parlez-lui pour la mettre en confiance et évaluez la situation. Puis accompagnez-la dans son cheminement.

    Bon à savoir

    Si vous êtes victime ou témoin de violences, appelez le 17 (police et gendarmerie), le 112 (numéro d’urgence européen) ou le 3919 (numéro dédié aux femmes victimes de violences conjugales).

    ENVIE D’AGIR ?

    Rendez-vous sur la plateforme Diffuz et participez à des défis solidaires pour aider les victimes de violences conjugales et intrafamiliales. 
    La Fondation d’entreprise du Groupe Macif soutient de nombreuses initiatives solidaires. Renseignez-vous !
     

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    L’Essentiel de l’article

    • En France, il existe quelques associations d’aide aux victimes de violences conjugales.
    • Devenir bénévole permet d’agir concrètement contre les violences faites aux femmes.
    • Des lésions sur le corps, l’isolement et le déni peuvent être signes de violences.

    (1) CAF, 1 femme sur 10 subit des violences conjugales, 2020
    (2) arretôntslesviolences.gouv
    (3) culture.gouv, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes
    (4) HAS, Repérage des femmes victimes de violences au sein du couple, 2019