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  • Ex Utero : le podcast pour briser les tabous de la parentalité

    Ex Utero : le podcast pour briser les tabous de la parentalité

    Nouveaux ou futurs parents, l’objectif est généralement le même : vivre la parentalité le plus sereinement possible. Avec Ex Utero, un podcast en trois saisons, les tabous autour de la grossesse, de la naissance et la période post-partum sont brisés. Bonne écoute !

    Ex Utero – Saison 3 – Episode 1 : La sage-femme comme guide

    Lors d’une grossesse, le suivi par une sage femme se poursuit après l’accouchement, et cela jusqu’au 12eme jour de vie du bébé. Ces consultations post-natales permettent d’aborder diverses questions sur l’alimentation de maman et de bébé, la contraception possible, un éventuel baby blues et constituent des moments d’échanges privilégiés…. Depuis 13 ans Myriam Reiss sage femme accompagne les mamans : avant et après l’accouchement. Chaque jour, elle se déplace au domicile des différentes familles qui rentrent à peine de la maternité, pour faciliter ce retour à la maison.

    Ex Utero – Saison 3 – Episode 2 : Visite guidée d’une maison des 1000 jours

    Connaissez-vous le concept des 1000 premiers jours qui courent du début de la grossesse jusqu’aux deux ans révolus de l’enfant ? Ces 1000 premiers jours, c’est au départ un rapport d’une commission d’experts présidée par Boris Cyrulnik, médecin psychanalyste et auteur. De ce rapport est né un projet national piloté par le ministère des solidarités et de la santé et la création de 45 maisons des 1000 premiers jours partout en France. C’est à Arras qu’est né en 2021 la première maison des 1000 premiers jours. Ce lieu chaleureux qui accueille parents et bébé tous les 15 jours pendant la première année de vie pour partager, discuter, s’entraider a une particularité : il fait partie d’un pôle éducatif qui regroupe également une maternelle, une PMI et un espace famille notamment. Une sorte de petit village qui permet entre autres de rompre l’isolement.

    Ex Utero – Saison 3 – Episode 3 : Interrogations de parents – Éclairages d’experts

    L’arrivée de bébé chamboule. Malgré l’immense bonheur d’accueillir ce petit être, on ne se sent pas toujours prêt, on veut être parfait, on dort peu, l’organisation est bancale. On aimerait tellement avoir le mode d’emploi et bénéficier du soutien de professionnels. Dans ce micro-trottoir, ces futurs et jeunes parents font part de leurs interrogations, et 4 experts leur répondent.

    Ex Utero – Saison 3 – Episode 4 : Dépression post-partum – Conversation maman – psy

    Quelques jours après l’accouchement, la majorité des mamans traverse une période de déprime qu’on appelle le  » baby blues « , réaction naturelle causée par tous ces changements. Mais pour 1 femme sur 6 (selon une étude de Santé publique France réalisée en 2023) la dépression peut prendre le relais et s’installer plus durablement. En 2022, à la naissance de sa fille, Anna plonge rapidement dans une dépression post-partum. Aujourd’hui elle veut comprendre ce qui lui est arrivé. Elle en discute avec Brigitte Borsoni, psychologue clinicienne spécialisée dans la relation parent/bébé et adulte/enfant.

    Ex Utero – Saison 3 – Episode 5 : Dépression post-partum, quel rôle pour l’entourage ?

    Aujourd’hui en France, tous les mois, une femme se suicide au cours de la première année de vie de son bébé. La dépression post-partum est une condition sérieuse qui peut affecter la santé mentale et émotionnelle d’une maman après l’accouchement. L’entourage, qu’il s’agisse du partenaire, de la famille, des amis ou même des professionnels de santé, peut jouer un rôle crucial dans le rétablissement de la maman. Jocelyne, Ysée et Geoffroy ont vécu cette période difficile auprès de leur fille, leur amie, leur conjointe. Ils ont accepté de se rencontrer / pour discuter autour de leur rôle d’aidant.

    Avertissement : les propos que vous allez entendre abordent le suicide et peuvent heurter.

    Ex Utero – Saison 3 – Bande-annonce

    La période du post partum, dit-on aux mamans qui viennent d’accoucher, dure à peu près 6 semaines. En réalité, ce sont près de 1000 jours qui sont nécessaires pour s’adapter à cette nouvelle vie qui impose de réorganiser ses journées… et ses nuits, à jongler avec la fatigue, à adapter ses habitudes, ses relations avec les autres… et avec soi-même. Ce qu’on occulte souvent c’est l’éventualité aussi de passer par la case dépression. Pourtant 1 mère sur 6 souffrirait de dépression post partum. Dans cette 3ème saison d’Ex Utero signée Vous! par Macif, écoutez ces moments de découverte de l’inconnu avec celles et ceux qui la vivent au quotidien. Des parents bien sûr, mais aussi leur entourage, des sages-femmes et autres professionnels de santé ainsi que des organismes de la petite enfance, en laissant, au cœur, la parole des mamans.

    Ex Utero – Saison 2 – Épisode 1 : L‘impact du handicap d’un bébé

    Chaque année en France, près de 20 000 enfants naissent avec une maladie congénitale(1). Pour Amanda et Vincent tout avait bien commencé, jusqu’à ce qu’ils apprennent que leur fille est née avec une malformation. Entre incompréhension et inquiétude, le papa veut régler le problème avec une chirurgie, mais sa compagne, familière du milieu médical, temporise et préfère attendre. Comment surmonter cette épreuve sans perdre son optimisme ? Comment se projeter dans un avenir incertain ?

    Lire aussi : Troubles du neurodéveloppement : comment détecter et quand consulter ?

     

    Ex Utero – Saison 2 – Épisode 2 : L’arrivée d’un bébé dans une famille recomposée

    Aujourd’hui en France, un foyer sur dix est recomposé(2). Lorsqu’une famille se reforme, ce sont de nouveaux liens qu’il faut tisser. Entre les beaux-parents et les enfants. Entre les enfants, aussi. Alors, quand un nouveau bébé arrive dans la fratrie, il n’est pas toujours évident pour chacun de retrouver sa place. Christian est le père de Louanne 20 ans et de Lenny 17 ans. Coralie est la mère de Lyam, 8 ans. Ils sont ensemble depuis plus de quatre ans et ont eu ensemble Leyann, 18 mois. À l’arrivée de son petit-frère, ce n’était pas évident pour Lyam, jusque-là le benjamin de la famille. Pas simple non plus pour les deux « grands », qui ne sont pas tout le temps à la maison, et regardent, parfois avec amertume, le privilège de leur petit frère Leyann, qui est le seul à avoir ses deux parents sous le même toit. Alors, comment retrouver un équilibre familial ? Comment être un parent qui parvient à être suffisamment là pour chacun ?

    Ex Utero – Saison 2 – Épisode 3 : Le lien fusionnel parent/enfant

    L’arrivée d’un enfant bouleverse les relations d’un couple et redéfinit les liens entre ceux qui sont ainsi devenus des parents. Charlène est une mère fusionnelle. Elle n’a pourtant pas été enceinte de Callie, c’est sa femme, Maryse, qui lui a donné naissance. Peut-être est-ce parce que Charlène avait peur que le lien soit moins fort dès la naissance qu’elle a compensé, jusqu’à devenir plus que maman poule… Comment trouver le juste équilibre quand on est celui ou celle qui n’a pas porté l’enfant et que l’on veut être aussi essentiel que la mère qui a donné naissance ?

    Ex Utero – Saison 2 – Épisode 4 : La dépression post-partum

    En France, une femme sur cinq subit un épisode de dépression après la naissance de son bébé(3). Ce syndrome post-partum peut être particulièrement isolant pour la mère et perturbant pour le.la partenaire. Florence a été secouée par une dépression post-partum après l’accouchement de sa fille. Elle se sent incapable de faire quoique ce soit, elle se dit bloquée, tétanisée, tout le temps triste. Son mari, Guillaume, s’occupe du nourrisson sans comprendre ce qui arrive à son épouse. Il lui avoue sa difficulté à “gérer deux enfants ». Des mots maladroits qui la bouleversent. Comment demander de l’aide lorsqu’on comprend pas soi-même ce que l’on ressent ? Comment surmonter une dépression post-partum, parfois banalisée ?

    Lire aussi : La dépression prénatale, une réalité encore trop méconnue

    Ex Utero – Saison 2 – Épisode 5 : La difficulté de retrouver ses marques dans le couple

    Après la naissance d’un bébé, les parents sont souvent sur un petit nuage. Mais rapidement, le quotidien change : les nuits sans sommeil, le manque de temps pour soi, les doutes et presque inévitablement, les tensions entre parents. Après 6 jours à la maternité, Cécile n’avait qu’une hâte : rentrer à la maison. Son époux Edjems est lui aussi impatient de retrouver sa femme et leur fille. Mais passer de 2 à 3 n’est pas si évident. Comment, alors, faire en sorte que tout le monde trouve sa place ? Comment s’appuyer sur l’autre et lui faire comprendre ses besoins ?

    Lire aussi : Naissance et tabous : des témoignages ouverts et déculpabilisants

    Ex Utero – Saison 1 – Épisode 1 : “Je ne voulais pas d’enfant”

    En France, 4,5 % des femmes ne souhaitent pas avoir d’enfant.1 Être sans enfant par choix, dit aussi “childfree”, reste cependant encore peu accepté par la société. Alors comment gérer quand, de surcroît, on finit par être enceinte ? Fanny n’avait pas le désir d’enfant. Son mari Simon, comprenait, mais espérait malgré tout. Et puis la grossesse est arrivée, imposant à Fanny une aventure qu’elle n’avait ni prévue ni voulue. Avec toujours à ses côtés, son partenaire, navigant à vue dans une situation parfois périlleuse.

    Ex Utero – Saison 1 – Épisode 2 : “J’ai subi une fausse couche”

    Pas assez d’éducation sur le sujet, beaucoup de culpabilisation, un accompagnement restreint, font de la fausse couche un de ces tabous qui perdurent. Pourtant, une femme sur quatre enceinte y est confrontée. 15 % des fausses couches2 surviennent jusqu’à 14 semaines d’aménorrhée (dans les 3 premiers mois) et 1 % entre la 14ème et la 22ème SA (plus de 4 mois de grossesse). Cela peut alors être un vrai traumatisme physique et psychologique pour la femme, et son/sa partenaire, subissant cette perte. Pour Élodie, la fausse couche a été un moment particulièrement douloureux, qui a notamment éloigné son conjoint Rémy. Le couple a surmonté l’épreuve grâce à une certaine prise de conscience.

    Ex Utero – Saison 1 – Épisode 3 : Grossesse et regards sur le corps

    Pendant une grossesse, le corps de la future mère change inévitablement : prise plus ou moins importante de poids, le ventre qui s’arrondit, les seins qui gonflent, des marques qui apparaissent sur la peau. Cette évolution peut être mal vécue, parfois à cause de son propre regard critique sur soi-même, mais aussi accentué par celui de la société et de ses proches. Cécilia a vécu 2 grossesses consécutives pendant lesquelles son corps a été un centre d’attention bien malgré elle. À ses côtés, Thimothée essayait tant bien que mal de l’aider face aux commentaires parfois déplacés.

    Ex Utero – Saison 1 – Épisode 4 : “Je n’aime pas être enceinte”

    À en croire les réseaux sociaux ou les histoires racontées par les unes et les autres depuis des générations, être enceinte rime avec épanouissement. Certes un peu de fatigue et de prise de poids, mais rien qui ne vienne entacher ce bonheur de porter un enfant. Et pourtant ! Pour de nombreuses femmes, 9 mois de grossesse est une vraie épreuve, physique et/ou morale. Mais comment dire au reste du monde que l’on n’aime pas être enceinte ? Surmontant le jugement des autres, Carole le dit haut et fort : elle n’a pas aimé être enceinte. Pendant ses grossesses, son partenaire Anthony a fait son possible pour contrer le regard pesant de ceux qui refusaient de concevoir cette réalité.

    Ex Utero – Saison 1 – Épisode 5 : Vivre sa grossesse en solo

    Près de 1,5 million de Françaises sont des mères célibataires qui élèvent donc leur(s) enfant(s) seules. Dès mères qui ont parfois été en solo dès la grossesse, pendant laquelle elles ont dû tout gérer et surmonter seule. Solitude et stress, fatigue physique et mentale, gestion des démarches administratives et des achats pour préparer l’arrivée de bébé, autant d’étapes vécues sans partenaire du quotidien. C’est dans ces moments que les proches, amis et famille, peuvent devenir de vrais soutiens. Margot savait qu’en ayant un bébé toute seule, elle traverserait des périodes difficiles, mais par chance, elle a pu compter sur son amie Laurette.

    Ex Utero – Saison 1 – Épisode 6 : “J’ai vécu une dépression prénatale”

    Il est estimé à environ 10 % des femmes enceintes touchées par la dépression. Ce chiffre est cependant difficile à vérifier car nombres de femmes concernées ne le savent pas et n’en parlent pas, mettant leur mal-être et leur tristesse sur le compte des hormones et de la fatigue. Pourtant, la dépression prénatale est aussi réelle que celle post-partum. Une prise en charge adaptée peut aider ces femmes enceintes à traverser leur grossesse plus sereinement. Marie a pleuré à chaudes larmes les 6 premiers mois de sa grossesse, sans comprendre pourquoi. Avec Vincent à ses côtés, elle est parvenue à surmonter cette épreuve, non sans difficulté.

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    (1) Institut National de Veille Sanitaire

    (2) INSEE 2020

    (3) Collège National des Sages-femmes

  • Cyberharcèlement et santé mentale : « le début de l’adolescence est un moment critique »

    Cyberharcèlement et santé mentale : « le début de l’adolescence est un moment critique »

    Les réseaux sociaux ou encore les jeux vidéo en ligne peuvent avoir un impact négatif sur la santé mentale des jeunes. En quoi ces plateformes sont-elles un terrain fertile pour le harcèlement ?

    Pascal Minotte, psychologue et chercheur au Centre de référence en santé mentale (CRéSaM) à Namur, en Belgique : C’est vrai que dans l’imaginaire collectif, l’impact pressenti de ces plateformes est plutôt négatif, mais il y a des nuances à apporter. À savoir, pour ce qui est de l’usage des médias sociaux par les adolescents, qu’on observe un léger impact négatif en moyenne et non pas de raz-de-marée de dépression ou de troubles anxieux. Ce qui veut dire aussi, puisqu’on parle de moyenne, que pour certaines personnes, c’est aussi une ressource et une aide. Pour ce qui est du cyberharcèlement, il s’articule généralement à des problématiques de présentiel et à du harcèlement scolaire classique, phénomène qui existe d’ailleurs depuis très longtemps. Pour avoir interviewé beaucoup d’ados confrontés à ces situations, ils ne font d’ailleurs pas spécialement la distinction entre harcèlement et cyberharcèlement. Ce dernier apporte néanmoins certaines nouveautés, comme la question des photos compromettantes.

    Romain Huët, maître de conférences en sciences de la communication à l’Université Rennes 2 : Le type d’interactions qu’engagent les réseaux sociaux sont des interactions assez lâches notamment du fait de la possibilité de l’anonymat, mais aussi des contraintes techniques de l’énonciation qui favorisent souvent des interactions extrêmement brèves et en rafale. La distance affective et la distance des corps font que la présence d’autrui ne produit pas la même tonalité affective quand on s’entretient avec lui et qu’on s’autorise peut-être plus de choses que dans la vie ordinaire. L’exercice de l’empathie est beaucoup plus facile dans une co-présence physique que derrière un écran.

    20% des jeunes

    auraient déjà été exposés à du cyberharcèlement et des cyberviolences.(1)

    Quelles sont les spécificités de cette forme renouvelée du harcèlement scolaire et de son impact sur la santé mentale ?

    Pascal Minotte : Il n’y a pas de symptôme spécifique au cyberharcèlement. On trouve chez les jeunes victimes potentiellement tous les symptômes classiques des ados qui ne vont pas bien, comme la détérioration de l’estime de soi. Cela va se manifester à travers des maux de ventre, des maux de tête, de l’absentéisme important à l’école… Bien sûr, l’impact est d’autant plus négatif que la situation est grave et dure longtemps. Ensuite, il y a effectivement des catégories de population, en particulier les 9-13 ans, pour lesquels la prévalence du harcèlement est plus importante. Si on prend le phénomène cyber, on observe que le début de l’adolescence est un moment critique. C’est le moment où les enfants entrent au collège, ils passent dans un autre système où ils ont plus de responsabilités. Et c’est surtout le début de la puberté, les adolescents se cherchent autant en termes d’identité que de sexualité et de rapport aux autres. L’autre chose que l’on observe est que le cyberharcèlement touche en fait autant les filles que les garçons en termes de fréquence, mais que la détresse psychologique que cela entraîne est en moyenne plus importante chez les jeunes filles. Le harcèlement en ligne s’attaque en effet directement aux marqueurs de l’identité féminine, à savoir l’apparence physique, la notion de « respectabilité » – toutes les choses pour lesquelles le regard du public sera plus indulgent concernant les adolescents et les hommes en général. Pourtant le fait de partager des photos intimes n’a rien à voir avec le respect. On a affaire à des phénomènes, en particulier le revenge porn, qui sont éminemment sexistes. Il y a beaucoup de choses à déconstruire en termes de stéréotypes de genre.

    Romain Huët : Parmi les thématiques développées par les jeunes faisant appel aux associations de prévention contre le suicide [Romain Huët a été bénévole écoutant dans une telle association, ndlr], celle du harcèlement en faisait partie. Mais de manière générale, il était surtout question de la difficulté à nouer des rapports avec autrui et à s’épanouir relationnellement. Ce qui m’avait marqué dans l’étude que j’ai faite sur la souffrance, y compris chez les jeunes, c’est le très grand sentiment de solitude quand bien même la personne est très bien entourée. Sur les réseaux sociaux, autrui est toujours atteignable et on peut être sur des sujets de conversation extrêmement différents avec 4 ou 5 personnes en même temps. Cela modifie très clairement les rapports sociaux, la capacité à accorder de l’attention à l’autre. Cette solitude peut ainsi s’exprimer de plein de manières différentes, notamment par la difficulté à nouer une certaine consistance relationnelle.

    Lire aussi : Comment savoir si votre enfant est un harceleur ?

    Comment préserver la santé mentale des jeunes face aux phénomènes de cyberharcèlement ?

    Romain Huët : Il faudrait peut-être déjà repenser dès l’école cette relation à autrui sur les réseaux sociaux mais pas seulement. Aujourd’hui, on va faire des cours d’éducation civique mais on réfléchit assez peu à ce qu’est un rapport à autrui alors que c’est la chose la plus nécessaire à nos existences. Pour moi, il faut une vraie politique de l’attention à l’autre et de la sensibilité. Il y a une tendance à une désensibilisation massive, à un assèchement affectif assez fort qui fait qu’on a un rapport beaucoup plus brutal au monde. Je pense que c’est lié au contexte social qui favorise des rapports de concurrence et de compétition.

    Pascal Minotte : Il faut aussi aider les jeunes à identifier ce qu’est le harcèlement parce qu’ils n’en n’ont pas toujours conscience, surtout les plus jeunes. Quelle est la différence entre le fait de faire une plaisanterie ou de taquiner quelqu’un et le fait de harceler ? Pour moi, il y a une coresponsabilité de l’école et des parents dans l’éducation des enfants sur ces sujets. La première chose à faire en tant que parent est d’avoir soi-même un comportement exemplaire. Quand on parle de gestion des émotions, certains adultes prêchent la bonne parole mais sont eux-mêmes en grande difficulté au moment de partager leurs émotions avec les enfants.

    Lire aussi : Le body shaming chez les ados et ses impacts sur leur santé mentale

    Quel rôle les plateformes ont-elles à jouer selon vous ?

    Romain Huët : Il est intéressant de regarder comment les interactions sont organisées techniquement et comment elles participent à configurer le dispositif d’interaction. Par exemple, le pouce « j’aime » ou le cœur sont des façons très peu élaborées pour montrer son sentiment à l’égard d’une information. Par exemple, vous mettez une photo sur Instagram qui obtient 45 cœurs. Comment pouvez-vous être rassuré sur la reconnaissance ou sur ce que cela signifie vraiment ? Ces interactions peuvent aussi entraîner des formes de violences beaucoup plus crues : quand on réagit en 280 caractères [sur Twitter, ndlr], il y a des risques que ce soit plus violent parce qu’on n’utilise pas toute la subtilité du langage. L’enjeu serait donc de densifier ces interactions, de donner plus de possibilités de nuance.

    Pascal Minotte : Certaines plateformes comme Instagram mettent en place des choses pour signaler les abus ou bloquer quelqu’un sans que la personne ne soit au courant. C’est très bien mais ça vient toujours en complément de l’éducation aux médias et de l’éducation tout court. Je trouve quand même intéressant d’insister aussi sur le fait qu’Internet, notamment pour les minorités qui sont souvent victimes de cyberharcèlement, peut aussi être une ressource. Les personnes LGBTQ+, par exemple, témoignent souvent du fait qu’au début de leur adolescence, c’est sur les médias sociaux qu’elles ont pu trouver des interlocuteurs avec lesquels partager leur vécu.

    L’Essentiel de l’article

    • Le cyberharcèlement est souvent en prolongement d’un harcèlement en « présentiel »
    • L’anonymat et la distance physique donnent une impression d’impunité aux harceleurs
    • Les réseaux sociaux peuvent aussi être des ressources pour trouver de l’aide et du soutien

    (1) Association E-enfance

  • Vos repères santé : le podcast pour comprendre notre système de santé

    Vos repères santé : le podcast pour comprendre notre système de santé

    Épisode 1 : C’est quoi la Sécu ?

    Qui a eu l’idée de créer la sécurité sociale et quand ? Est-ce qu’aller chez le médecin ou le dentiste, c’est gratuit ? Qui finance les 183 milliards d’euros de la branche maladie ? Avec des archives et des questions d’enfant, plongez dans l’histoire et les mécanismes de la sécurité sociale en 3 minutes.

    Épisode 2 : C’est quoi une mutuelle ?

    Les mutuelles, c’est quoi ? À quoi ça sert exactement ? Avec des exemples et des cas concrets, comprenez enfin les rouages de ces institutions qui participent à la qualité et la réputation du système de santé français en 3 minutes.

    Épisode 3 : comment fonctionne le duo Sécu – mutuelle ?

    Dans de nombreux pays, les citoyens doivent débourser des milliers d’euros chaque année pour se soigner, pas en France. Pourquoi ? Grâce à une complémentarité entre la sécurité sociale et les mutuelles. On vous explique comment, à travers des exemples concrets et des comparaisons internationales en 3 minutes.

    Épisode 4 : Comment fonctionnent les remboursements à la pharmacie ?

    Un matin, Marin, se réveille patraque, avec le nez qui coule. Après son rendez-vous chez le médecin, il court à la pharmacie pour acheter ses médicaments. Combien ça va lui coûter ? Devra-t-il payer ses médicaments ? Dans quel cas, et pourquoi ? Avec des exemples et des cas concrets, on vous aide à mieux comprendre vos remboursements santé en moins de 4 min !

    Épisode 5 : Comment fonctionnent les remboursements à l’hôpital ?

    Mamie Violette a la vue qui baisse. Elle doit se faire opérer de la cataracte. Marin l’accompagne et sur la route, il se demande combien ce passage à l’hôpital va lui coûter ? Avec des exemples et des cas concrets, on vous aide à mieux comprendre vos remboursements santé en moins de 4 min !

    Épisode 6 : Remboursements de vos lunettes

    En pleine partie de jeu vidéo, Marin constate qu’il ne voit plus très bien son écran. Impossible de battre le boss ! Il va avoir besoin de lunettes… Chez quel spécialiste doit-il aller ? Combien ça va lui coûter ? Avec des exemples et des cas concrets, on vous aide à mieux comprendre vos remboursements santé en moins de 4 min !

  • Terreurs nocturnes chez l’enfant : à quoi sont-elles dues et comment réagir ?


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    Quelle est la différence entre un cauchemar et une terreur nocturne ?

    Véronique Desvignes : Les terreurs nocturnes surviennent en début de nuit, une à trois heures après le coucher de l’enfant tandis que les cauchemars se produisent en deuxième partie de nuit ou au petit matin. Lors d’une terreur nocturne, l’enfant est dans une phase de sommeil profond. Le matin, il n’en a aucun souvenir à la différence d’un cauchemar qui a lieu dans une phase de sommeil plus allégé.

    Chiffre-clé

    Environ 40 %(1) des enfants de moins de 6 ans font des terreurs nocturnes.


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    À quel âge apparaissent les terreurs nocturnes ?

    V. D : Elles peuvent commencer vers 9 mois mais le plus souvent à partir de 2 ans. Elles sont beaucoup moins fréquentes après 5-6 ans. Elles peuvent parfois évoluer en somnambulisme.


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    Symptômes : comment reconnaître une terreur nocturne ?

    V. D : L’enfant se met brusquement à pleurer, crier ou hurler. Il peut s’asseoir dans son lit, s’agiter, transpirer. Il a parfois les yeux ouverts mais ne reconnaît personne. Il lui arrive de parler mais de façon peu cohérente. Il semble souvent avoir très peur. Les terreurs nocturnes peuvent être très impressionnantes pour les parents ! Elles durent en moyenne entre 1 et 5 minutes mais parfois plus.


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    Comment réagir si l’enfant a des terreurs nocturnes ?

    V. D : En cas de cauchemar, on aide l’enfant à se réveiller et on l’apaise avec un câlin. Il vous raconte son cauchemar… Mais avec une terreur nocturne, ça ne sert à rien puisque l’enfant ne se souvient pas de ce qui vient de se passer. Et si vous le réveillez (ce qui est très difficile), il aura du mal à croire qu’il était agité. Il est préférable de le laisser dans son lit et de rester à ses côtés pour s’assurer qu’il ne se fasse pas mal en se cognant par exemple et éventuellement lui caresser la tête. Mais il est inutile de le prendre dans vos bras pour le réconforter : il pourrait se débattre davantage !


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    Quelles sont les causes des terreurs nocturnes ?

    V. D : Les terreurs nocturnes apparaissent souvent quand l’enfant a eu une journée fatigante, qu’il a été très occupé, après une fête, un événement marquant et qu’il s’endort comme une masse. Ça peut aussi faire suite à un stress important (décès, violences, peur d’un animal…). Parfois les terreurs se succèdent plusieurs jours de suite puis plus rien… On explique ce trouble du sommeil par une particularité de l’enfant : être capable d’enchaîner deux cycles de sommeil profond sans passer par une phase de sommeil léger ou paradoxal.


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    Peut-on prévenir ces terreurs nocturnes ?

    V. D : On ne peut pas vraiment les prévenir. Certains enfants y sont plus sujets que d’autres sans que l’on ne sache pourquoi. On peut quand même limiter certains facteurs de risque en repérant le stress chez l’enfant pour l’aider à le gérer. Évitez aussi de lui lire des histoires effrayantes ou de lui faire visionner des dessins animés qui font peur avant de dormir. Vous pouvez instaurer un rituel d’endormissement dans le calme pour le sécuriser et allumer une veilleuse pour le rassurer.

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    L’Essentiel de l’article

    • Les terreurs nocturnes surviennent souvent avant 4 ans et disparaissent après 6 ans.
    • Une journée bien remplie et fatigante favorise les terreurs nocturnes.
    • Inutile de réveiller l’enfant, il ne se souviendra de rien.

    (1) Ameli.fr le site de l’Assurance maladie, « Les différents types de troubles du sommeil chez l’enfant », avril 2020

  • Comptes « fisha », doxxing, flaming : petit lexique du harcèlement en ligne

    Comptes « fisha », doxxing, flaming : petit lexique du harcèlement en ligne

    Les ados passent en moyenne deux heures par jour sur les réseaux sociaux ou sur Internet, et même trois heures et demie pour les lycéens(1). Ces chiffres disent bien l’importance accordée aux interactions sociales en ligne. Virtuelles, celles-ci ne s’accompagnent hélas pas moins de menaces et de souffrances bien réelles. Car c’est aussi sur ces plateformes tant prisées par les jeunes, de TikTok à Instagram et Fortnite, que s’organisent le harcèlement et les violences, sous des formes multiples. Petit lexique (non-exhaustif) à l’usage des jeunes et des parents, qui sont aussi 89 % à admettre « ne pas savoir exactement » ce que font leurs enfants sur Internet…

    Revenge porn

    L’expression désigne le fait de se venger de son ou sa petit.e ami.e en publiant des photos ou vidéos intimes, souvent après une rupture. « Ces images circulent surtout entre garçons. L’enjeu pour eux est de montrer qu’ils plaisent aux filles, souligne Yasmine Buono, fondatrice de l’association Net Respect qui sensibilise aux dangers de la vie en ligne. Et la preuve d’une relation amoureuse, c’est que la fille vous envoie un nude, qui n’est pas forcément une photo dénudée, ça peut être une photo un peu sexy. L’objectif des garçons est donc d’en récupérer. » Pour les adolescentes concernées, il n’est pas toujours évident de faire face à ce type de cyberviolences à caractère sexiste et sexuel. Si certaines parviennent à signaler tout de suite ces contenus illicites (passible de deux ans de prison), « d’autres préfèrent se taire et disparaître en espérant que la tempête passe, remarque la présidente de l’association Net Respect. J’encourage aussi les jeunes à signaler ces contenus aux plateformes. Si on ne le fait pas, elles n’ont aucune raison d’améliorer la sécurité des mineurs en ligne ! » Il n’est hélas pas rare que les victimes de revenge porn en viennent à mettre fin à leurs jours.

    Lire aussi : Ado victime de body shaming, comment gérer la situation en tant que parent ?

    Comptes « fisha »

    Les comptes divulguant des photos et des vidéos intimes, principalement de jeunes filles et de femmes sans leur consentement se multiplient sur les réseaux sociaux et messageries instantanées, notamment Telegram, Snapchat et Twitter.

    Objectif : « afficher », soit exposer quelqu’un sur les réseaux sociaux en divulguant des informations et des photos sans son consentement afin de l’humilier. Un phénomène relevant du revenge porn vigoureusement dénoncé par le collectif féministe StopFisha – le mot « affiche » en verlan – qui a déjà fait sauter plusieurs milliers de comptes depuis sa création au printemps 2020 tout en offrant aux victimes un accompagnement juridique et psychologique. Il existe des moyens de s’en prémunir, comme le fait d’éviter de montrer son visage ou des signes qui permettraient d’être identifiée lors de l’envoi de photos dénudées.

    Doxxing

    Le doxxing, pour document tracing (traçage de documents) consiste à compiler des informations personnelles ou compromettantes – propos racistes ou homophobes, photos gênantes… – d’une personne pour les publier en ligne dans le but de lui nuire. Si cette pratique touche souvent des personnalités médiatiques ou des entreprises, les ados ne sont pas épargnés par cette forme de cyberharcèlement. Dans leur cas, il peut s’agir d’un compte destiné à se moquer d’un élève cible, « par exemple en prenant sa tête pour la mettre sur une image dégradante d’un corps qui n’est pas le sien, souvent celui d’actrices pornographiques (deepfake), révèle Yasmine Buono. Cela peut aussi servir à nuire à la réputation d’une fille en plaçant son visage sur un corps nu. »

    Lire aussi : Cyberharcèlement et santé mentale : « le début de l’adolescence est un moment critique »

    Flaming

    Le flaming, que l’on peut traduire par « propos inflammatoires », consiste à publier des messages violents ciblant une personne ou un groupe. On parle aussi de « trash talking » pour désigner ce genre de propos insultants, menaçants, racistes, sexistes ou encore LGBTQIphobes. Le phénomène est très courant sur les jeux vidéo en ligne comme League of Legends pour faire sortir ses adversaires de leurs gonds. En 2020, un sondage a d’ailleurs confirmé la toxicité de ce jeu (79% des joueurs ayant déclaré que le harcèlement se poursuivait après la fin d’un match(2)) au point que l’éditeur du jeu, Riot Games, a finalement décidé de désactiver le chat général du jeu, considérant que « les interactions négatives l’emportent sur les positives. » Comme l’explique Yasmine Buono en mentionnant Fortnite, autre jeu en ligne très apprécié des ados, il n’est pas rare que le harcèlement survienne parce que « le jeune n’a pas respecté les codes tacites du jeu ou qu’il est considéré comme ayant fait perdre son équipe. »

    Happy slapping

    Aussi appelé vidéolynchage en français, le happy slapping renvoie au fait de filmer une agression physique avec un smartphone avant de la publier sur les réseaux sociaux pour humilier la victime. « De toute façon, dès qu’il y a une bagarre, c’est un réflexe. Ces phénomènes de bande sont de plus en plus fréquents », observe Yasmine Buono en évoquant la possibilité d’un engrenage de violences à la fois dans la vraie vie et en ligne alimenté par des vengeances. Variante du phénomène, le sharking consiste à baisser le pantalon ou la jupe par surprise tout en filmant la scène.

    Lire aussi : Petit parcours pour se défendre face au (cyber)harcèlement

    Outing

    Quand on divulgue des informations intimes sur une personne sans son consentement, comme son homosexualité, sa non-binarité ou encore sa transidentité, on se rend coupable d’outing. Ou dans ce cas précis, de « coming-out forcé » qui peut avoir pour effet de déstabiliser la personne ou de provoquer une vague de harcèlement à son encontre

    Raid numérique

    En 2021, le hashtag #anti2010 – visant les jeunes nés cette année-là – explose sur les réseaux sociaux après la diffusion d’un clip d’une jeune youtubeuse, Pink Lily, née en 2010 : « On est les queens de 2010 », chante-t-elle. « Nés en 2010 et déjà sur les tendances ». La vidéo s’attire les moqueries de certains internautes qui ne tardent pas à se transformer en véritable campagne de dénigrement de toute une génération. « De nombreux élèves ont reçu des messages d’insultes et des moqueries ou encore des mèmes les discréditant. Certains étaient exclus des parties de jeux en ligne », décrit Yasmine Buono. Des « brigades anti 2010 » se montent pour propager ces messages. On parle alors de « raids numériques », une forme de cyberharcèlement de meute qui consiste pour des internautes à agir en groupe.

    Lire aussi : Défis sur les réseaux sociaux : des pratiques dangereuses chez les jeunes

    Sextorsion

    Contraction de « sexe » et d’ « extorsion », la sextorsion consiste à menacer la victime de diffuser ses images ou vidéos intimes si elle ne cède pas aux demandes de l’extorqueur, qu’il s’agisse d’argent ou de contenus supplémentaires. Aussi appelé « chantage à la cam », ce phénomène touche aussi bien les filles que les garçons et ce, dès le CM2, signale Yasmine Buono. « Derrière tout ça, il y a des bots [des programmes informatiques autonomes, ndlr] déployés par des filières de pédocriminels qui cherchent à obtenir du matériel pédopornographique, avec une forte demande de jeunes garçons en train de se masturber », révèle-t-elle en ajoutant que « les élèves se sentent harcelés par ce type de contenus inappropriés. » Par exemple, un faux compte d’une jeune femme au physique attrayant sur Tinder, TikTok, Instagram ou autre réseau social qui les convainc d’envoyer des nudes. Il arrive que derrière cette escroquerie se trouvent des adultes se faisant passer pour des jeunes : on parle alors de grooming.

    Usurpation d’identité

    Pour nuire à sa victime, il arrive que le harceleur, généralement un proche de la victime dans la vraie vie, crée un faux compte sur TikTok par exemple en utilisant son nom et sa photo. « L’idée est de la faire “parler” en insultant ses camarades ou en révélant des secrets, décrit Yasmine Buono. Elle va alors se retrouver exclue de son groupe d’amis qui vont lui reprocher ces propos et ça va être extrêmement difficile pour elle de prouver qu’elle n’en est pas à l’origine. »

    Lire aussi : Comment se protéger d’une usurpation d’identité ?

    (1) e-Enfance 2021

    (2) Reddit 2020

  • Petit parcours pour se défendre face au (cyber)harcèlement

    Petit parcours pour se défendre face au (cyber)harcèlement

    Le fléau du harcèlement scolaire n’est pas nouveau mais il a pris de l’ampleur avec les réseaux sociaux. Les chiffres sont éloquents, particulièrement en ligne : 20% des jeunes entre 8 et 18 ans auraient déjà été victimes de cyberharcèlement selon une étude menée en 2021 pour l’Association e-Enfance. Née en 2005, celle-ci s’est donné pour mission d’ « accompagner le développement du numérique en préservant les droits des mineurs dans cette sphère », afin de leur permettre d’évoluer dans un « environnement protégé et adapté » selon les mots de sa directrice, Justine Atlan. Elle détaille le parcours à suivre pour faire face à ce type de violences émergeant dans le cadre scolaire.

    Lire aussi : Cyberharcèlement et santé mentale : « le début de l’adolescence est un moment critique »

    Petit parcours pour se défendre face au (cyber)harcèlement
    Petit parcours pour se défendre face au (cyber)harcèlement
    Petit parcours pour se défendre face au (cyber)harcèlement
    Petit parcours pour se défendre face au (cyber)harcèlement

    1 – Sortir de l’isolement

    Nouer le dialogue

    Face au (cyber)harcèlement, il n’est pas rare que les jeunes gardent le silence. Charge donc aux parents d’être attentifs à des changements de comportement, qu’il s’agisse de perte d’appétit, de difficultés à se lever le matin, d’une perte d’intérêt pour des choses qu’il ou elle aimait auparavant, baisse des résultats scolaires… « La question frontale n’est pas toujours facile avec un adolescent parce qu’il va avoir tendance à se renfermer encore plus. Il ne va pas forcément répondre la première fois, donc il ne faut pas s’arrêter à la première réponse qui consiste souvent à évacuer le problème », conseille Justine Atlan.

    Si le jeune refuse de parler à ses parents, on peut aussi l’inciter à en parler à une autre personne de confiance, que ce soit dans le cercle familial, amical ou à l’école : le CPE, un professeur, l’infirmerie… De fait, le personnel éducatif lui-même a aussi un rôle à jouer dans le repérage de certains changements de comportement qui peuvent alerter.

    Se tourner vers les plateformes d’aide

    Les jeunes ciblés par le (cyber)harcèlement peuvent se tourner directement vers les plateformes d’aide : le 3020 (en cas de harcèlement) ou le 3018 (en cas de cyberharcèlement et autres violences en ligne). À noter que le 3018 est joignable aussi bien par téléphone que sur le tchat, via les messageries de Facebook (via la page Association e-Enfance), par mail ou encore l’application mobile 3018 (avec un chat intégré). Celle-ci propose également un quiz « Suis-je harcelé ? » pour encourager la victime à demander de l’aide.

    « L’objectif dans un premier temps est de les écouter, décrit Justine Atlan. Souvent, quand ils appellent, c’est le moment où ils n’en peuvent plus (sinon ils n’osent pas trop appeler). » Elle ajoute que la prise en charge via le 3018 peut aussi aider les jeunes à « prendre du recul sur leur situation et les inciter à en parler avec d’autres gens, leurs parents ou l’établissement scolaire », et donc à « sortir de l’isolement. »

    Lire aussi : Comment savoir si mon enfant est un harceleur ?

    2 – Signaler le (cyber)harcèlement

    Prévenir l’établissement scolaire

    Différentes voies sont possibles pour signaler le cas de (cyber)harcèlement à l’école : en prévenant directement le personnel éducatif (idéalement le CPE, ou le professeur principal) ou via les plateformes d’aide. « Le CPE va alors identifier les élèves concernés et les convoquer, seuls ou avec leurs parents, en demandant à ce que cela cesse. Sinon, des sanctions peuvent être données dans le cadre scolaire pour leur faire comprendre la gravité de leurs actes », déroule Justine Atlan en évoquant par exemple des travaux d’intérêt général à l’école. Dans tous les cas, ajoute-t-elle, pousser la victime à changer d’établissement serait une erreur, et surtout un « aveu d’échec » de la part de l’établissement.

    En ce qui concerne les faits de cyberharcèlement scolaire, l’Association e-Enfance bénéficie d’une convention avec l’Éducation nationale qui leur permet de signaler directement les faits au référent harcèlement de l’Académie concernée, évitant au jeune d’avoir toutes les démarches à faire. Il lui suffit pour cela de s’adresser à la plateforme 3018. Le dossier est alors pris en charge par l’établissement scolaire.

    Avertir la plateforme concernée

    Lorsque le harcèlement se déroule en ligne, il ne faut pas hésiter à garder des preuves en faisant des captures d’écran, avant de bloquer les contacts et éventuellement récupérer des comptes en cas d’usurpation de l’identité. « Cela peut prendre beaucoup de formes : piratage de compte, insultes, faux comptes créés… »

    En s’adressant au 3018, les jeunes bénéficient d’une procédure de signalement prioritaire auprès des réseaux sociaux. L’association e-Enfance étant identifiée par les services de modération, « les contenus illicites sont alors retirés dans l’heure, ce qui est particulièrement important dans les cas de revenge porn où le risque de viralité est fort », explique Justine Atlan. Lorsque les contenus ou le cyberharcèlement se déploient dans des sphères publiques, un signalement peut également être effectué par le 3018 auprès de Pharos, une plateforme gouvernementale pour signaler des contenus et comportements en ligne illicites.

    3 – Prise en charge psychologique

    Dans certains cas, un accompagnement psychologique peut être indiqué. Via le 3018 ou de leur propre initiative, les jeunes peuvent alors se tourner vers les Maisons des Adolescents et les Points d’Accueil et d’Ecoute Jeunes présents sur l’ensemble du territoire qui vont les orienter, s’ils le souhaitent, vers un psychologue. Ils peuvent aussi s’adresser directement à un professionnel de santé spécialisé. « Notre objectif est de prendre le jeune en charge sans être dans le jugement, mais dans l’accompagnement », précise Justine Atlan.

    Lire aussi : Comment lutter contre le cyberharcèlement ?

    Si les sanctions disciplinaires mises en place par l’établissement scolaire ne mettent pas fin au (cyber)harcèlement, le jeune, accompagné par ses parents, peut décider de porter plainte. S’il le fait via le 3018, il aura déjà en main tous les éléments juridiques pour préparer son dépôt de plainte au commissariat ou dans une gendarmerie. « Quand on porte plainte, il faut bien avoir conscience de ce à quoi ça va servir et ne pas servir, fait remarquer la directrice de l’Association e-Enfance tout en se réjouissant que les infractions et les délits en ligne soient de mieux en mieux reconnus. Ça peut être à double tranchant : si la justice classe l’affaire sans suite ou déclare qu’il n’y a pas de préjudice, ça peut être très violent. Il faut aussi être prêt à être confronté à l’auteur de ces violences. Surtout, ça peut prendre des mois, voire des années. »

    3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende

    C’est la peine encourue pour un jeune harceleur, dès 13 ans.(1)

    Si le cyberharcèlement dont souffrent certains jeunes est souvent d’origine scolaire, il ne s’y limite pas. Des phénomènes de haine en ligne peuvent également prendre racine dans la sphère des jeux en ligne, sur des forums ou sur les réseaux sociaux. « Parfois, un jeune va publier une vidéo en ligne sur YouTube ou TikTok et sans trop savoir pourquoi, il va se prendre une flambée de harcèlement de personnes qu’il ne connaît pas, qui vont se liguer contre lui pour se moquer », décrit Justine Atlan. Le danger guette aussi du côté des plateformes de rencontre « où les jeunes vont être amenés à se dévoiler, à envoyer des contenus, à envoyer des nudes… Cela peut ensuite donner lieu à du harcèlement en ligne avec de la diffusion de contenus ou des comptes “ficha” [diffusant des photos dénudées de jeunes filles, sans leur consentement, ndlr]. »

    D’où l’importance, parfois sous-estimée, de sensibiliser les jeunes et de faire émerger une « parentalité numérique » consciente de ces dangers.

    L’Essentiel de l’article

    • Être attentif aux changements de comportement de son enfant
    • Rassembler les preuves et constituer un dossier auprès des autorités pour porter plainte
    • Éviter les réseaux sociaux pendant un temps

    (1) Légifrance 2022

  • Comment savoir si mon enfant est un harceleur ?

    Comment savoir si mon enfant est un harceleur ?

    Insultes, moqueries, revenge porn, diffusion de rumeurs, menaces… Comment certains jeunes en viennent-ils à (cyber)harceler leurs pairs ? Premier élément de réponse : il n’y a pas de « profil type » du harceleur. À écouter Bruno Humbeeck, psychopédagogue et directeur de recherche à l’Université de Mons (Belgique), ce type de phénomène relève en réalité d’une forme d’« agressivité hiérarchique » dont « le but du jeu consiste à prendre le pouvoir. » « C’est pour cette raison que les réseaux sociaux sont un vecteur de harcèlement naturel, souligne l’expert. Contrairement à ce que pensent souvent les adultes, un réseau social n’est pas seulement qu’ un outil de communication, mais un outil d’installation de prestige social, que l’on obtient par le biais des likes ou encore en anéantissant les autres. »

    Un phénomène typique des « sociétés hyper individualistes »

    Selon Bruno Humbeeck, également auteur de Pour en finir avec le harcèlement : À l’école, au travail, sur le Net…, « n’importe quel jeune peut se retrouver embarqué dans une situation de (cyber)harcèlement », soit en tant que « dominant actif » qui va être encouragé à se moquer ou à insulter l’autre par ceux qui se mettent à rire, soit en tant que « spectateur » qui va « agir en regardant » sans défendre la personne ciblée par le harcèlement. Il ajoute qu’après 12 ans, c’est désormais systématique : tout cas de harcèlement scolaire s’accompagne de cyberharcèlement, comme une « caisse de résonance qui va augmenter la virulence de l’agression. »

    Ce type de phénomène, poursuit-il, est favorisé par « les sociétés hyper individualistes qui favorisent les mécanismes de compétition plutôt que d’entraide et de coopération ». Selon lui, on ne peut pas supprimer ces « jeux de pouvoir » mais on peut tâcher de les gérer au mieux.

    Lire aussi : Comment lutter contre le cyberharcèlement ?

    Gel des neurones miroirs

    Si les conséquences sur les victimes de (cyber)harcèlement sont parfois dramatiques, les auteurs de ces violences portent eux aussi des stigmates importants, souligne Bruno Humbeeck. L’explication se trouve au fond du cerveau : « Le harceleur a été amené – sans le savoir – à geler ses neurones miroirs qui lui permettent de faire preuve d’empathie, sinon il ne pourrait pas continuer à harceler. Il n’y a donc pas de facteur a priori prédisposant au harcèlement si ce n’est la capacité qu’on aura de neutraliser ces neurones miroirs et de valoriser les mécanismes de domination. On peut geler ces neurones miroirs de manière très transitoire en se moquant de quelqu’un de manière agressive. Quand ce processus s’étend dans la durée, c’est plus dangereux : l’intelligence émotionnelle finit par se détériorer, ce qui est très dommageable sur le plan à la fois personnel et professionnel. »

    Rien d’irréversible néanmoins selon le spécialiste qui recommande de stimuler et de réactiver ces neurones. Il recommande le fait d’encourager le jeune à centrer son attention sur l’autre, en précisant que « ce travail peut être fait dans le contexte scolaire ou familial ».

    Il y a chez le harceleur une forme de jubilation qui accompagne l’exercice du pouvoir.

    Bruno Humbeeck, psychopédagogue

    Reste que les parents seraient bien en peine de repérer des « signes » chez leur enfant laissant à penser qu’il est l’auteur de ce type de violences. « Vous n’aurez pas d’indice de souffrance ni de remise en question de son comportement », note Bruno Humbeeck. Même si leur victime met fin à ses jours, « les cyberharceleurs sont généralement étonnés, mais pas catastrophés ». La prise de conscience de la gravité de leurs actes peut être longue en raison de ces mécanismes défensifs, même lorsqu’une procédure judiciaire est en cours. Ceux qui « craquent » en premier, ce sont plutôt les « spectateurs ».

    Lire aussi : Cyberharcèlement et santé mentale : « le début de l’adolescence est un moment critique »

    Jusqu’à 10 ans de prison pour les harceleurs

    Les conséquences juridiques peuvent également être très lourdes. En France, la loi du 2 mars 2022, qui a fait du (cyber)harcèlement scolaire un délit, a durci les sanctions à l’égard des jeunes harceleurs. Dès l’âge de treize ans, la peine minimale est désormais établie à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.(2) Lorsque les faits ont conduit la victime à mettre fin à ses jours (ou à tenter de le faire), les peines sont portées à 10 ans d’emprisonnement et à 150 000 euros d’amende.

    Pour cela, précise Me Le Taillanter, avocat à Angers, « il n’y a pas besoin de montrer une intention de nuire, juste de montrer que ça a eu comme résultat une dégradation des conditions de vie et/ou d’apprentissage pour l’enfant harcelé » Par ailleurs, le harceleur peut plus difficilement se cacher derrière l’anonymat des réseaux sociaux puisque dorénavant, de telles enquêtes vont pouvoir « bénéficier de l’identification des sources de connexion et des équipements terminaux [notamment les smartphones et les ordinateurs, ndlr] afin de retrouver celui qui harcèle derrière son écran, notamment à travers la recherche des adresses IP », complète-t-il.

    Si une plainte a été déposée contre lui et qu’on en est encore aux prémices du harcèlement, le harceleur peut être convoqué avec ses parents devant un délégué du procureur en rappel à la loi. En cas de faits plus graves et répétés, il devra comparaître devant le tribunal pour enfants (s’il est mineur). Outre l’amende, les condamnations peuvent peser très lourd dans le porte-monnaie des parents, sauf s’ils sont assurés en responsabilité civile, pour indemniser une perte d’année scolaire, une hospitalisation…

    Lire aussi : Petit parcours pour se défendre face au (cyber)harcèlement

    3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende

    C’est la peine encourue pour un jeune harceleur, dès 13 ans.(2)

    Ne pas contester l’émotion des autres

    Comme les parents des victimes, ceux des harceleurs découvrent bien souvent les faits à un stade avancé. Une situation qui n’est pas toujours facile à accepter. De fait, Bruno Humbeeck observe une tendance à déresponsabiliser leur enfant. « J’ai entendu des réactions du type : “son père est comme ça aussi, il a tendance à se moquer de tout le monde, ce n’est pas méchant”, ou consistant à dire que c’est la victime qui est trop sensible, qu’elle a été imprudente d’envoyer des nudes », raconte-t-il.

    Or il est important selon lui de ne jamais minimiser les faits. « Quand on produit de la souffrance chez quelqu’un d’autre, on doit en avoir une conscience absolue. Les parents devraient leur dire : “ce que tu as provoqué comme émotion – que ce soit la tristesse, le dégoût ou la peur –, elle appartient à celui qui la vit et tu n’as pas à la contester ni dans son intensité ni dans sa légitimité”. » Question, une fois de plus, d’intelligence émotionnelle.

     

    Pour aller plus loin : Quand la fiction nous parle du harcèlement scolaire

    Le harcèlement scolaire a longtemps été un mal silencieux. Ces dernières années pourtant, des œuvres de fiction se sont emparées de ce phénomène sous différents angles.

    • Un film : Un Monde de Laura Wandel (2021) Confrontée au harcèlement que subit son grand frère Abel, une jeune écolière est tiraillée entre son besoin d’intégration et de reconnaissance d’une part, son désir de réagir d’autre part. Une plongée à hauteur d’enfant pour explorer tout en finesse les dynamiques de groupe à l’école.
    • Un court-métrage : T Gros ! de Gautier Blazewicz (2018) Collégien en surpoids harcelé jusqu’en seconde, Gautier Blazewicz a voulu dénoncer dans son court-métrage les dérives de la grossophobie à l’école. On y suit le quotidien d’un lycéen en situation d’obésité, malmené par ses camarades, qui parvient peu à peu à accepter son corps et sa différence grâce au théâtre.
    • Un livre : Chère Fubuki Katana d’Annelise Heurtier (2019) Dans ce roman centré autour du personnage d’Emi, une lycéenne ciblée par des moqueries, Annelise Heurtier lève le tabou du harcèlement au Japon. Dans une société où l’on n’étale pas ses émotions, la jeune fille craint de passer pour fragile ou trop sensible. Une rencontre va néanmoins l’inciter à se confier, non sans risques. À qui peut-on se fier dans une société où les apparences peuvent l’emporter sur la vérité ?
    • Une BD : Camélia face à la meute de Christophe Cazenove, Nora Fraisse et Bloz (2021) Aussi bouleversante que didactique, cette bande dessinée raconte le parcours d’une lycéenne qui se retrouve entraînée dans la spirale du harcèlement après la diffusion d’une simple photo sur les réseaux sociaux. Camélia ne peut même plus compter sur sa meilleure amie qui a rejoint la « meute » de harceleurs qui la traque au lycée comme en ligne, et finit par s’isoler complètement.

    L’Essentiel de l’article

    • N’importe quel jeune peut se retrouver en position de harceleur
    • Il s’agit d’être attentif car les signes ne sont pas toujours évidents
    • Le(cyber)harcèlement est puni par la loi

    (1) Public Sénat, mars 2022

    (2) Légifrance 2022

  • Rentrée scolaire : comment préparer son enfant à retourner à l’école ?

    Rentrée scolaire : comment préparer son enfant à retourner à l’école ?

    Reprise d’un rythme, besoin de concentration et d’énergie… Comment les préparer à retrouver les bancs de l’école en septembre ? Dialogue et anticipation sont les maîtres-mots pour une rentrée sereine pour toute la famille.


    1

    Reprendre un bon rythme de sommeil avant la rentrée

    La rentrée scolaire, ça se prépare. « Il faut veiller à reprendre des horaires fixes et à coucher votre enfant plus tôt, au moins une ou deux semaines avant la reprise de l’école, préconise le Dr Sylvie Osika, pédiatre. Il est essentiel de retrouver un rythme jour/nuit que les enfants ont perdu dans de nombreuses familles pendant les vacance », indique-t-elle. Pour cela, commencez par fixer des horaires pour le bain, le dîner puis le coucher, par exemple.

    Le saviez-vous ?

    « L’enfant grandit la nuit et notre système immunitaire est relié aussi à notre sommeil. Avoir un rythme structuré et un bon sommeil est donc important, sans quoi des troubles d’apprentissages, de dépression ou d’anxiété peuvent apparaître chez l’enfant », explique la pédiatre.

    2

    Maintenir les bonnes habitudes d’hygiène à l’école

    Crise sanitaire ou non, la rentrée est l’occasion de lui rappeler les notions d’hygiène, et en particulier les gestes barrières. « Avec des mots très simples, on peut expliquer à son enfant qu’en retournant à l’école, il devra continuer à bien se laver les mains, à faire attention à se moucher correctement ou à tousser dans son coude, mais qu’il pourra toujours jouer avec ses amis », explique le Dr Osika. Votre enfant est d’un naturel inquiet ? Rassurez-le en lui expliquant que toutes les précautions seront prises pour assurer sa sécurité à l’école.

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    À savoir

    Des aménagements spécifiques pour les enfants les plus angoissés, avec un recours possible au Cned (1) partagé ou au Sapad (2) sont également envisageables.


    3

    L’école, un repère de sociabilisation

    « Le retour à l’école permet à l’enfant de retrouver des repères, ainsi qu’une autre autorité que celles de ses parents, de se confronter aux autres élèves aussi », souligne le Dr Osika. Pour valoriser la reprise du chemin de l’école, vous pouvez indiquer à votre enfant qu’il va aussi retrouver ses copains. D’ailleurs, « les enfants ont besoin d’être entourés d’enfants de leur âge, c’est une étape essentielle à leur socialisation », indique la pédiatre.

    Bon à savoir

    Les élèves, de la maternelle au lycée, reprendront le chemin de l’école le jeudi 1er septembre 2022 (3).


    4

    Discuter ensemble de l’organisation familiale

    Il est important une semaine avant la rentrée de discuter en famille (surtout si vous avez plusieurs enfants d’âge différents) des projets de l’année, de la gestion de la maison, des activités périscolaires, ou encore du temps autorisé devant les écrans. « Les enfants ont besoin de repères et d’échanger sur ces sujets-là posément pendant les vacances plutôt qu’une semaine après la rentrée. Cela permet d’aborder la rentrée sereinement et de faire passer des messages qui serviront à tout le monde », explique la pédiatre. Elle préconise également de donner la parole à l’enfant : « Il se construit si on lui donne des responsabilités et si on lui fait confiance. »


    5

    Instaurer des rituels rassurants avant la rentrée

    Quelques jours avant la rentrée, pour bien préparer votre enfant à reprendre le chemin de l’école, n’hésitez pas à évoquer avec lui les aspects positifs comme le fait de passer dans une classe supérieure, de rencontrer de nouveaux instituteurs et camarades, etc. Vous pouvez aussi entourer la date de la rentrée sur un calendrier et compter avec lui le nombre de jours restant jusqu’à la reprise, par exemple. Autres astuces pour le conforter : faites avec lui des activités rassurantes avant de le coucher comme lire des histoires sur l’école ou faire des exercices de relaxation ou de respiration. Pourquoi pas retracer ensemble le chemin pour anticiper son premier trajet seul vers l’école, à pied ou en voiture par exemple ? Et préparez ensemble son cartable, ses fournitures et sa tenue de rentrée un ou deux jours avant pour éviter le stress le matin du jour J. 

    L’Essentiel de l’article

    • Instaurez des horaires fixes de dîner et de coucher au moins une semaine avant la reprise.
    • Rappelez à votre enfant l’importance des gestes d’hygiène à l’école.
    • Parlez-lui des aspects positifs de la rentrée. – Instaurer des rituels rassurants quelques jours avant la reprise.

    (1) Cned, Offre scolaire

    (2) Tous à l’école, Service d’Assistance Pédagogique à Domicile (Sapad)

    (3) Education.gouv, Calendrier scolaire de l’année 2022-2023

  • Consommation de drogues : comment savoir si on est addict ?

    Pour détecter un risque de dépendance, il s’agit d’abord de se poser quelques questions pour faire le point, car comme le dit Jessica Sautron, psychologue, « l’addiction peut concerner tout le monde et ça commence tôt. »

    La fête est plus folle (ou pas)

    Faire une soirée sans alcool, ça n’a aucun intérêt.

    Avant la fête, je m’échauffe en buvant un ou deux verres.

    Un nouveau produit circule dans la soirée, il faut l’essayer !

    Je ne sais plus combien de verres / de joints / de doses j’ai consommé hier soir.

    Un weekend sans soirée, c’est un weekend gâché !

    Vivement le weekend pour faire la fête ! (on est que lundi matin)

    Si vous vous faites régulièrement une ou plusieurs de ces réflexions, il pourrait s’avérer utile de faire un point sur votre consommation. Parlez-en autour de vous, avec des proches, si possible qui ne consomment pas ou peu, en qui vous avez confiance et qui ont l’habitude d’être francs avec vous. « L’entourage peut aussi donner des alertes en posant des questions simples sur la consommation et comment serait la vie sans celle-ci » complète Jessica Sautron, psychologue.

    Consommation dans la vie de tous les jours

    J’ai du mal à me concentrer sur mes activités habituelles.

    Je n’ai plus de motivation pour rien.

    Je consomme même en solo et en dehors de moments festifs.

    Tous mes amis consomment, les autres je les vois moins qu’avant, voire plus du tout.

    Mes proches se plaignent de ma consommation, on se prend souvent la tête sur ce sujet.

    J’ai du mal à dormir et/ou la fatigue me pèse tout le temps.

    J’ai parfois des crises d’angoisse ou de colère sans savoir pourquoi.

    Je sais pas dire non à un verre / un joint / une dose.

    Si vous vous reconnaissez dans une ou plusieurs de ces situations, n’hésitez pas à demander de l’aide à vos proches mais aussi à des professionnels. « La prise en charge des addictions est multimodale, avec le médecin, le ou la psychologue ou psychiatre, on peut avoir des groupes de parole, des thérapies centrées sur le corps, des thérapies qui permettent la gestion des émotions, explique Jessica Sautron, mais la porte d’entrée c’est prendre conscience qu’on a un souci. »

    Lire aussi : Connaissez-vous les dangers des drogues ?

     

    De nombreux organismes existent également pour vous écouter, vous renseigner et vous aider : les Maisons des Adolescents, les Missions Locales, les Espaces Santé Jeunes.

    Besoin d’aide ?

    Drogues info service : 01 70 23 13 13 – Gratuit – 8h-2h

    www.drogues-info-service.fr

     

  • Néophobie alimentaire : comment la détecter et aider votre enfant ?

    Néophobie alimentaire : comment la détecter et aider votre enfant ?


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    Qu’est-ce que la néophobie alimentaire ?

    Coline Girerd : C’est une étape presque normale dans la vie d’un enfant. Vers 18 mois-2 ans, quand l’enfant entre dans la phase du « non », il comprend les limites et les teste. Il refuse un peu tout et ça se manifeste aussi dans l’alimentation. Il craint les aliments nouveaux et parfois aussi des aliments qu’il aimait jusque-là, surtout les légumes, pour s’opposer à ses parents. Théoriquement, la néophobie alimentaire cesse vers 6 ans, mais il m’arrive de recevoir des enfants de 10 ans et parfois même des adultes néophobes.

    Chiffre-clé

    La néophobie alimentaire touche 77 %(1) des enfants âgés de 2 à 6 ans.


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    Quels sont les facteurs qui peuvent favoriser la néophobie alimentaire ?

    C. G : Les légumes ont une odeur particulière et une couleur vive qui peuvent surprendre l’enfant. La néophobie alimentaire peut être accentuée si le parent craint que l’enfant n’apprécie pas les légumes ou s’il les refuse lui-même. Un cadre trop rigide peut amplifier le phénomène. Et puis, l’enfant peut avoir un trouble de l’oralité avec des difficultés de succion, de mastication, une hypersensibilité aux textures ou aux odeurs. Souvent, on constate ce trouble avant, au moment du biberon, de l’allaitement, du passage à la cuillère mais ça peut aussi être détecté plus tard. Les troubles de l’oralité concernent un répertoire alimentaire plus large, l’enfant mange alors très peu d’aliments.


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    Comment se traduit la néophobie alimentaire ?

    C. G : L’enfant refuse de manger certains aliments, en particulier les légumes. Il a une forme de sélectivité liée à un ou des sens : il refuse les morceaux, les odeurs fortes, certaines couleurs d’aliments… Il dit qu’il n’aime pas sans même avoir goûté l’aliment. Il trie dans son assiette et ne conserve que ce qu’il veut manger. Si cela génère des tensions parce qu’on insiste, il peut se mettre à pleurer. Il est rare qu’il en vienne à vomir ce qu’il mange.


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    Faut-il s’inquiéter si son enfant présente une néophobie alimentaire ?

    C. G : Non car c’est presque naturel. Près de trois quarts des enfants passent par cette étape. La néophobie alimentaire n’influe pas sur l’équilibre alimentaire puisque ça ne concerne que quelques aliments. L’important est que l’enfant continue d’avoir plaisir à manger et qu’il n’y ait pas d’incidence sur sa courbe de poids.


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    Comment réagir face à un enfant qui souffre de néophobie alimentaire ?

    C. G : On encourage le contact avec la nourriture en faisant les courses ou le marché ensemble, en cueillant les légumes dans le potager, en cuisinant avec lui… Ça lui permet de voir les étapes de transformation des aliments qu’il ne reconnaît pas toujours selon leur présentation et ça le rassure. On lui demande de goûter sans le forcer à finir. L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, Ndlr) dit qu’il faut présenter en moyenne 8 fois un même aliment à un enfant pour savoir s’il l’aime ou pas. Il ne faut pas hésiter à le présenter sous diverses formes et demander à l’enfant ce qui le bloque. On évite le chantage et les punitions. On met tout le repas sur un plateau pour laisser le choix à l’enfant. C’est possible qu’il laisse certains aliments au début mais rapidement il va se réguler. C’est un bénéfice à moyen ou long terme.
     

    Le repas doit être un moment calme où chacun mange la même chose, pour aider l’enfant à développer de saines habitudes alimentaires.

    Coline Girerd, diététicienne psycho-nutritionniste

    L’Essentiel de l’article

    • La néophobie commence vers 18-24 mois.
    • Évitez le chantage et les punitions pour faire manger votre enfant.
    • Rassurez votre enfant en favorisant les contacts avec les aliments.

    (1) mpedia, Mon enfant ne mange pas de légumes, la sélectivité alimentaire, 2021