Étiquette : Bien-être

  • Phobie scolaire : comment la prévenir et la gérer ?

    Phobie scolaire : comment la prévenir et la gérer ?

    Maux de tête, vomissements, cris… Certains enfants se rendent littéralement malades au moment d’aller à l’école. Heureusement, certaines thérapies permettent de lutter contre la phobie scolaire pour envisager un retour progressif à l’école.


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    Phobie scolaire : comment la prévenir ?

    Le seul moyen de prévenir la phobie scolaire consiste à désacraliser l’école pour votre enfant. Discutez avec lui de vos propres résultats scolaires, de vos préparatifs avant la rentrée ou de vos matières préférées lorsque vous aviez son âge. « L’idée est de mettre des mots sur l’école pour créer un climat d’apaisement et de sécurité pour votre enfant » explique Marie Gallé-Tessonneau, psychologue. Lui parler de votre expérience lui permet de se projeter et d’être rassuré.

    Posez-lui aussi quelques questions : A-t-il des amis ? Comment se sent-il dans son école, physiquement et moralement ? Est-ce que les cours lui plaisent ? Quelle est sa matière préférée ? Montrez à votre enfant qu’il peut se confier à vous et que vous êtes à son écoute. Vous avez la possibilité de l’accompagner sur le trajet de l’école ou de participer à ses sorties scolaires ? N’hésitez pas ! « Un bon moyen de prévenir la phobie scolaire, c’est de faire une passerelle entre la vie familiale et l’école. Montrez à votre enfant que l’école n’est qu’un prolongement de votre vie à la maison, et que vous serez toujours à ses côtés. L’idée est d’éviter une séparation trop brutale entre ces deux univers » explique la psychologue.


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    Identifiez les symptômes !

    La phobie scolaire, ou « refus scolaire anxieux », se caractérise par une peur irrationnelle qui saisit certains enfants à l’idée de se rendre à l’école. Crises de colère, larmes, insomnies, maux de ventre ou de tête, désordres intestinaux… Les symptômes sont très divers et disparaissent les jours où il n’y a pas école. « Cette anxiété débute souvent avec des douleurs physiques, qui ne sont pas simulées par les enfants mais générées par le stress, explique Marie Gallé-Tessonneau, psychologue. Souvent, les enfants promettent de retourner à l’école le lendemain : sur le moment, ils y croient vraiment, mais en sont incapables le jour suivant. »

    Il existe trois pics d’apparition du refus scolaire anxieux : l’un vers 6-7 ans, à l’entrée au CP, un autre vers 10-11 ans, au début du collège, puis un dernier vers 14-15 ans, avant le passage au lycée. Pour les plus petits, le refus scolaire est souvent lié à une anxiété de séparation, la peur de quitter ses parents ou sa maison ; pour les ados, il s’agit souvent d’une anxiété sociale, liée à la peur du regard des autres. Certains enfants, quel que soit leur âge, souffrent aussi d’agoraphobie, c’est-à-dire qu’ils ont peur des lieux publics, du bruit, du monde etc. « Beaucoup d’enfants ont un profil mixte, un mélange de ces trois formes d’anxiété » estime la spécialiste.

    Lorsqu’un enfant ne va pas à l’école, c’est qu’il fuit quelque chose, une forme d’insécurité, et il est donc important de consulter pour comprendre les causes de la phobie et la guérir.

    Marie Gallé-Tessonneau, psychologue


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    Une prise en charge à deux niveaux

    Votre enfant manque l’école au moins une fois par semaine ? Ne banalisez pas l’absentéisme scolaire. Même s’il a par ailleurs un comportement tout à fait normal, avec des copains, une activité sportive, une vie sociale et épanouie. Ces absences doivent vous alerter et vous inciter à réagir rapidement.

    Les cas de phobie scolaire nécessite une prise en charge à deux niveaux : d’abord par les parents, puis par un professionnel, si besoin. Tentez d’abord de rassurer votre enfant face à cette situation. Soyez à son écoute, essayez de comprendre ce qui l’inquiète, vérifiez par exemple qu’il n’est pas victime de harcèlement scolaire, mais ne le bombardez pas non plus de questions car il ne sera pas forcément capable de vous répondre. « Bien souvent, l’enfant ne sait pas d’où vient sa peur, mais votre soutien ainsi qu’un accompagnement thérapeutique pourront lui permettre de mieux la comprendre », rassure la spécialiste.

    Dans un second temps, pensez à consulter un professionnel. « Plus la prise en charge est rapide, meilleure sera la re-scolarisation », assure Marie Gallé-Tessonneau. Parfois, une ou deux consultations peuvent même suffire à régler la situation et préparer l’enfant à retourner à l’école. « Lorsqu’un enfant refuse d’aller à l’école, c’est qu’il fuit quelque chose, une forme d’insécurité, et il est donc important de consulter pour comprendre les causes de la phobie et la guérir », insiste la psychologue.

    Bon à savoir

    Votre enfant souffre de phobie scolaire ?

    Vous pouvez faire appel à un professeur à domicile comme mesure “provisoire” pour l’aider à reprendre pied. Il faut donc bien lui rappeler qu’il va retourner à l’école et qu’il y trouvera sa place, projection dont il a besoin pour aller mieux. Quant aux cours en ligne, c’est une option qui risquerait de renforcer le sentiment d’isolement de votre enfant.


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    Restez en lien avec l’école

    Veillez à toujours garder un lien avec l’école, cela évitera les crispations avec les professeurs, les quiproquos, les suspicions d’absentéisme, etc. N’hésitez pas à exposer la situation aux professionnels avec qui votre enfant se sent le plus en confiance : l’instituteur, un professeur qu’il aime bien, l’infirmier ou le psychologue scolaire par exemple. Personne n’est responsable de ce refus scolaire, ni l’école, ni votre famille, ni votre enfant.

    « Veillez également à ce que votre enfant maintienne un certain rythme à la maison, avec un réveil le matin, des activités programmées, etc. » explique Marie Gallé-Tessonneau. Votre enfant doit rester actif, avec des horaires fixes pour éviter des difficultés de réadaptation lors de son retour à l’école.

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    L’Essentiel de l’article

    • La phobie scolaire n’est pas un caprice, c’est une vraie angoisse.
    • Ne banalisez pas l’absentéisme scolaire, mieux vaut consulter rapidement.
    • Essayez de comprendre votre enfant mais ne le harcelez pas de questions.
    • Informez l’école de la situation.
  • Comment aider son enfant à reprendre le sport en douceur ?

    Comment aider son enfant à reprendre le sport en douceur ?

    Après une longue période de confinement à la maison, puis les vacances d’été, les enfants ont parfois perdu l’habitude de faire de l’exercice. Heureusement, certaines astuces permettent de lui faire reprendre une activité physique en douceur, et sans risque de blessures.


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    Une visite chez le médecin et des échauffements réguliers

    Allez-y en douceur : mieux vaut reprendre progressivement, puis accélérer le rythme des séances si votre enfant en exprime le désir. N’hésitez pas également à mettre en place avec lui des routines quotidiennes. « Cela peut être 10 minutes d’échauffement chaque jour (stretching, yoga…) ou bien, une fois par semaine, un petit circuit de 40 minutes avec pompes, abdos, travail des lombaires, corde à sauter… Tout cela est très bon pour renforcer son corps et prévenir les blessures », assure Matthieu Gandolfi. Si, pendant le confinement, vous avez commencé à faire des petits exercices sportifs en famille, gardez cette saine habitude, bénéfique pour les enfants comme pour les parents.

    Bon à savoir

    Avant de reprendre le sport, une visite chez le médecin généraliste s’impose : rassurant pour les parents comme pour les enfants, elle permet aussi de récupérer le certificat médical (1) nécessaire pour toute inscription à une activité sportive.

    C’est bien qu’il puisse tester plusieurs sports différents avant de se spécialiser, qu’il ne se sente pas contraint dans son choix.

    Matthieu Gandolfi, coach sportif et professeur d’EPS.

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    À chacun son sport

    « L’erreur que font souvent les parents, c’est de choisir un sport pour leur enfant en fonction de leur propre passé sportif, mais mieux vaut lui demander de choisir lui-même, il sera d’autant plus motivé », conseille le coach sportif.

    Basket, hand, foot… Si votre enfant est timide, un sport collectif pourrait lui permettre d’intégrer un groupe, de se sociabiliser et ainsi de gagner en confiance. Votre enfant est très actif ? Proposez-lui d’essayer un sport de combat : karaté, judo, taekwondo… Ces disciplines l’aideront à canaliser son énergie dans le respect des règles. Pour les enfants plus indépendants, les sports individuels comme la natation, l’athlétisme ou la gymnastique sont idéals. N’hésitez pas à faire tester à votre enfant plusieurs de ces disciplines. Il trouvera ainsi progressivement son sport de prédilection, celui qui conviendra le mieux à son tempérament et à son potentiel. « C’est bien qu’il puisse tester plusieurs sports différents avant de se spécialiser, qu’il ne se sente pas contraint dans son choix », préconise Matthieu Gandolfi.

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    Le sport, c’est ludique !

    « Dans la pratique d’une activité sportive, les deux principales motivations pour l’enfant sont le plaisir et l’amusement », confie le coach sportif. Pour aider votre enfant à reprendre progressivement une activité physique, misez sur des moments ludiques qui lui permettront de faire du sport et de prendre l’air sans même s’en apercevoir. « Pour un enfant de 6 ans, proposez-lui par exemple des passes de ballon dans le jardin ou bien organisez des parcours sportifs avec des plots et des cerceaux. » Des activités qui permettront de renforcer sa concentration et sa motricité générale, tout en s’amusant.

    « Si votre enfant est un peu plus âgé, vers 10-12 ans, vous pouvez imaginer des petits exercices de renforcement musculaire à la maison : planche ou abdominaux, par exemple, en duel entre frère et sœur, suggère Matthieu Gandolfi. Vous pouvez aussi faire un peu de randonnée, et pourquoi pas en famille. Optez par exemple pour le « geocaching », ces chasses au trésor interactives dans la nature : les enfants adorent car ils préfèrent marcher avec un but. »

    Chiffres-clés

    Recommandations d’activité physique pour les enfants

    • Pour les moins de 5 ans, 3 heures d’activité physique par jour. (2)
    • De 6 à 17 ans, au moins 1 heure d’activité physique d’intensité modérée à élevée par jour (aller à l’école à pied, à vélo, sport en club, etc.).


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    La motivation : la clé de la réussite

    Ça y est, votre enfant a choisi son sport ! Maintenant, encore faut-il qu’il veuille passer à la pratique. Pour booster sa motivation, commencez par choisir avec lui l’équipement adapté à sa discipline. Il se sentira plus en confiance et sera ravi de montrer ses affaires de sport à ses camarades. Par exemple, faites votre shopping sportif ensemble et consultez-le pour le choix de son sac de sport ou de ses baskets parmi les modèles que vous aurez sélectionnés. Vous pouvez aussi l’accompagner à ses entraînements, car des visages familiers le motiveront davantage à s’y rendre. Enfin, encouragez toujours ses progrès sportifs : assistez à ses compétitions, félicitez-le… Cela renforcera son estime de lui-même et lui donnera envie de se surpasser !

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    L’Essentiel de l’article

    • Imaginez des activités ludiques pour renforcer la motricité de votre enfant.
    • Encouragez-le à essayer des sports différents.
    • Faites un check-up chez le médecin.
    • Prenez l’habitude de faire des échauffements réguliers, pourquoi pas en famille.

    (1) Ministère des Sports, « Certificat médical »

    (2) Ameli, Enfants, adolescents, adultes, seniors : à chaque âge son activité physique, 2020

  • Allergies estivales : nos conseils pour éviter qu’elles ne gâchent votre été !

    Allergies estivales : nos conseils pour éviter qu’elles ne gâchent votre été !

    À la période estivale, entre le pollen, le soleil et les insectes, votre organisme est mis à l’épreuve. Heureusement, certaines mesures préventives vous permettent de lutter contre vos allergies et donc de passer un bel été !


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    Le rhume des foins, l’allergie la plus courante

    Vous avez des difficultés à respirer, le nez qui coule, les yeux qui pleurent ? Vous souffrez probablement du fameux rhume des foins, cette allergie causée par les pollens des plantes graminées. La chaleur et le vent favorisent la diffusion des pollens dans l’air et il est donc difficile de les éviter en particulier au printemps et en été. Mais certaines précautions permettent de s’en protéger efficacement.

    « La première étape pour lutter contre une allergie est d’identifier le pollen ou les pollens responsables avec un test spécifique chez le médecin allergologue pour ensuite, si nécessaire, se faire désensibiliser », détaille le Dr Catherine Quéquet, médecin allergologue. Un traitement médical préventif peut aussi vous être prescrit par le spécialiste. L’allergologue conseille également de porter un chapeau et des lunettes de soleil pour vous protéger, lors de vos balades en forêt, par exemple.

    « Si les cheveux n’ont pas été couverts, il est prudent de se les laver le soir pour éviter que les pollens ne se déposent sur l’oreiller », précise-t-elle. Autres conseils : aérer votre logement le matin et le soir, quand les pollens sont les moins actifs, et étendez votre linge à l’intérieur de votre habitation.

    La première étape pour lutter contre une allergie est d’identifier le pollen ou les pollens responsables avec un test spécifique chez le médecin allergologue […].

    Dr Catherine Quéquet, allergologue

    Le saviez-vous ?

    Pas tous égaux face aux allergies.

    Deux facteurs déclenchent l’allergie : l’exposition à un allergène et la prédisposition génétique. « Une personne ne devient pas allergique du jour au lendemain, précise le Dr Quéquet. Son organisme va réagir face à un allergène comme le poil de chat parce qu’il aura été exposé plusieurs fois ou plusieurs années. Ce risque est démultiplié si l’un de ses parents est lui-même allergique. »


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    Allergies : gare aux piqûres d’abeilles ou de guêpes

    Pendant l’été, les piqûres d’insectes sont courantes et pour certaines personnes, elles révèlent alors une allergie. « Ce sont surtout les piqûres d’abeilles ou de guêpes qui déclenchent une réaction allergique, observe le Dr Quéquet. Si la zone de piqûre s’étend sur une dizaine de centimètres, déclenche démangeaisons et brûlures, ou un gonflement de la peau, il est nécessaire de consulter un médecin. » Si vous constatez un gonflement au niveau du visage et du cou, avec une gêne respiratoire, ou face à un choc anaphylactique (réaction allergique rapide et violente), il faut appeler le Samu au 15.

    Face aux piqûres d’insecte, la solution est de se faire désensibiliser. « La désensibilisation est très efficace, de l’ordre de 95 % pour la guêpe et plus de 80 % pour l’abeille », assure le médecin allergologue. Le traitement médicamenteux est lui aussi efficace en cas de réaction modérée. Au quotidien, il convient d’utiliser des répulsifs anti-insectes pour vous protéger.


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    Les acariens et les chenilles : le risque allergique existe !

    Les acariens aiment l’humidité et la chaleur des maisons l’hiver, mais on les retrouve aussi en été ! Responsables de la majeure partie des allergies, ces insectes prolifèrent dès que la température dépasse les 20 °C. Pour vous débarrasser des acariens, pensez à aérer votre logement tous les jours. « Il convient aussi de dépoussiérer régulièrement vos meubles avec un chiffon humide, puis de passer l’aspirateur deux à trois fois par semaine. Lavez vos draps à 60 °C et n’oubliez pas de passer en machine les peluches de vos enfants », indique l’allergologue.

    Un contact avec une chenille processionnaire peut également vous provoquer une allergie : urticaire, éruption cutanée douloureuse, fortes démangeaisons, éternuements… Ces chenilles possèdent des poils urticants qui peuvent se détacher et être transportés facilement sous l’effet du vent, et atteindre votre peau ou vos vêtements. Les symptômes disparaissent généralement d’eux-mêmes en quelques jours à quelques semaines, mais si vous constatez une aggravation des symptômes, il est préférable de consulter votre médecin.


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    La lucite estivale ou l’allergie au soleil

    Autre réaction : l’allergie au soleil. « Aussi appelée lucite estivale, elle concerne surtout les jeunes femmes », indique le Dr Quéquet. Elle se manifeste par des boutons rouges sur toutes les zones exposées aux UV, y compris si le temps d’exposition est bref, pendant un trajet métro/bureau par exemple. « La lucite estivale dure plusieurs années et disparaît comme elle est venue », rassure l’allergologue. Pour prévenir cette allergie, le médecin préconise, les deux mois précédant les beaux jours, des séances de photothérapie chez un dermatologue. En parallèle, il est essentiel de vous appliquer une crème solaire indice 50+ à chaque exposition, peu importe la couleur de votre peau et la nature de votre allergie.

     

    La lucite estivale dure plusieurs années et disparaît comme elle est venue.

    Dr Catherine Quéquet, allergologue

    Le saviez-vous ?

    Certains médicaments et cosmétiques peuvent provoquer des réactions cutanées semblables à la lucite estivale : rougeurs, boutons, plaques, démangeaisons ou coloration anormale de la peau… Il ne s’agit pas d’une allergie, mais si vous prenez des médicaments, veillez toujours à consulter votre pharmacien pour savoir s’ils sont photosensibilisants. Pour les cosmétiques, il convient d’en utiliser des sans parfum l’été.

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    L’Essentiel de l’article

    • En cas d’allergie au pollen, portez chapeau et lunettes pour vous protéger.
    • La désensibilisation est une solution efficace contre les allergies.
    • L’été, privilégiez des cosmétiques sans parfum.
    • Si vous êtes allergique au soleil, protégez-vous avec une crème solaire indice 50+.
  • Quels sont les bienfaits de la sieste sur votre santé ?

    Quels sont les bienfaits de la sieste sur votre santé ?

    La sieste est une pratique très culturelle. « Dans les sociétés d’Europe du Nord, par exemple, elle est plutôt mal vue et se pratique peu. On considère que c’est un signe de paresse et que les personnes qui font la sieste ne veulent pas travailler. Tandis qu’en Europe du Sud, en Asie, ou en Afrique, c’est quelque chose d’admis », indique Raphaël Heinzer, professeur associé à l’Université de Lausanne, et médecin chef au Centre d’investigation et de recherche sur le sommeil (CIRS). « Nous sommes dans une société qui a tendance à limiter le temps de sommeil pour avoir plus de temps pour le travail ou les loisirs. Beaucoup de personnes ont un manque chronique de sommeil et la sieste permet de compenser, en partie, ce manque. »


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    La sieste pour chasser le stress

    Un sommeil nocturne insuffisant ou perturbé peut provoquer des troubles durant la journée. « Ils se manifestent notamment au niveau cérébral, avec une mauvaise mémoire, une baisse de l’attention, des sautes d’humeur et une forme de stress », explique Raphaël Heinzer. En effet, le manque de sommeil augmente les hormones de stress dans le corps. « Des études montrent que les personnes qui n’ont pas assez dormi la nuit voient leurs hormones de stress baisser lorsqu’elles font une sieste l’après-midi », indique le docteur.

    Chiffre-clé

    27 % des Français font au moins une sieste par semaine. (1)


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    La sieste pour booster ses performances

    « Certaines études révèlent qu’une sieste, même brève (entre 20 et 30 minutes), permet de consolider la mémoire. Par exemple, si on vous donne une liste de mots et que l’on vous demande de la restituer une heure après, vous serez meilleur si vous avez pu faire une sieste entre le moment où vous avez appris cette liste et le moment où vous la restituez », affirme Raphaël Heinzer. Ainsi, en plus du sommeil nocturne, une sieste, même si elle ne correspond pas à un cycle complet de sommeil, peut avoir un effet favorable sur la consolidation de la mémoire.

    Autre bénéfice du « petit somme », celui de limiter les accidents de la route ou du travail. « Le fait d’être fatigué durant la journée à cause d’un manque de sommeil peut favoriser les accidents. Faire une sieste permet justement de contrecarrer ce déficit d’attention, d’améliorer la vigilance et d’éviter la somnolence au volant », souligne le docteur. La sieste s’avère également bénéfique pour la productivité, la concentration et la créativité. Elle permettrait de retrouver l’énergie brûlée pendant la matinée et repartir sur les chapeaux de roues pour le reste de la journée.

    « Nous disposons de données qui révèlent qu’une sieste, même brève de 20 ou 30 minutes, permet de consolider la mémoire. »

    Raphaël Heinzer, médecin chef au Centre d’investigation et de recherche sur le sommeil (CIRS) et professeur à l’université.


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    La sieste pour prévenir certaines maladies

    La sieste semble également bénéfique pour prévenir les maladies cardiovasculaires. « Nous avons mené une étude sur plus de 3 000 personnes, à Lausanne. Elle a montré que, sur une période de cinq ans, les personnes qui ont fait des siestes une à deux fois par semaine avaient moins de maladies cardiovasculaires, que celles qui n’en faisaient pas », avance Raphaël Heinzer. Autre atout : la sieste joue sur la sensibilité à la douleur. « Les personnes en manque de sommeil sont plus sensibles à la douleur », note le spécialiste du sommeil.

    À savoir

    La sieste à proscrire pour les insomniaques

    Pour les personnes qui rencontrent des difficultés à s’endormir ou qui ont de fréquents réveils nocturnes, « il est déconseillé de faire la sieste parce qu’elles risquent d’être moins fatiguées au moment de dormir le soir et d’avoir un sommeil plus fragmenté encore », prévient Raphaël Heinzer.


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    Comment réussir sa sieste ?

    On distingue deux phases propices au sommeil réparties sur 24 h : la phase nocturne où le cerveau est prêt à dormir et en début d’après-midi, où naturellement, le cerveau a tendance à s’endormir plus facilement. « Beaucoup de personnes ont tendance à somnoler en début d’après-midi. Tout le monde attribue cela à la digestion du repas de midi, mais en réalité, même si on ne prend pas de déjeuner, on connaît un peu cette somnolence », fait remarquer le docteur.

    À savoir

    Faire une sieste immédiatement après avoir mangé est déconseillé car la position allongée induit une stagnation plus longue des aliments dans l’estomac et donc un ralentissement de la digestion. Dans la mesure du possible, mieux vaut patienter deux heures après le déjeuner pour faire votre sieste.

    Il existe deux types de sieste : la turbo sieste (ou la micro-sieste) durant laquelle, on reste en sommeil léger ou intermédiaire. Pour ce type de sieste, il est recommandé de dormir entre 10 et 20 minutes (voire 30 minutes maximum). Cela offre un sommeil réparateur tout en évitant de plonger dans un sommeil profond. L’autre type de sieste, comme le font les Espagnols par exemple, est plus longue. « Elle dure environ une heure et demie, ce qui correspond à un cycle complet de sommeil. Ce type de sieste est aussi très bénéfique. »

    Pour éviter les difficultés à émerger, l’important est de se réveiller hors de la phase profonde du sommeil. « Si on se réveille en sommeil profond, on est plongé dans une sorte d’inertie, et on se sent un peu vaseux pendant un certain temps. »

    Le saviez-vous ?

    Un cycle de sommeil moyen dure environ 90 à 110 minutes. Idéalement, pour une sieste efficace, il est préférable de dormir moins de 30 minutes ou plus de 90 minutes, selon le médecin du sommeil.


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    S’endormir sur commande

    « Pour trouver le sommeil rapidement, il convient d’être dans un environnement calme et dans la pénombre (vous plonger dans le silence absolu et le noir complet n’est pas une obligation). On peut mettre des écouteurs avec un peu de musique douce pour s’isoler du bruit et prévoir un réveil pour se rassurer et éviter de partir pour deux heures de sieste », conseille le spécialiste du sommeil.

    La position est aussi importante. Si vous en avez la possibilité, essayez de vous allonger car cela renforce, au réveil, la sensation d’avoir vraiment (et plus longtemps !) dormi. Il est toutefois préférable de vous installer sur un canapé ou un tapis de yoga posé au sol, par exemple, que sur un lit. Ce dernier étant associé au sommeil « longue durée » de la nuit par votre cerveau, vous risquez de perturber votre cycle de sommeil naturel en mélangeant ces phases. « Pour réussir à s’endormir, il faut que le tonus musculaire puisse se relâcher sans que la tête ne tombe en avant ou en arrière. Cela pourrait perturber la qualité de la sieste. Être bien calé permet aux muscles de se relâcher et de s’endormir plus facilement », conclut-il.

    Vos nuits sont agitées ?

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    L’Essentiel de l’article

    • La sieste permet de lutter contre le stress, booster sa mémoire et prévenir certaines maladies.
    • L’idéal est d’attendre deux heures après le repas pour faire la sieste.
    • La sieste est à proscrire chez les personnes insomniaques.
    • Prévoir un réveil pour éviter de se réveiller en sommeil profond.

    (1) BEH, Le temps de sommeil en France, 2019

  • Les conseils de François Gabart, skipper du trimaran MACIF pour mieux vivre le confinement

    Les conseils de François Gabart, skipper du trimaran MACIF pour mieux vivre le confinement

    Contrairement à l’isolement choisi en mer, nous sommes actuellement en confinement forcé et non préparé. Comment « s’habituer » à cette situation ?

    François Gabart : Il faut s’adapter à cette nouvelle organisation pour trouver un bon équilibre. En confinement, le temps est modifié. Il ne passe ni plus vite, ni moins vite mais savoir comment le gérer reste important. Il faut garder un rythme et ne pas tenter de maîtriser ce qui ne peut l’être. C’est comme pour la météo en bateau. On ne choisit pas il faut faire avec. Par contre ce sur quoi l’on peut agir, c’est notre attitude face à cette contrainte. Cette période très particulière est l’occasion de réfléchir, de faire le point sur nos vies, nos projets. Il faut essayer de trouver du positif et de ressortir plus fort de cette crise.

    Pour les personnes actuellement seules chez elles, comment garder le moral ? Comment garder le lien avec les autres ?

    F.G. : Il est vrai que cette situation inédite peut nous rendre mélancolique. Dans un bateau comme sur le trimaran MACIF, on peut se projeter à terre avec ses proches, ses amis, donc pour les personnes qui sont seules aujourd’hui, il faut vraiment aller puiser dans cet imaginaire pour créer du positif et passer cette période difficile. On a toujours le choix : soit se morfondre et subir, soit garder la tête froide et essayer de positiver. Essayons donc plutôt de profiter d’être en bonne santé quand on l’est, et agissons sur notre capacité à faire face à la situation. Si une part de notre liberté physique est clairement atteinte, notre liberté de penser, de rêver, d’imaginer reste énorme et nous permet de nous évader. Quant au lien à garder avec nos proches, les outils de communication sont si développés aujourd’hui que l’on peut rester facilement en contact avec eux et c’est une bonne chose pour pallier le fait de ne pas pouvoir les voir.

    Comment maintenir un semblant de vie normale (rythme, horaires, activités) ?

    F.G. : Je pense qu’il est primordial de bien s’organiser, tant pour le travail que pour la vie de famille, en gardant des heures fixes, pour les repas par exemple. Le sommeil est tout aussi important. Pratiquer une activité physique en intérieur est possible et c’est aussi l’occasion de mettre ce temps à profit pour lire ou écouter de la musique. Pour ceux qui ont des enfants et sont en télétravail, c’est évidemment compliqué mais là encore il faut essayer de s’organiser au mieux pour que tout le monde trouve ses repères. Et surtout il faut accepter de ne pas pouvoir tout faire.

    Lire aussi : Quelles activités pour occuper les enfants en appartement ?

    Quels exercices physiques simples à réaliser dans un espace restreint conseillez-vous ?

    F.G. : J‘aime beaucoup le yoga, surtout pour attaquer la journée. Il me permet de bien m’étirer, de me reconnecter avec mon corps, et c’est assez simple de le pratiquer dans un salon ou dans une chambre. Je ne suis pas un adepte de la musculation mais il est assez facile aussi de faire un peu de gainage, quelques abdos, ou quelques pompes pour garder la forme… Ce n’est pas évident pour ceux qui comme moi ont l’habitude de pratiquer du sport dehors ; En temps normal, je fais beaucoup de vélo, de la course à pied, du sup à foil et bien évidemment du bateau. C’est frustrant, mais j’essaye de m’habituer, et de trouver d’autres moyens de garder une activité physique ! Et je pense au plaisir que j‘aurai à retrouver la mer et ma liberté !

    Lire aussi : 4 exercices physiques à faire en appartement

    Comment adapter son alimentation à une baisse d’activité physique ?

    F.G. : Je suis assez gourmand, j’ai du mal à me restreindre, même pendant ce confinement. Ce qui est important c’est de garder une alimentation équilibrée, éviter de grignoter, privilégier les bons produits, locaux et bio de préférence. Et puis ce confinement est l’occasion de tester de nouvelles recettes, de cuisiner avec les enfants, alors profitons-en !

    Lire aussi : Adapter son alimentation à une baisse d’activité physique

    Y a-t-il des techniques pour calmer ses anxiétés liées au confinement (respiration, méditation, relaxation…) ?

    F.G. : Le yoga, peut être très utile pour ça ! L’imaginaire aussi : fermer les yeux, respirer, s’évader par la pensée et visualiser des choses ou des gens que l’on aime sont de bons moyens d’évacuer le stress et les pensées négatives qui nous font perdre de l’énergie. Je ne suis pas de nature anxieuse mais je pense que ceux qui le sont peuvent s’appuyer sur la musique et la lecture pour s’évader.

    Des conseils pour « s’évader » depuis son salon (lecture, créativité, film, etc) ?

    F.G. : C’est l’occasion de se cultiver, de lire des livres et regarder des films, faire toutes les choses qu’on repousse depuis longtemps. Personnellement je n’ai pas beaucoup de temps, mais ce confinement favorise la créativité et beaucoup d’artistes ont eu la générosité de partager leur talent artistique gratuitement via les réseaux sociaux. C’est top ! Je pense notamment au concert que M a donné en live sur Facebook au début du confinement. J’y ai découvert « Billy », une superbe chanson qu’il interprète avec sa fille. On peut aussi réfléchir à ses prochaines vacances, se fixer des objectifs pour le retour à la normale, qu’ils soient sportifs, personnels ou professionnels. La vie ne s’arrête pas en confinement !

  • Yuka, Good on You, BuyOrNot… Ces applis nous aident-elle vraiment à consommer mieux ?

    Yuka, Good on You, BuyOrNot… Ces applis nous aident-elle vraiment à consommer mieux ?

    Vendredi soir, dans un supermarché d’Ivry-sur-Seine (94). Un trentenaire, smartphone au poing, scanne le code-barres d’un paquet de céréales avant de le reposer d’un geste décidé sur les rayonnages, après un coup d’œil à son écran. « Produit médiocre », affiche l’interface, sortant le carton rouge. Évaluer un produit via une application, pendant ses courses : la pratique est récente, mais elle se développe. Selon la dernière enquête menée par l’Observatoire Société et Consommation (Obsoco), une société d’études et de conseil en stratégie, 36 % des consommateurs français ont déjà eu recours à ce type de conseil numérique, et 14 % l’utilisent au moins une fois par semaine.

    Lire aussi : Savez-vous décrypter les étiquettes alimentaires sans votre téléphone ?

    Des applis simples et gratuites

    Open Food Facts, Yuka, Good on You, BuyOrNot… Ces dernières années, les applications à usage des consommateurs se sont multipliées. Elles ont en commun la gratuité (du moins pour les fonctionnalités de base) l’instantanéité de l’évaluation et la facilité d’usage, mais aussi de larges bases de données qui laissent rarement le consommateur sans réponse face à un produit non référencé. Mais si leur principe de base est le même – guider les acheteurs dans leurs choix face à une jungle de produits, de labels, d’ingrédients et d’additifs –, leurs critères de choix varient.

    À chacune ses priorités et engagements : pour l’équipe de Lyonnais à l’origine de Yuka, l’une des applis les plus populaires en France, l’objectif premier est la santé des consommateurs. Il s’agit d’aider ces derniers « à décrypter les étiquettes des produits afin de faire les meilleurs choix pour leur santé (…) et en même temps de devenir un levier d’action pour conduire les industriels de l’agroalimentaire et de la cosmétique à améliorer leur offre ».

    Intéressant, mais pas suffisant pour Levent Acar, co-fondateur de l’association I-Boycott à l’origine de l’application BuyOrNot, qui évalue l’impact social et environnemental des denrées : « Pour nous un produit n’est pas sain s’il ne prend en compte que la santé du consommateur, et pas la santé de la planète » plaide-t-il. Un positionnement similaire, mais portant le secteur de l’habillement uniquement, est adopté par Good on You, qui défend une mode plus écoresponsable.

    Lire aussi : Comment consommer la mode de façon responsable ?

    Enfin, d’autres applications, telles que Qualito, font le choix de mettre l’accent sur la présence d’allergènes, ou aident à cuisiner plus durable, comme Etiquettable. « Les pionnières se sont lancées en 2016-2017. Leur progression est très rapide » observe Simon Borel, sociologue à l’Obsoco.

    Ainsi, Yuka, créée il y a trois ans seulement, revendique 17 millions de téléchargements et 2 millions d’utilisateurs réguliers. Ces derniers sont plutôt jeunes (48 % ont entre 18 et 24 ans), et ils ont en moyenne de plus hauts revenus et un plus haut capital culturel que la moyenne des Français, pointe le sociologue Simon Borel.

    Intelligence collective et engagement citoyen

    « Le succès rapide de ces applications s’explique par les nombreux scandales alimentaires récents, très médiatisés, qui diffusent un sentiment de risque sanitaire. Les produits industriels suscitent une suspicion généralisée et un imaginaire négatif. En parallèle se développe chez le consommateur une quête de qualité et de contrôle », analyse Simon Borel.

    Une chose est sûre : les consommateurs exigent davantage de transparence, et ces applications apportent une réponse – à portée de clic – à ce besoin qui s’affirme.

    Mais comment ça marche ? Quand les adeptes de Yuka scannent l’étiquette d’un produit, une note sur une échelle de 0 à 100 apparaît, accompagnée d’une brève appréciation : « mauvais », « bon », « excellent »…

    Une méthode simple et rapide, qui repose sur trois critères :

    • la qualité nutritionnelle (60 % de la note), qui reprend en grande partie la méthode du Nutri-Score, ce barème conçu dans le cadre du Programme national nutrition santé, qui analyse la présence de sucre, sel, graisses saturées, protéines, fibres, fruits, légumes et calories,
    • la présence d’additifs (30 % de la note) qui, en fonction de études existantes, se voit affecter un niveau de risque,
    • la dimension biologique (label bio français ou label bio européen) représente 10 % de la note.

    Lire aussi : Alimentation des enfants, où se cache le sucre ?

    Yuka, comme la plupart de ces applis, utilise la base de données collaborative développée par l’association Open Food Facts ; une sorte de Wikipédia des aliments commercialisés dans le monde. À cette première liste de quelque 600 000 références s’ajoutent les contributions directes des utilisateurs de chaque application, ainsi que celles de producteurs qui acceptent de partager leurs données.

    Pour BuyOrNot, la plus-value est un renvoi, en fonction des marques ciblées, sur les campagnes de boycott menées par l’association. À titre d’exemple, un utilisateur scannant un jus de fruit d’une marque qui peut lui sembler indépendante va être informé si celle-ci appartient à une multinationale, contre laquelle l’association aurait lancé un boycott à cause de son utilisation du plastique et de l’assèchement des nappes phréatiques par exemple.

    Si pour Levent Acar, le système collaboratif n’est pas parfait, il a l’avantage d’éviter les prises d’intérêt. « Le lobby de l’agro-alimentaire avait dépensé 1 milliard d’euros lors de la réalisation du Nutri-Score [ pour empêcher la mise en place d’un étiquetage nutritionnel obligatoire au niveau européen ] », glisse en contrepoint le cofondateur de BuyOrNot.

    L’intelligence collective et l’engagement citoyen

    L’intelligence collective et l’engagement citoyen ne sont pas dénués de pouvoir : Yuka pointe vingt-et-une entreprises de l’agroalimentaire et cosmétique, dont Nestlé France, Monoprix, Caudalie, Leclerc ou encore Fleury Michon qui ont changé la formulation de leurs produits pour améliorer leur notation sur l’application. Le patron du Groupe Intermarché a même annoncé à l’automne 2019 vouloir retirer 142 additifs de 900 produits pour obtenir une meilleure évaluation.

    Un rôle d’aiguillon

    De quoi donner au consommateur le sentiment d’être en capacité de mieux choisir les produits, mais aussi d’agir sur les risques sanitaires et alimentaires et de peser sur les acteurs de l’offre. « C’est un mouvement positif, mais qui doit être relativisé », tempère le sociologue Simon Borel. « Il n’y a toujours pas de collectif de consommateurs intégrés dans la prise de décision de grande surface par exemple. L’action ou l’inaction reste à la discrétion des producteurs et de la distribution », relève-t-il.

    D’autres limites sont également pointées quant à l’objectivité et la qualité de diagnostic de ces applications. D’abord, le caractère collaboratif des bases de données questionne la fiabilité des notations, « d’autant que les analyses ne sont pas vérifiées par des nutritionnistes, des experts et scientifiques du domaine », relève Simon Borel.

    De plus, l’absence de prise en compte des portions réellement consommées pénalise certains produits – fromages, beurre, huile d’olive – qui ont pourtant toute leur place dans une alimentation saine, en petites quantités. Enfin, le scientifique craint qu’en voulant réduire la défiance, ces applications ne contribuent à l’entretenir : « elles peuvent être rassurantes dans un premier temps, par le diagnostic tranché qu’elles proposent, mais accroître le doute par la suite, quand l’utilisateur constate la contradiction d’évaluation entre différentes applications, sur un même produit.Au final, ces applications peuvent contribuer à nourrir un peu plus la défiance quant à l’offre alimentaire et à son évaluation » alerte Simon Borel.

    Lire aussi : Et si manger mieux ne signifie pas forcément manger plus cher ?

    Reste que face à la défaillance des pouvoirs publics pour apporter une information précise et de qualité (le Nutri-Score n’a en effet pas été rendu obligatoire), ces applications endossent le rôle d’aiguillon. Imparfaites, « elles comblent un vide face à la lenteur de réaction des acteurs de l’offre et de l’État » reconnaît Simon Borel. « Aujourd’hui, on ne peut pas attendre que le politique agisse. Il faut outiller le consommateur, d’autant que les pouvoirs publics ont besoin d’un élan citoyen pour agir » abonde Levent Acar. À vos applis !

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  • Et si manger mieux ne signifiait pas forcément manger plus cher ?

    Et si manger mieux ne signifiait pas forcément manger plus cher ?

    La responsabilité de l’agriculture industrielle dans les émissions de gaz à effet de serre (GES) et les nombreux scandales sanitaires récents liés à l’utilisation des pesticides dans l’agriculture sont autant de (bonnes) raisons pour modifier en profondeur notre consommation alimentaire. Alors, pourquoi ne sautons-nous pas tous le pas ?

    Le prix des produits issus de l’agriculture biologique reste le principal obstacle à un basculement vers une alimentation plus respectueuse de l’environnement. De fait, selon une étude de l’UFC que choisir (1), le surcoût moyen du bio reste aujourd’hui de 80% supérieur à une alimentation non bio. De quoi refroidir les ardeurs à l’heure des courses. Pas toujours facile, quand on est dans le rouge la moitié du mois et qu’on tire son budget alimentaire au cordeau, de délaisser la promo du moment sur le porc, à 2,9 euros le kg, ou sur les carottes, à 0,55 centimes d’euros le kg… Mais pour un panier moyen, quelques pratiques permettent de manger mieux et responsable à prix égal. Une condition : accepter de modifier ses habitudes.

    Diminuer sa consommation de viande

    Déforestation, pollution des sols et de l’eau, perte de biodiversité ou production de gaz à effet de serre… Selon l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement)(2), l’élevage de bétail dans le monde est responsable de 14% des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origines « anthropiques » (liées aux activités humaines). Manger moins de viande est donc nécessaire à une alimentation plus durable. Mais cette transition peut se faire par étapes, en substituant par exemple une à deux fois par semaine à sa consommation de viande quotidienne celle de graines et légumes secs, riches en protéines.

    Lire aussi : Consommation raisonnée de viande : 3 conseils pour s’y mettre

    Le saviez-vous ?

    Les haricots rouges contiennent davantage de protéines que le poulet ou le bœuf : 22 grammes pour 100 grammes, contre 19 pour le poulet et 21 pour le bœuf (3) – moins que le porc néanmoins (25g).

    Pour les accrocs à la viande, mieux vaut privilégier au maximum les viandes dites « blanches », moins chères et moins polluantes que les viandes rouges. Ayant estimé l’empreinte carbone de chacun de nos aliments, l’Ademe place le bœuf dans le peloton de tête des viandes ayant la production la plus polluante : la production d’1 kg de viande bovine équivaut à une émission de 28 kg de CO2. Le poulet, lui, ne représenterait « que » 4,56 kg d’émission. À titre de comparaison, un trajet en voiture d’environ 80 km est aussi polluant en émission de GES que la production d’un kilo de viande bovine. (4)

    Privilégier les légumes de saison locaux

    Non seulement ils ont plus de goût et sont moins chers mais surtout, ils subissent moins de traitements et sont produits sur place, réduisant ainsi l’empreinte carbone liée au transport. Si la plupart des grandes surfaces proposent aujourd’hui des gammes de fruits et légumes bio facilitant grandement l’accès à ces produits, selon les enseignes, les prix peuvent rapidement grimper. Comme le signale également l’UFC-Que-Choisir, 46 % du surcoût du bio observé en magasin viendrait en réalité des « sur-marges » réalisées sur le bio par les grandes surfaces…

    Lire aussi : Pourquoi et comment manger de saison ?

    L’approvisionnement en « paniers » de fruits et de légumes peut alors offrir une solution alternative. Proposés par des organisations en circuit court comme les AMAP (Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne, où le prix est fixé dès l’inscription entre le consommateur et l’exploitation agricole partenaire), ils sont généralement livrés dans des points relais, à proximité du domicile ou du lieu de travail.

    Lire aussi : Les AMAP, des paniers pour mieux manger en circuit court

    Autre piste : les marchés, les ventes directes de producteurs et les magasins spécialisés de vente directe. À noter également que certains magasins bio proposent à des jours précis de la semaine la vente de légumes et de fruits à prix coûtant.

    Par ailleurs, de nouvelles épiceries bio en ligne valorisent une consommation plus responsable et moins coûteuse. C’est le cas par exemple d’Aurore Market ou de La Fourche, qui s’appuient sur des systèmes d’adhésion leur permettant de vendre leurs produits 25 à 50 % moins cher que dans le commerce traditionnel, tout en faisant la part belle aux marques et producteurs engagés.

    Acheter en vrac

    Dans une optique de réduction des déchets, acheter en vrac permet de s’affranchir des emballages superflus et de réduire dans certains cas ses dépenses. Selon l’Ademe, c’est généralement le cas : acheter en vrac coûtait entre 5 à 40 % de moins qu’acheter un produit conditionné. Grandes surfaces et magasins spécialisés proposent aujourd’hui à leur clientèle des gammes très larges de produits en vrac. On y retrouve bien sûr les grands classiques – pâtes, légumineuses, oléagineux – mais aussi des produits plus travaillés comme les céréales de petit déjeuner ou des biscuits.

    Cumulés, ces petits gestes du quotidien permettent de mieux respecter l’environnement tout en réduisant l’écart de prix existant avec un panier dit « conventionnel ».

    Lire aussi : 7 jours pour réduire son empreinte carbone à table !

    Et les pouvoirs publics ?

    Reste que pour transformer l’essai, les efforts individuels doivent être accompagnés, à l’échelle des pouvoirs publics, d’un vrai volontarisme politique. Le récent constat de la cour des comptes du 4 février 2020 ne prête pas à l’optimisme : le recours aux pesticides dans l’agriculture française a fortement augmenté entre 2009 et 2018 (+25%).

    Lire aussi : Manger sans pesticides : comment éliminer ces substances de notre alimentation ?

    Loin, bien loin des objectifs fixés en 2008, quand la France ambitionnait de réduire de 50 % l’usage des pesticides en dix ans, mais aussi d’atteindre 20 % de surfaces agricoles en bio en 2020. Là encore, le bilan est amer : selon les derniers chiffres (5), 2,76 millions d’hectares sont aujourd’hui cultivés en bio en France, soit 10,4 % du territoire agricole.

    (1) UFC que choisir, enquête 2019
    (2) Bilan carbone de l’élevage, INRAE 2024
    (3) ANSES
    (4) Mesurer l’empreinte carbone de votre assiette, ADEME 2024
    (5) Les chiffres-clés de l’agriculture biologique en France et en Europe, Institut National de l’origine et de la qualité